8 septembre, c’est la fête de la Nativité de la Vierge Marie et Le Pardon de Notre Dame de Karmez.
Cette année le Pardon a été célébré dans la chapelle. Une chapelle bien remplie et toujours bien fleurie.
Pas moins de quatre prêtres pour célébrer la messe du Pardon : le Père Roland Le Gall, curé de Plérin et bien connu des paroissiens de Gouarec et des environs, le Père Anselme Atsou de Rostrenen, le Père Célestin de Gouarec et le Père Joseph Galerne de Lignol.
Après la messe, procession et bénédiction du tantad.
Nous avons chanté quatre couplets du cantique à ND de Karmez. Il y en a quatorze ! Vous pouvez voir la totalité du cantique en cliquant ici !*
La naissance de Marie dans l'art
Une naissance virevoltante
La ronde des anges est une idée séduisante d’Altdorfer, qui rend son tableau inoubliable. Il célèbre la Nativité de Marie, fêtée le 8 septembre aussi bien dans les Églises orientales qu’occidentales.
Il peut paraître curieux de situer la naissance de la Vierge Marie à l’intérieur d’une église, sa mère sainte Anne couchée dans un imposant lit à baldaquin, tandis qu’une nourrice la tient dans ses bras. L’invraisemblance n’est qu’apparente, car l’art de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance est riche en symboles. L’artiste veut expri[1]mer l’éminente dignité de celle qui vient au monde : la future mère du Sauveur. Il souligne aussi son Immaculée Conception, et montre qu’elle sera la nouvelle Arche d’Alliance qui abritera le Messie.
Petits anges en liesse
Un ange thuriféraire vole juste au-dessus de la petite Marie qu’il encense avec allé[1]gresse, au centre de la ronde des petits anges en liesse, qui tournoient jusqu’au fond du chœur de cette église de style Renaissance, évoquant celles de Florence et de Venise avec alternance de piliers, arcs, nervures et corniches. Le plus étonnant est bien cette immense farandole d’une cinquantaine d’anges, dansant et tournoyant dans l’air avec un enthousiasme communicatif. Ils forment une couronne au-dessus de Marie, dans une acclamation de louange et de joie, et donnent une profondeur stupéfiante à la perspective de l’église. Une jeune nourrice en rouge, au centre de la composition, est assise près du berceau pour soigner la petite fille qu’elle contemple avec émerveillement. Tout à gauche, une autre jeune femme prodigue ses soins à Anne installée dans son lit. Dans les évangiles apocryphes, Anne est présentée comme une femme longtemps stérile, et c’est cette vision que l’on retrouve ici. Une matrone âgée quitte le lit pour aller chercher quelque chose, afin de continuer à prodiguer ses soins à une parturiente d’un aussi grand âge. Au premier plan, Joachim rentre du travail avec ses outils, méditatif et recueilli devant le miracle de cette naissance inespérée. Il gravit les marches qui mènent à l’estrade dressée dans la nef, portant un pain sous le bras et une gourde dans le dos, un bâton sur son épaule. Bizarrement, il est représenté comme un homme dans la force de l’âge, presque un jeune homme, bien brun et pas du tout grisonnant, donc beaucoup plus jeune que son épouse.
Contexte de la Réforme
Cette acclamation de la Vierge Marie dès sa venue au monde est à replacer dans le contexte allemand de la Renaissance : Altdorfer travaille pour l’Église catho[1]lique en Bavière, alors que la moitié des principautés allemandes a déjà basculé dans la Réforme protestante, luthérienne ou calviniste. Notre tableau provient soit de la cathédrale de Ratisbonne, soit du sanctuaire de pèlerinage de la Belle Madone dans la même ville, dont l’église avait été dessinée au même moment par un architecte ami d’Altdorfer.
Article publié dans France Catholique
N°3735 – 3 septembre 2021
Marie-Gabrielle Leblanc
Conférencière. Université Paris IV Sorbonne Maîtrise en histoire de l'artPeinture flamande du XVe siècle 1972 - 1978