Sara, l’épouse d’Abraham
Si l’on considère qu’Eve représente davantage une femme symbole de l’émergence de la vie, on peut considérer Sara comme la première femme qui apparaît vraiment dans la Bible.
Nous la trouvons dans la Genèse sous le nom de Saraï. Elle vit avec son mari Abram à Harran (sud-est de l’actuelle Turquie). Elle l’accompagne quand il quitte le pays pour suivre l’ordre de Dieu. Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. »
Ils arrivent au pays de Canaan, en Palestine, frappé par la famine, et doivent trouver refuge en Egypte. Mais le pharaon sélectionne pour lui les plus belles femmes. Comme Sara est très belle, pour éviter de la perdre, Abram lui demande de se faire passer pour sa sœur.
A partir du moment où Pharaon prend Saraï dans son harem, la maison royale est frappée de malheurs. Le souverain découvre que Saraï est la femme d’Abram et que ses malheurs viennent de là. Il libère alors le couple en leur demandant de quitter l’Egypte.
Dieu promet ensuite à Abram une descendance nombreuse alors que Saraï est stérile. A travers Abram Dieu veut bénir toutes les nations de la terre. Il change son nom en Abraham (père d’une nation) et Saraï devient Sara qui veut dire princesse.
En vue de l’accomplissement de la promesse, Sara propose à son mari d’avoir un enfant avec sa servante Agar comme c’était la coutume en cas de stérilité. Elle donne naissance à Ismaël (Genèse 16). Dieu confirme cependant que la descendance passera bien par Sara, malgré l’âge avancé du couple. Mais Sara devient jalouse d’Agar et la maltraite.
« Le Seigneur intervint en faveur de Sara, en faisant pour elle ce qu’il lui avait promis. Elle devint enceinte, alors qu’Abraham est déjà un vieillard et elle mit au monde un fils. Sara déclara ‟Dieu m’a fait rire de joie. Tous ceux qui entendront parler d’Isaac riront avec moi.” »
A la naissance d’Isaac, Sara ne supporte plus les moqueries et l’influence de sa servante et d’Ismaël sur son enfant. Elle demande à son mari de chasser Ismaël et sa mère. Malgré sa peine, Abraham accepte. Dans le désert, Dieu prend soin d’eux et les protège.
Sara meurt à Hébron à 127 ans. Abraham en éprouve du chagrin et l’enterre dans une grotte appelée « le tombeau des patriarches ». Selon la tradition, Isaac, Rébecca et Jacob reposeraient également à cet endroit.
Notons que les âges respectables atteints par les personnages du début de la Genèse sont les signes de la bénédiction divine. Les personnages d’avant le déluge peuvent vivre plusieurs centaines d’années, le record étant détenu par Mathusalem, le grand-père de Noë, avec 969 ans.
En définitive, Sara, humiliée par sa condition de femme stérile, bénéficie d’un retournement de situation. Elle personnifie dans son itinéraire que « rien n’est impossible à Dieu ».
Il fallait que Dieu soit compris et reconnu comme ayant le pouvoir de vaincre la stérilité afin de satisfaire la promesse faite à Abraham. Quant à la jalousie à l’égard de sa servante, elle apparaît tellement humaine. Voilà une femme de caractère qui a lutté pour vivre une relation juste et ouverte à une vraie fécondité. C’est là sa grandeur d’autant plus que le désir ardent qui l’a fait se battre pour la vie n’a pas été sans dureté.
Pour conclure, Pauline Jacob, théologienne fait remarquer : « Sara a joué un rôle déterminant dans notre histoire religieuse avec trois autres matriarches : Rébecca, Léa et Rachel. Sara nous rejoint par sa grande foi, sa détermination, son humour. Comme Abraham et Marie plus tard, elle a dit OUI. Et elle a ri de bon cœur à l’annonce d’une impossible naissance. »
Joël Le Biavant (A suivre)