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Nous vous proposons de découvrir maintenant les femmes marquantes de l’Ancien puis du Nouveau Testament. Des héroïnes, des traîtresses, des voyageuses, des prostituées, des servantes, des reines, des amoureuses, des solitaires. Qui sont donc ces femmes nombreuses dans la Bible ?
En relisant l’Ancien Testament, on constate que la société patriarcale, ancrée dans des traditions millénaires semblait confiner la femme au foyer ou à la famille. Le message des récits bibliques est souvent plus important que son aspect historique et en parcourant ces textes il faut les replacer dans leur contexte et dans une culture différente de la nôtre.
Amours, meurtres, ruses, mais aussi espoirs, promesses et prophéties ; le récit des aventures de nos héroïnes montre la détermination de ces femmes animées par la survie de leur peuple et de leur foi. Contrairement aux idées reçues, l’Ancien Testament n’est pas toujours difficile à lire. Les portraits que nous vous proposons font référence à des passages accessibles au plus grand nombre.
EVE (Genèse)
Dès les premières pages de la Bible, nous apprenons que Dieu créa les êtres humains à son image. « Il les créa homme et femme » (Gen 1,27). Il est important de remarquer que Dieu les créa donc dans l’unité en parfaite égalité, en complémentarité, avec une mission commune : « Ayez des enfants, devenez nombreux, peuplez toute la terre, soumettez-là. » « L’homme appela sa femme du nom d’Eve, c’est-à-dire la vivante, car c’est elle qui est la mère de tout vivant. »
On a souvent raconté le récit de la tentation en rejetant la responsabilité sur le dos d’Eve. Or la responsabilité est partagée : c’est lorsque Adam a mangé le fruit que le péché est consommé et que leurs yeux s’ouvrent. Il y a donc co-responsabilité dans la faute.
Comme pour son époux Adam, il ne s’agit pas d’un personnage historique mais de l’archétype de toutes les personnes libres et aimées de Dieu. L’Eglise désigne par ailleurs la Vierge Marie comme la nouvelle Eve. « Eve fut créée à partir de la côte d’Adam et non de sa tête pour la gouverner ou de ses pieds pour la piétiner mais bien de son côté pour être son égale, être protégée de son bras et pour être aimée de son cœur » note Matthew Henry bibliste anglais.
Le pape François, lui-même, prend la défense d’Eve : « La femme tentatrice ! Voilà une idée blessante. Le récit de la Genèse dit que la femme porte en elle une bénédiction secrète pour la défendre contre le malin et que Dieu la protège. »
Quant à Anne Soupa, bibliste, elle fait remarquer : « Dans le jardin d’Eden, Dieu avait tout conçu pour le bien. Mais il avait pensé qu’on ne pouvait tout prendre. Le péché de convoitise est celui que le Seigneur déteste le plus. Comme l’histoire se poursuit avec la descendance et le meurtre d’Abel par Caïn, je crois que ce qui nous fait du mal c’est de pécher contre nos frères, contre la solidarité.
Ce récit, écrit il y a bien longtemps, me semble d’une grande actualité. Nous avons toujours à nous demander si nous sommes heureux de ce que nous possédons. Vivons-nous dans la joie de ce qui nous est donné ou avons-nous le souci de désirer ce que l’autre possède ? »
Joël Le Biavant
(A suivre)