La mission des prophètes dans l’Ancien Testament
La présence de prophètes, porte-paroles des dieux, est attestée dans tout le Proche Orient ancien. Des découvertes, en 1934, de manuscrits du 17ème siècle avant J. C. dans les ruines du palais de Mari en Mésopotamie permettent de préciser leur rôle.
La présence de prophètes, porte-paroles des dieux, est attestée dans tout le Proche Orient ancien. Des découvertes, en 1934, de manuscrits du 17ème siècle avant J. C. dans les ruines du palais de Mari en Mésopotamie permettent de préciser leur rôle.
Mais la prophétie biblique ne correspond pas à une réponse à des consultations d’oracles ciblées avant des prises de décisions royales. Elle doit sa spécificité au monothéisme d’Israël et à l’Alliance établie entre Dieu et son peuple. Cette Alliance exige une conduite déterminée et la fidélité. Les prophètes sont ceux qui, au nom de Dieu, interviennent au long de l’histoire pour discerner cette fidélité dans les événements et les comportements. Dt 18,18 « Je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles, celles que le prophète aura dites en mon nom alors moi-même je lui en demanderai compte. »
Pour Jesus Arsumendi* « le prophète est celui qui dénonce l’insoutenable et annonce l’inimaginable. » Il est aussi « celui qui ne mange pas à la table du roi » qui est en marge des institutions que sont la royauté et les prêtres.
Les prophètes interviennent sur les questions sociétales, politiques ou religieuses dans un système où le roi tient sa légitimité de Dieu et où la loi est celle de Dieu.
Le prophète parle au nom de Dieu et ses rappels à la loi sont une exigence de justice et ses paroles sont dures, dites pour condamner mais aussi pour réveiller les consciences et les condamnations ont un aspect positif puisqu’elles visent la restauration de la fidélité à l’Alliance.
L’histoire mouvementée d’Israël depuis l’entrée en Canaan, l’instauration de la monarchie, la scission entre les deux royaumes du Nord et du Sud à la mort de Salomon puis leur chute en 722 et 598 avec les invasions assyrienne, babylonienne, perse, grecque puis romaine sont les temps d’interventions des prophètes.
Le tournant le plus important est la chute de Jérusalem et l’exode en 586. Cet exil à Babylone marquera un tournant dans le courant prophétique. De la menace de la punition on passera à la consolation et à la promesse de restauration. On pouvait parler d’échec de la prophétie puisque la conversion n’a pas eu lieu et que l’anéantissement a eu lieu, mais ce temps d’exil est aussi un temps de réflexion et de renouvellement de l’analyse de l’alliance, les prophètes étendant l’alliance à toutes les nations. Dieu annonce le pardon.
Jr 31,17 « Ton avenir est plein d’espérance. » Pour comprendre les textes il est à la fois important de comprendre le contexte des interventions et leur postérité. Ce qui était parole fut considéré digne d’être préservé, mis par écrit pour l’avenir et relu.
La présence de ces textes dans la liturgie est pour nous l’incitation à tirer les leçons du passé ! Les livres prophétiques, de Josué à Malachie, viennent dans la Bible juste après le Pentateuque et avant les autres Ecrits.
Les livres prophétiques :
1) Josué, Juges, Samuel, Rois, les prophètes antérieurs, Elie, Elisée.Ces livres historiques donnent de l’histoire une vision prophétique puisqu’elle s’achève avec l’exil, punition pour les fautes.
2) Les prophètes postérieurs : Esaïe, Jérémie, Ézéchiel puis les douze petits prophètes, le terme petits n’indiquant que la longueur des textes, chaque unité retraçant globalement le schéma oracles de malheur avant l’exil puis promesse de restauration.
Quelques exemples d’opposition entre les prophètes et divers secteurs de la société (après Amos que nous avons eu en septembre sur les marchands et les riches !).Contre les rois : Jr 22,13-19 « Malheur à celui qui construit son palais au mépris de la justice. » Esaïe, 3 et Ezéchiel, 17.
Contre les prêtres : Amos, Osée, Michée, Isaïe et finalement Malachie, 2, avec un vocabulaire choisi et comme souvent dans les oracles prophétiques assez… frappant.
« … Je maudirai vos bénédictions. Oui je les maudis car aucun de vous ne prend rien à cœur. Je vais porter la menace contre votre descendance. Je vous jetterai du fumier à la tête, le fumier de vos fêtes et on vous enlèvera avec lui. »
Envoyés de Dieu, les prophètes ont, comme Isaïe, répété 1,16-17 : « Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien recherchez la justice, mettez au pas l’exacteur, faites droit à l’orphelin, prenez la défense de la veuve. »
Nous disons dans le Credo que nous croyons en l’Esprit Saint qui « a parlé par les prophètes ». Eh bien Osée 11,4 nous décrit un Dieu de tendresse ! « Je le dirigeais avec ménagement, lié à lui par l’amour, j’étais pour lui comme une mère qui soulève son petit enfant tout contre sa joue. Je me penchais vers lui pour le faire manger. »
*Jesus Arsumendi est théologien à l’Institut catholique de Paris, spécialiste de l’Ancien testament
Edith Pérennès