La joie de vivre en frère
Permettez-moi d’aborder avec vous dans ce nouveau numéro un terme qui vous est très cher.Comme une trinité républicaine, la liberté, l’égalité et la fraternité sont singulières mais elles forment un tout. Pour nous chrétiens c’est le troisième mot le plus employé. Oui, liberté d’abord, égalité ensuite et fraternité enfin. Ce dernier terme, sans l’approbation des académiciens, je le définis comme étant : « la joie de vivre en frère ».
Dérivé de frater, frère et sœur, la fraternité, c’est un sentiment qui dépasse l’égo, qui rassemble plusieurs MOI pour faire un NOUS. M’appuyant sur quelques passages bibliques, il me vient à l’esprit de dire que la fraternité c’est être d’une certaine manière responsable de l’autre, être le gardien de l’autre.
Rappelez-vous la question de Yahvé à Caïn et la réponse de ce dernier. « Caïn où est ton frère Abel ? » Et la réponse : « Je ne suis pas responsable de mon frère. » A chacun de nous, Dieu reformule cette même question. « Qu’as-tu fait de ton prochain, de ton voisin, de ton frère, de ta sœur, de notre Maison commune, la terre ? » Chacun de nous a une ou des réponses à donner à ces questions. Et l’une des réponses la plus fréquente, c’est : je suis libre, je fais ce que je veux. Aussi, bien sûr, cette dernière réponse est évidente : je suis dans mon petit coin, j’utilise ce que je veux pour produire.
Mais, sachez que, quand on pollue ici, ici et là-bas payent les conséquences. Fraterniser, c’est aussi, être en relation avec l’environnement pour le sauvegarder et le protéger.
Le pape François nous parle de la fraternité mystique, c’est-à-dire une fraternité qui sait regarder la grandeur sacrée du prochain, qui sait découvrir Dieu en chaque être humain, qui sait supporter les désagréments en s’accrochant à l’amour de Dieu et qui sait rechercher le bonheur des autres.
Jésus, dans l’Evangile de saint Matthieu, nous fait comprendre que la fraternité est plus importante que tout ce que nous pouvons offrir à Dieu, plus importante que la solidarité. Au chapitre 5, 23 « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel……… (l’offrande signifie non seulement les dons d’argent mais aussi : l’adoration, la louange et l’intercession que nous faisons monter vers Dieu), laisse là ton offrande, va d’abord te réconcilier avec ton frère. Donc, devant Dieu, la fraternité est une offrande agréable.
Alors, mes ami(e)s, la fraternité est un commandement de Dieu « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Elle est le fondement et la route vers la paix.
La fraternité est un idéal à vivre dans toutes les conditions et dans toutes les situations en commençant déjà dans les familles, dans les petites communautés et surtout en étant en relation avec l’univers, notre Maison commune.
Père Jean Bernard