Notre santé est un bien précieux confié par Dieu. Il nous faut la préserver, sans toutefois en faire un bien souverain et absolu
Comme tous les ans en janvier, les vœux fleurissent comme camélias au soleil printanier. « Bonne année, et la santé aussi, c’est l’principal, quand la santé va, tout va… » C’est plutôt sympathique cette façon de s’intéresser subitement à la santé des autres. Ce n’est pas parce que l’on est en bonne santé que « tout va » et, inversement, ce n’est pas parce que l’on est malade que « tout » s’écroule !
Janvier donc est le mois de prédilection pour ceux qui aiment parler de leur santé. Ils ont ainsi l’occasion de détailler leurs maux divers – ceux qu’ils ont,… ceux qu’ils ont eus,… ceux qu’ils auront…
Savoir parler de sa santé avec simplicité n’est pas chose aisée, le faire avec spontanéité, délicatesse, pudeur et franchise. Tous les problèmes de santé ne sont pas du même ordre ; certains ont à faire face à de très graves maladies qui font de leur quotidien une lutte permanente. Leur courage nous invite à remettre nos « petites douleurs » à leur juste place. Mal au dos, au foie, arthrose ou cholestérol, qui d’entre nous, en effet, n’a pas ses « petites misères » ?
« Petites », certes, mais invalidantes et bien douloureuses parfois. En parler avec sobriété – sans se plaindre, ni minimiser à l’excès – à nos proches évite les malentendus et nous aide à faire face aux gros soucis et à relativiser les petits. Les « moins proches » n’ont, quant à eux, pas forcément besoin de détails…
La santé n’est pas un détail parmi d’autres. C’est un aspect essentiel de notre vie, « un bien précieux confié par Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique n° 2288). Il nous faut en prendre soin « raisonnablement », c’est-à-dire sans en faire une « valeur absolue » (idem n° 2289). En prendre soin « raisonnablement », en parler « raisonnablement », c’est-à-dire ni trop, ni trop peu. En soignant ce qui peut l’être, en se donnant les moyens d’aller mieux, en veillant à une bonne hygiène de vie.
Bien dormir, bien se nourrir, bien travailler, c’est bon pour la santé ! Un peu de sport ne fait pas de mal non plus.
Il nous faut prendre soin de « frère âne », selon la jolie expression de saint François d’Assise, mais quand le baudet devient roi, l’homme devient son esclave. La santé, en effet, peut devenir une idole ; depuis quelques décennies, une nouvelle religion émerge : la « religion de la santé ». Vieillissement sans rides ni rhumatismes, corps de rêve sculptés à coup de régimes draconiens, refus de la faiblesse sous toutes ses formes, les fidèles de ce nouveau culte tentent coûte que coûte de repousser leurs limites, comme si une bonne santé pouvait les rendre immortels… « On a beau avoir une santé de fer, on finit toujours par rouiller », disait Jacques Prévert !
L’homme n’est pas simplement un corps. La santé concerne la personne dans sa globalité. Nous le savons bien, d’ailleurs : lorsque le corps est malade, l’esprit et l’âme sont également touchés. De même, lorsque nous vivons des choses difficiles, cela peut avoir un retentissement sur notre corps. Normal, puisque nous formons un tout. Nous sommes des êtres complexes, notre santé mêle de multiples facteurs : physiques, psychologiques, spirituels, tout s’en mêle – et, parfois, tout s’emmêle ! Le comprendre et l’accepter avec simplicité, c’est le début de la sagesse !
Nous avons une responsabilité personnelle face à notre santé : refuser de la préserver, la mettre consciemment en danger, par des comportements dangereux est de l’ordre du péché, car ce corps que Dieu a façonné de ses propres mains est le temple de son Esprit… Encore un sujet de conversation intéressant avec vos enfants, petits-enfants… pour ceux qui ne craignent pas les discussions un peu animées autour de la crèche…
A tous, lecteurs et paroissiens, bonne et sainte année et…. bonne santé !!!
Yves Poilvet +