Jean-Baptiste est, pour les chrétiens, le dernier prophète d’Israël. Par sa prédication et le baptême qu’il propose aux foules, il annonce et prépare la venue de Jésus.
Depuis l’Antiquité, on fêtait le soleil lors du solstice d’été quand la nuit est la plus courte. Cette fête a été christianisée en la fixant au 24 juin, fête de la naissance de saint Jean-Baptiste.
Suite à l’institution de la fête de la musique, depuis 1982, le 21 juin qui fête le début de l’été, la tradition des feux de la Saint-Jean tend à disparaître sauf au Québec où la Saint-Jean est fête nationale.
Le prêtre Zacharie est au service du temple de Jérusalem. Lui et sa femme Elisabeth n’ont plus d’espoir de devenir parents, en raison de leur âge.
Dans le temple, un ange annonce à Zacharie qu’ils auront un enfant appelé à devenir prophète (Luc 8 – 25). Zacharie peine à croire à cette promesse et devient muet. Elisabeth accouche d’un fils nommé Jean, et Zacharie, recouvrant la parole, se met à louer Dieu à haute voix.
Le Jourdain est un fleuve de 360 Km. C’est sur ses bords que prêche Jean. On ne sait rien de ce qu’il a fait, de ce qu’a été sa vie depuis sa naissance, sinon qu’il a refusé la prêtrise.
L’ange Gabriel, d’après saint Luc, avait prédit : « Il ne boira ni vin, ni boisson forte, il sera rempli d’Esprit- Saint, dès le sein de sa mère et il ramènera de nombreux fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu. »
Jean surgit sur les rives de ce Jourdain aux eaux boueuses et tumultueuses, un peu miséreux, comme un ermite, la peau tannée par le soleil, vêtu de poil de chameau et portant autour des reins une ceinture de cuir (Mt 3 – 4).
C’est exactement la tenue du prophète Elie « vêtu de peau velue, une ceinture de cuir sur les reins » (2 Rois I-8). Les tissus en poil de chameau présentaient l’avantage d’être imperméables et inusables. La ceinture représente la liberté humaine, le choix pour chacun de son destin.
Jean, cet ascète, se nourrit de miel, de sauterelles crues ou grillées sur des branchages dont il fait le soir un feu. Rien de bien étonnant pour un nomade.
L’époque est favorable à ceux qui annoncent l’approche des temps nouveaux : quand Jean commence à prêcher, se multiplient les discours réconfortants : ils annoncent au peuple juif que le jour, enfin, est proche où Dieu viendra à son secours.
Mais ce prophète hirsute n’annonce pas des lendemains qui chantent, ni un avenir radieux. Il invective, au contraire, ses auditeurs, les traite « d’engeance de vipères », leur faisant craindre la « colère prochaine » (Mt III, 7. Luc III, 7).
Ce Jean est tout le contraire d’un démagogue. Il se montre plus rude que ne le sera Jésus. Jean voit en ses auditeurs des pécheurs endurcis, sensibles seulement à la menace du jugement divin : Jésus, quelquefois sévère, parlera plus volontiers de pardon et de la grâce de Dieu.
Cependant, ces propos peu rassurants ne détournent pas
les foules. Tout le monde se presse autour de Jean.
Reprenons cette scène très vivante en Luc III, 10-14 ; les gens lui demandaient : « Que devons-nous donc faire ? » Il leur répondit : « Celui qui a deux chemises doit en donner une à celui qui n’en a pas et celui qui a de quoi manger doit partager. »
Des collecteurs d’impôts viennent aussi pour être baptisés et demandèrent à Jean : « Que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites pas payer plus que ce qui vous a été indiqué. » Ce qui en dit long sur leurs pratiques.
Que veut-il dire en annonçant qu’il prépare le baptême du Seigneur ? Ses détracteurs pourraient considérer qu’il s’agit d’un détraqué. Mais voilà, il baptise. La révolution que provoque ce prophète est le baptême par immersion qui sauve, après confession des péchés. Il est unique et définitif et Jean l’administre en public.
Le baptiseur ouvre une voix nouvelle mais ce révolutionnaire ne travaille pas pour son propre compte. Il annonce Jésus. Il le connaissait, saint Luc affirmant qu’ils sont cousins.
« Je ne sais rien, dit-il aux foules, un autre viendra bientôt dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie des sandales. » Mais qui dénoue les sandales ? Quand le maître rentre chez lui, fatigué, l’un de ses serviteurs ou de ses esclaves le fait, se courbant à ses pieds. Le message est donc double : celui qui vient ne se comporte pas comme un puissant, « pourtant moi, Jean, je ne suis même pas digne de me comporter comme son serviteur. »
Le sauveur est, aux yeux de Jean, quelqu’un qui annoncera damnation et jugement alors que Jésus prêchera l’amour et le pardon.
Mais il franchira une nouvelle étape. Lorsque Jésus viendra à lui, il dira : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Mt IV, 55-66). Il ne frappera plus le monde de condamnation.
Jean baptise Jésus. C’est alors, racontent les Évangiles, que l’Esprit-Saint descend sur Jésus comme une colombe. Ce qui s’est passé ce jour-là, sur les bords du Jourdain, c’est donc l’annonce faite à Jésus. Celle-ci fut jugée importante par l’Église primitive puisqu’on célébrait le 6 janvier à la fois la naissance et le baptême du Christ.
Voilà Jésus prêt à partir en mission. Pas tout-à-fait cependant, car il lui faudra choisir une autre stratégie, décider de ses priorités.
(Réf : « Jésus » Jacques Duquesne)