La famille cellule de base de la société
Lorsque le jeune Jacob est allé chez son oncle Laban chercher du travail et une épouse, celui-ci lui avait dit : « Tu es vraiment mes os et ma chair. » (Gen. 29-14) Cette formule imagée traduisait une solide réalité.
La famille était, en Israël, la cellule de base de la société.
Dans la mesure où les Juifs voulaient demeurer fidèles à la loi, ils continuaient à reconnaître à la famille une place déterminante. Le terme de famille recouvrait une large réalité et s’étendait aux cousins.
De ce qui arrivait d’heureux à un membre de la famille, chacun se réjouissait. De même s’il lui arrivait malheur, tous étaient affligés. Dans l’enseignement des rabbis on répétait que « ne pas se sentir responsable de son frère, c’était se comporter en vrai Caïn. » (Gen. 4 – 9)
Il était donc capital pour l’homme d’assurer la permanence de la famille, c’est-à-dire de se marier.
Le mariage
Prendre femme : tel était le premier ordre donné par Dieu à Adam et Ève. (Gen. 1 – 28) « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre », ce qu’un rabbi commentait ainsi « un célibataire n’est pas vraiment un homme. » Aussi le célibat était-il considéré comme une anomalie, même s’il y avait à l’époque des célibataires par vocation, par exemple, saint Paul.
Pour mieux assurer la continuité de la race et de la famille, les anciens Hébreux avaient admis qu’un homme pouvait avoir plusieurs femmes.
À l’époque de Christ, deux courants s’opposaient : si l’on consulte le Talmud (compilation de commentaires sur la loi juive), on constate qu’un homme peut épouser autant de femmes qu’il veut. Un autre limitait le harem à quatre femmes, formule à laquelle se tiendra Mahomet. Mais des traditions religieuses représentaient la monogamie comme l’union idéale voulue par Dieu et conforme à la nature. Il semble qu’à l’époque de Jésus la monogamie dominait.
Si Jésus, lui-même, ne s’est pas prononcé contre la polygamie, l’exaltation avec laquelle il parle du mariage exclut toute pratique du harem.
En Israël, on se mariait jeunes. Les rabbis pensaient que, pour les hommes, 18 ans était un âge convenable.
On conseillait au père de marier son fils « pendant qu’il avait encore la main sur son cou. »
Quant aux filles, on les mariait sitôt pubères, c’est-à-dire légalement à 12 ans et demi. La Vierge Marie, quand elle mit Jésus au monde, devait avoir environ 14 ans.
Par comparaison, précisons qu’au 15ème siècle, Anne de Bretagne a épousé le roi Charles VIII à cet âge.
Généralement, c’étaient les parents qui mariaient les enfants. Il n’était pas souhaitable de marier une fille jeune à un homme âgé, pas plus qu’une fille petite à un homme de haute stature. De même, il convenait de rester dans le même milieu social.
« Hésitez longtemps avant de prendre femme : ne pensez pas à la beauté, elle passe ; pensez à la famille. »
Formellement, la loi interdisait les unions consanguines. « Que personne ne s’approche de la chair de sa chair. »
Des fiançailles aux noces
La période des fiançailles était importante dans la mesure où les futurs époux se connaissaient à peine ou pas du tout. Cela pouvait durer un an.
Les jeunes gens ne seraient considérés comme vraiment mariés que lorsque « l’époux aurait, selon le Deutéronome, pris l’épouse chez lui. »
Ainsi, dans l’Évangile de Matthieu (XX -7), l’ange dit-il à Joseph : « Ne crains point de prendre chez toi Marie, ton épouse, » c’est-à-dire que, de fiancée, elle devienne ta femme.
Concernant la dot, le fiancé devait faire une donation au père de sa future épouse. Lorsque tout était arrangé, conclu, signé, s’achevait ce temps des fiançailles. Venait le moment de la célébration des noces auquel Jésus fait si souvent allusion dans ses paraboles.
La tradition chrétienne donnera au mariage un sens mystique quand elle parlera des noces de l’époux.
C’était de préférence à l’automne que l’on se mariait : récoltes rentrées, vendanges faites, on avait l’esprit libre et le cœur en paix. On convoquait toute la parenté, on invitait tout le village, les amis et les amis des amis. Ainsi voit-on à Cana, Jésus convié à des noces avec tous ses disciples.
(En référence à Daniel Rops)