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« Le grand retour de l’invisible »

Marie de Hennezel, psychologue clinicienne, a consacré sa vie à l’accompagnement des mourants. Dans L’Adieu interdit (Plon), l’ancienne élève des Maisons d’éducation de la Légion d’honneur dénonce le déni de la mort au temps du coronavirus et rappelle la nécessité de s’y préparer. Entretien.

Que nous enseigne la crise que nous traversons au sujet de l’idée d’une bonne mort?

Marie de Hennezel : Nos contemporains sont loin d’une bonne mort. Ils ne méditent pas. Ils ne sont plus dans le religieux. Ils ne parlent pas de leurs proches décédés. Ils ne sont pas capables de parler de la mort d’une façon naturelle. Pourtant le coronavirus nous invite à remettre la mort au centre de nos vies. Nous sommes sur terre pour quelque chose. Alors quel est le sens de la vie ? Et comment se préparer à mourir ? Ces questions sont primordiales. Le premier confinement a cependant déclenché un début de prise de conscience. La perception d’une fragilité. L’idée qu’il faut quand même réfléchir à l’essentiel. Mais quand nous écoutons nos hommes politiques, chez la plupart, nous avons le sentiment que le seul message qu’ils soient capables de faire passer est: « On ne doit pas mourir ! » Au sein du gouvernement et du Conseil scientifique, peu ont dû accompagner un mourant… Mais il est vrai que la familiarité avec l’accompagnement en fin de vie vient très souvent d’une expérience personnelle, y compris chez les médecins.

Le coronavirus rend-il l’idée même de mort tabou? Sommes-nous dans un grand déni?

Il y a un grand paradoxe. Parmi les biens essentiels, on laisse ouverts les bureaux de tabac quand on sait que le tabac est responsable de 73000 morts par an, soit autant que le covid. En fumant nous pouvons donc mourir d’arrêt cardiaque, de cancer du poumon, d’obésité… Mais surtout pas du covid!

Dans votre ouvrage, vous affirmez qu’à travers cette crise on « vole » sa mort au mourant.

Quand une personne va mourir, elle le sait, elle le sent… Il y a ce que j’appelle le travail du trépas. Un accouchement de soi-même. Et à ce moment-là, le mourant a besoin des autres. Il dépose une parole dans le creux d’une oreille, il échange un regard et boucle la boucle. La période que nous vivons est abominable car les familles sont empêchées d’accompagner celui qui va partir quand il est malade du covid. Et ensuite l’adieu au visage est impossible. Non seulement on vole sa mort au mourant mais on vole le deuil aux familles. Elles ne peuvent pas dire au revoir, pardonner et être en paix avec la personne qui s’en va.

J’ai le témoignage de personnes âgées qui ne veulent pas aller à l’hôpital pour rendre leur dernier soupir. Elles veulent être entourées dans leur chambre au sein de leur Ehpad. J’insiste aussi sur le fait qu’il faut parler aux mourants même quand on vous dit qu’ils n’entendent pas. Il y a l’exemple d’un monsieur âgé de 80 ans en réanimation pendant deux mois car malade du covid. Les médecins ne laissaient pas sa femme entrer dans la chambre. Et puis, un jour, à force d’insister, elle a pu lui glisser quelques mots. Le lendemain il se réveillait! Et depuis il se remet tout doucement.

Les jeunes vous paraissent-ils plus fragiles que les aînés pour faire face à la mort?

Ils ne sont pas préparés et ont rarement l’occasion d’y être confrontés, ce qui est normal. J’ai donné une conférence devant deux cents étudiants à Versailles il y a quelques mois. On entendait les mouches voler. Tous étaient attentifs et silencieux. Ils sont venus me remercier car ils m’ont dit: « La mort, on n’en entend jamais parler. » En ce moment avec l’épidémie de covid, les étudiants se ruent chez les psychothérapeutes. Ils ont une grande angoisse de l’avenir, ce qui est normal car on ne les rassure pas.

Mais il y a aussi le fait qu’en mettant la mort de côté notre société ne génère que de l’angoisse. On est beaucoup plus fort quand on est capable d’intégrer sa propre fin. On vieillit mieux quand on médite sur ses fragilités, quand on regarde avec joie le verre à moitié plein et pas à moitié vide. J’aime l’idée que l’on puisse porter une maladie et ne pas être malade, parce que l’épreuve nous fait grandir et que l’esprit arrive à prendre de la hauteur par rapport au corps.

Manque-t-il des moments collectifs de recueillement en ces temps de covid, pour apprivoiser l’idée d’une bonne mort?

Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas de journée nationale pour honorer la mémoire de ceux qui décèdent depuis le début de l’épidémie. Une journée pour penser à tous ceux à qui on a volé leur mort et qui n’ont pas eu de rites funéraires. C’est important que les familles le fassent même d’une façon décalée dans le temps. Mais notre pays pourrait organiser quelque chose. Le Québec l’a fait. Et dans son discours d’intronisation le nouveau président américain Joe Biden a demandé une prière silencieuse pour les 400000 victimes du covid dans son pays. En tout cas, si nous sommes encore loin de nous préparer à une bonne mort, je constate dans mon entourage que depuis le premier confinement des personnes réfléchissent à leur mort. Elles écrivent leur testament, mettent leurs affaires en ordre, se tournent vers la transcendance et redécouvrent qu’elles ont un ange gardien! C’est le grand retour de l’invisible. Face au danger et à l’incertitude, le retour de l’invisible protecteur.

Propos recueillis par Véronique Jacquier

FRANCE-CATHOLIQUE.FR N°3711 5 février 2021

 

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