Le Pardon de St Conogan
Habituellement célébré le troisième dimanche d’octobre, le pardon de saint Conogan 2018 a été reporté d’une semaine en raison de la confirmation à Corlay.
Présidé par le père Jean Bernard, il a été bien suivi : en effet, une centaine de fidèles avait pris place dans la petite chapelle située dans un beau cadre à l’entrée du ruisseau Kerjean dans l’étang du Corong.
La cérémonie, très priante, avait été préparée par Marie-Agnès Boillot habitant le village et gardienne de la chapelle. A la sortie de l’office le célébrant fut gentiment interpellé par quelques Glomelois lui signalant une erreur dans son homélie quant au lieu de naissance de saint Conogan. Il répondit qu’il s’était simplement servi de mes notes sur le saint, indiquant qu’il venait du pays de Galles alors que les fidèles soutenaient qu’il était breton.
Qui était St Conogan ?
L’occasion m’est donnée de revenir sur le sujet en se référant aux documents existants. Si l’on consulte le site du diocèse de Quimper, on peut y lire : « Originaire d’Irlande, il s’en fut à l’abbaye de Landévennec, dans le Finistère. Il succéda à saint Corentin sur le siège épiscopal de Quimper. Sa vie, sans doute exemplaire, fut ornée de beaucoup de légendes.
Débarquant du pays de Galles et faisant probablement partie du groupe des compagnons de saint Pol (qui fondera l’évêché de Saint-Pol-de-Léon), Conogan établit son monastère non loin de Landerneau sur les bords de l’Elorn, à Beuzit-Conogan.
Il se mit à l’école de saint Gwénolé et c’est par Landévennec que son culte s’est propagé. De même si l’on consulte Dom Lobineau, moine historien (1667 – 1727), auteur d’une histoire de Bretagne, il le fait naître outre-Manche.
La légende entourant ce saint est inséparable du bag sant Konogan, le vaisseau en pierre sur lequel il serait arrivé en Bretagne qui renvoie aux auges en pierre servant à lester les curraghs, bateaux en cuir ou en peau sur lesquels les moines évangélisateurs ont traversé la Manche à partir du 5ème siècle.
L’office de tourisme de Beuzec-Cap-Sizun (29) fait remarquer : « Le bag sant Konogan situé sur le territoire de la commune est une roche monumentale de 8 mètres sur 3, évoquant la proue d’un bateau dirigé vers la mer située à quelques centaines de mètres de là. »
La statue réalisée à la Vallée des Saints par Ollivier Lévêque (un nom prédestiné) est fidèle à la légende entourant ce saint. En 2012, la société IMERYS, plus connue sous le nom de DAMREC , a soutenu financièrement le projet d’ériger la statue d’un saint glomelois. Saint Conogan a été choisi après discussion avec quelques personnalités locales, dont Adrien Guillou, spécialiste du patrimoine. La statue représente Konogan en majesté sur son vaisseau de pierre. Il tient une burette d’eau bénite pour guérir le malade représenté couché sur le bateau, entouré de cercles, symboles de protection.
En revanche, son origine bretonne se trouve dans le premier couplet du cantique écrit en 1932 « Ganet eveldomp-ni e Breizh (né comme nous en Bretagne). Si l’on consulte la vie des saints de la Bretagne Armorique d’Albert Le Grand (1599 – 1641) on y découvre que Guénégan est issu d’une famille aisée de La Palue, près de Landerneau. Son éducation commence à domicile puis à Quimper où il étudie la philosophie. Il fait ensuite des études de théologie pendant quatre ans à Landévennec.
Ses parents voulaient en faire un homme du monde, ils l’envoient à la cour du Vicomte de Léon mais il n’aime pas cette vie frivole et demande à se consacrer à Dieu. Il devient prêtre à La Palue puis va mener une vie d’ermite avant de revenir à Landévennec faisant preuve d’humilité et de charité.
A la mort de saint Corentin, il fut élu, par le chapitre et le peuple rassemblé en la cathédrale de Quimper, évêque de Cornouaille, il l’accepta difficilement et mena une vie frugale.
Galvet da vout eskob Kerne
C’hwi ‘eas ‘eneb d’ho polontez Appelé à être évêque de Cornouaille,
Vous le fûtes à contrecœur
(couplet 4 du cantique).
En définitive il y a au moins deux faits historiquement connus dans sa vie, il fut d’abord moine, puis évêque de Quimper et inhumé dans la cathédrale. On y retrouve d’ailleurs une statue du saint.
Un miracle, la guérison d’un aveugle, lui est attribué. Il est évoqué comme saint thaumaturge (guérisseur), soulageant la fièvre comme l’indique le couplet 7 du cantique.
Pellait diouzhimp ar grenijenn
Maget er c’horf gant an derzhienn. Eloignez de nous le tremblement
Provoqué dans les corps par la fièvre.
La chapelle St Conogan
Découvrons maintenant la chapelle du 16ème siècle, nichée sur un petit placître clos par des talus plantés d’arbres et située sur la voie antique Carhaix – Vannes.
C’est un édifice de plan rectangulaire avec un clocher mur du 18ème. Toute la partie sud ainsi qu’une partie du mur nord datent du 18ème siècle, l’autel moderne est en granit.
Des statues anciennes attirent l’attention : deux statues de saint Conogan, l’une le représentant moine à Landévennec, l’autre évêque de Quimper comme on le représente souvent.
Saint Pierre, tenant dans sa main droite deux clés, ainsi que saint Roch et son chien.
L’Église a consacré Roch de Montpellier saint protecteur des maladies contagieuses, étant lui-même au contact des malades atteints de la peste.
Plusieurs dictons en sont inspirés :
« C’est saint Roch et son chien » : deux personnes inséparables.« Qui voit saint Roch voit bientôt son chien » : deux personnes qui se suivent régulièrement.
D’autres édifices religieux sont dédiés à saint Conogan :
- L’église paroissiale de Tréogan, probable éponyme de cette commune dont le nom signifierait par contraction « trève de saint Conogan »,
- La chapelle de Carnoët,
- L’église saint Conogan à Lanvénégen (56),
- Une chapelle de Gourin.
Terminons par le refrain du cantique :
Sant Konogan, mignon Doue,
Grit ma karimp traoù an ene. Saint Conogan, ami de Dieu,
Faites que nous aimions les choses de l’âme.
Joël Le Biavant
Devant la chapelle