« En entrant dans la maison, les mages virent l’enfant avec Marie, sa mère et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe » (Matthieu 2,11). Cette scène nous est bien connue et la représentation qu’en font nos crèches l’ont rendue populaire. Quel en est le sens ?
Un peu d’histoire
Le plus ancien témoignage atteste d’une célébration de l’Epiphanie, à Paris, le 6 janvier 361 ; mais nous ignorons le contenu de cette fête. A Rome, l’Epiphanie est célébrée peu après 350 ; elle a pour but de distinguer la Nativité (naissance du Christ) et l’Epiphanie (manifestation aux païens). Aujourd’hui, toujours fixée au 6 janvier mais souvent célébrée le dimanche suivant, l’Epiphanie célèbre avant tout, avec les mages, la manifestation de Dieu au monde ; elle prolonge la manifestation au peuple élu à Noël.
Le mystère célébré
La fête de l’Epiphanie nous fait lire et méditer la révélation de la personnalité et de la divinité de Jésus. Cette révélation est destinée à des hommes en recherche qui sont les représentants des nations païennes auxquelles l’Evangile est aussi destiné. Noël et l’Epiphanie sont donc deux moments, deux aspects de l’unique mystère du Fils de Dieu venant parmi les hommes et leur apportant la lumière. Les deux fêtes sont complémentaires et inséparables.
Les mages et leurs présents
Ces mages, assez énigmatiques, ne figurent que dans l’évangile de Matthieu mais occupent dans notre liturgie et notre imaginaire toute la scène de l’Epiphanie.
La tradition les a portés au nombre de trois à cause des présents ; puis elle leur a donné des noms et, au 9ème siècle, une apparence pour représenter les trois races humaines connues à l’époque.
Le premier a reçu le nom de Melchior; il se présente comme un vieillard à la barbe blanche. Il offre l’or à Jésus, manifestant ainsi qu’il le reconnaît roi (seuls, les rois pouvaient frapper de la monnaie en or).
Le deuxième, jeune et imberbe, au teint légèrement foncé s’appelle Gaspar. Il offre l’encens à Jésus, reconnaissant ainsi sa divinité (on brûlait l’encens devant les dieux païens et, au temple de Jérusalem, le grand prêtre entrait dans le Saint des Saints pour offrir à Dieu l’encens).
Le troisième est noir de peau, porte une barbe épaisse et s’appelle Balthazar. Il offre à Jésus de la myrrhe, en prévision de sa mort et de sa mise au tombeau (la myrrhe est une plante aromatique dont on se servait pour embaumer les morts).
Ces mages qui sont des savants et des astrologues seront qualifiés de rois par Tertullien, vers l’an 200, en référence au psaume 72 : « Les rois d’Arabie et de Saba lui offriront des présents ».
Et la galette ?
Cette coutume, propre à la France, apparaît au début du XIVème siècle. La galette terminait le repas de l’Epiphanie. Et, comme les mages avaient apporté des présents à Jésus, une part du gâteau était mise de côté et offerte au premier mendiant qui se présentait.
Dans les familles riches, on invitait des écoliers pauvres et celui qui trouvait la fève se voyait octroyer une bourse d’études. A d’autres époques, l’enfant qui trouvait la fève avait le droit de tout dire ce jour-là à sa famille, sans craindre de représailles.
Aujourd’hui, nous célébrons la fête des Rois, nous partageons la galette. Avons-nous encore conscience de la visite des mages, de la nécessité d’annoncer au monde l’Evangile et de donner à nos tables une place aux plus démunis ?
Serge Kerrien,Diacre permanent