Une intégration réussie
À la limite du Finistère, Treffrin, commune des Côtes d’Armor de 544 habitants, se situe à l’est de Carhaix dont elle est une commune limitrophe. Treffrin fait partie de la paroisse de Maël-Carhaix.
Parmi les célébrités locales, citons les trois sœurs Goadec : Maryvonne, Eugénie et Anastasie. Grâce à l’appui d’Alan Stivell en pleine vague « pop-celtic », dans les années 70, elles ont pu se produire dans de célèbres cabarets parisiens. La fille d’Eugénie, Louise Ébrel, décédée en 2020, perpétuera la tradition du Kan ha diskan.
L’église paroissiale, dédiée à Saint-Louis, vaut la visite, en particulier grâce à la superbe haie des apôtres du porche (voir article sur le site Internet interparoissial, rubrique patrimoine).
Malgré un budget serré pour cette petite commune, Etienne Le Fer, maire, et sa municipalité ont effectué des travaux conséquents sur le clocher de l’église afin de le consolider (coût global des travaux : 56 257 €). Par ailleurs des travaux sont prévus à la sacristie.
Mais aujourd’hui nous avons rendez-vous avec Joëlle Accadebled, arrivée à Treffrin, avec son mari, Gérald, fin décembre 2015.
Joëlle est originaire des Hauts-de-France (anciennement le Nord-Pas-de-Calais). Elle y a vécu, ainsi que ses parents et grands-parents. Avec Gérald, son mari, ils habitaient auparavant à Douai, dans le département du Nord, commune entièrement urbanisée de 40 000 habitants.
Tout en s’occupant de leurs quatre enfants, Joëlle a exercé la profession de pédicure-podologue et Gérald était ingénieur en informatique. Ils ont la joie d’accueillir désormais neuf petits-enfants.
Au moment de la retraite le désir de changement de cadre s’est fait sentir mais il n’a pu se concrétiser tout de suite.
« Nous sommes arrivés par hasard à Treffrin. Évidemment nous connaissions la Bretagne de réputation et, après avoir effectué quelques visites dans le secteur, nous avons eu un réel coup de cœur pour cette maison, sans travaux à y effectuer, dans un superbe cadre boisé.
À notre arrivée, nous ne connaissions personne mais nous avons rapidement bénéficié d’un accueil chaleureux de la part des voisins, identique à celui que nous connaissions chez les Ch’tis. L’accent breton nous a rappelé, parfois, quelques similitudes avec le flamand.
De plus l’intégration est facilitée quand on s’en donne les moyens. Gérald a rejoint l’association Hent Glas qui entretient les sentiers de randonnée. Quant à moi j’ai commencé à m’investir au niveau paroissial grâce à la sollicitation d’Eugénie Hervé, rencontrée lors d’une messe, et à qui je tiens à rendre hommage pour son bénévolat discret : nettoyage de l’église, entretien du linge d’autel, préparation pour la célébration de la messe ou autres cérémonies. Quel bonheur lorsque tout est prêt, le prêtre peut arriver l’esprit tranquille !
Progressivement, j’ai rejoint le groupe des bénévoles et des musiciens, assurant l’animation des messes dominicales ou des chants pour les obsèques et je fais partie d’une équipe liturgique.
Même si je n’ai pas de culture musicale, je sais lire une partition, ce qui me permet de diriger le petit groupe de chants paroissial.
À propos de ma formation musicale, j’ai suivi des cours de piano, mais seulement durant trois ans, lorsque j’étais en pension, chez les sœurs du Sacré-Cœur à Lille. À 15 ans j’ai créé ma première chorale, avec quelques filles du village, « village », qu’en Bretagne vous appelez « bourg », et nous avons animé des messes en polyphonie.
Je suis née dans une famille chrétienne pratiquante et j’ai pu approfondir ma foi, au cours de mes années d’études secondaires chez les sœurs.
Sur l’ensemble de la paroisse, J’ai collaboré avec Hélène Loyer, très dévouée, dont le décès a laissé un grand vide.
Étant très habile manuellement, Gérald s’investit davantage au niveau matériel. En collaboration avec Jean Hervé, il a réalisé une crèche à Treffrin et le tabernacle pour l’oratoire du presbytère de Rostrenen.
Pour terminer, je voudrais lancer un appel en forme de SOS. Les bénévoles vieillissent. Dans notre paroisse nous avons besoin de bonnes volontés pour l’animation des messes, des musiciens, mais aussi de l’aide pour les tâches matérielles et diverses. N’hésitez pas à vous faire connaître ! »
L’entretien avec Joëlle se termine. Gérald quitte son « jardin extraordinaire » et son potager tiré au cordeau, abandonnant sa griffe de jardin pour nous rejoindre autour d’un café.
La conversation se poursuit et Joëlle nous raconte sa passion pour la broderie et plus particulièrement ses réalisations au fil d’or. Nous découvrons quelques subtilités de son méticuleux travail : nappes, mouchoirs, dossiers de chaises et surtout nous avons mieux compris la beauté de l’habillage du tabernacle de l’oratoire de Rostrenen qui fait notre admiration.
« La vie est là, simple et tranquille » et c’est presqu’à regret que nous quittons ce havre de paix aux couleurs printanières.