« Deux calebasses sur l’eau ne peuvent pas ne pas se toucher ».
Cet adage africain signifie que les problèmes ne manquent jamais partout où les humains se rassemblent. La première communauté chrétienne ne fait pas exception. Leur très belle cohésion décrite par Luc dans les actes des apôtres, ne va pas tarder à être mise à rude épreuve par un conflit inattendu.
En effet, dans la première lecture de ce cinquième dimanche de pâques, les apôtres sont invités à résoudre une crise née d’un sentiment d’injustice éprouvé et manifesté par une partie de la nouvelle communauté chrétienne : deux poids, deux mesures dans l’aide apportée aux veuves grecques (victimes) par rapport à celles d’origine hébraïque. Sans se faire prier, les apôtres, spontanément ont réagit et trouvé une solution à cette crise qui risquait de diviser la communauté de ceux-là mêmes qui suscitaient admiration à cause de l’amour qui les avait unis.
Frères et sœurs, le baptême ne fait pas de nous des surhommes ni des anges. Les saints sont au ciel, pas sur terre. L’Église n’est pas un regroupement de saints, ou des hommes et femmes qui n’ont rien à se reprocher. C’est une institution sainte mais composée de pécheurs pardonnés. Tout être humain quel qu’il soit est capable du meilleur et du pire. Nous venons à Dieu tels que nous sommes afin qu’il nous aide dans nos efforts quotidiens à tendre vers la perfection (qui n’est d’ailleurs pas de ce monde, dit-on). Loin de vouloir justifier les scandales que suscitent parfois le contre- témoignage, les malentendus, les divisions…au sein même de l’Église, et qui lui font d’ailleurs plus de tort que de bien, j’aimerais plutôt nous inviter :
- À avoir les pieds sur terre,
- À l’attention à l’autre, surtout aux plus vulnérables,
- À promouvoir (à l’instar des apôtres) à tous les niveaux dans l’Église un « sens commun des fidèles » car chacun peut et doit apporter sa pierre[1] à l’édification du corps du Christ au lieu de tout centraliser pour finalement passer à coté de l’essentiel : l’Annonce de la Bonne Nouvelle :
« Il n’est pas bon que nous que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous…..et nous les établirons dans cette charge. En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » (Actes6,23)
- À ne pas avoir peur d’innover car même si elle n’est pas appelée à se laisser entrainer par la folle évolution de nos différentes sociétés, l’Eglise doit quand même tenir compte des besoins et exigences de l’homme dans sa situation présente (tel que les apôtres l’ont fait en créant le ministère du diaconat) . L’Esprit à chaque époque, inspire à l’Église les adaptions ou les innovations qui conviennent. Elles ne nous bouleverseront pas.
« Ne soyez pas donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez en moi » (Jean 14,1)
Dans l’Évangile, Jésus, avant de partir vers le Père invite ses disciples à ne pas être dans l’angoisse. Les séparations sont toujours douloureuses surtout dans un contexte où les disciples ont mis tout leur espoir en Jésus. Qu’en est-il de tout ce qu’il leur avait promis ? Que leur arriverait-il ? A quoi auront servi tous ses miracles et sa venue sur terre s’il n’a toujours pas réussi à chasser les romains et à restaurer Israël selon ce qu’on espérait de lui? Sa mission ne s’est-elle pas soldée par un échec ?
Bouleversés nous aussi par cette horrible épidémie, nombreuses sont nos interrogations : Qu’allons nous devenir si même nos églises devraient se plier au dictat d’un virus ? Si même nous, prêtres de Jésus Christ, devons nous refugier dans nos presbytères au lieu de braver le danger comme les saints bretons autrefois, démontrant ainsi que notre foi n’est pas illusoire mais réelle, agissante et puissante ; que demandons-nous alors à nos paroissiens ? A quel saint ou entité se vouer finalement ?…..Jésus nous répond qu’il est et demeure Le Chemin, La Vérité et la Vie.
Oui, il est :
Le Chemin pour tous celles et ceux qui semblent parvenir au bout d’une vie qui ressemble à une voie sans issue et qui sont désorientés par les évènements de cette même vie malgré tout leur parcours et leurs efforts.
La Vérité face à tous ces mensonges et confusions que le monde nous sert à travers les réseaux sociaux, les médias où chacun s’improvise journaliste, scientifique, gourou, spécialiste, psychologue…..
La Vie véritable c’est-à-dire éternelle à laquelle tout humain aspire face à l’angoisse existentielle de notre finitude en tant que mortels.
Mais rien de tout ceci ne serait possible si nous n’édifions pas notre vie sur cette autre réalité qu’est le Christ : La pierre angulaire. C’est ce que Saint Pierre nous rappelle dans la deuxième lecture. Nos communautés sont à l’image d’un édifice dont nous sommes nous-mêmes des pierres vivantes, et le Christ la Pierre angulaire sur qui repose toute la construction.
Dans ces moments de dure épreuve, de crainte face à la mort qui a déjà emporté des milliers d’humains en un temps record, ayons quand même et toujours confiance en lui et nous pourrons alors chanter dans une foi inébranlable (parce que fondée sur le roc) avec le psalmiste:
« Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie au jour de famine » (Ps 32)
BON WEEK END, BON DEBUT DE SEMAINE À TOUS ET À CHACUN SOUS LE REGARD PROTECTEUR DE NOTRE UNIQUE SEIGNEUR ET SAUVEUR.
Première Lecture : Ac 6, 1-7
Psaume— Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19
Deuxième Lecture : 1 P 2, 4-9
Évangile: Jn 14, 1-12
Pour voir les lectures de la messe ici : Cliquez
[1] Je vous propose ce très beau chant de Brigitte et Jean Paul ARTAUD,
Une Cathédrale : https://youtu.be/byO6MvpUrfA