LE NOUVEAU TESTAMENT
SAINT MATTHIEU (2)
Bâtir sur du sable (Mt 7, 26)
C’est échafauder un projet sur des fondements fragiles, construire quelque chose voué à s’effondrer.
Jésus dans la parabole des deux maisons, annonçant le Royaume de Dieu, nous dit que la foi se doit d’être mise en pratique sous peine de ne servir à rien. « Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique peut être comparé à un homme qui a bâti sa maison sur le roc. »
Crier sur les toits (Mt 10, 27)
C’est annoncer une nouvelle avec fracas au plus grand nombre de personnes possible, divulguer des informations sans aucune discrétion. « Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour, ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » Cette habitude qui peut nous paraître extrêmement périlleuse ne l’était absolument pas en Orient. En effet les toits des maisons étaient de grandes terrasses. On avait l’habitude d’y monter afin de discuter plus facilement avec les voisins.
Un capharnaüm (Mt 11, 23)
C’est un lieu où sont entassés en désordre des objets de toutes sortes. A l’origine, c’est la ville où Jésus commença son ministère. La grande activité commerciale de cette ville lui a valu de devenir un symbole de désordre et de confusion. Jésus condamne cette ville qui a refusé de croire en Lui bien qu’elle ait vu de ses yeux ce qu’il a fait chez elle.
Séparer le bon grain de l’ivraie (Mt 13, 24-30)
Il s’agit de trier ce qui est utile de ce qui est nuisible ; il faut séparer le bien du mal. L’ivraie est une plante nuisible qui rend ivre. Au début de sa pousse, elle ressemble au blé au milieu duquel elle croît. De ce fait elle est traitée de mauvaise graine.
D’après Benoît XVI : « La graine se développera et le fruit mûrira. Ce fruit sera bon uniquement si la terre de vie est cultivée selon la volonté de Dieu. Nous devons préserver la grâce reçue au baptême en continuant à nourrir notre foi, ce qui empêche le mal de s’enraciner. »
L’autre nom de l’ivraie est la zizanie ; ce qui nous donne l’expression : semer la zizanie qui se dit lorsque quelqu’un introduit le trouble dans un groupe entretenant auparavant de bonnes relations.
Ce terme zizanie apparaît dans le titre d’un film de Claude Zidi avec Louis De Funès et Annie Girardot (1978), ainsi que dans un album d’Astérix (1970) avec des Gaulois querelleurs.
Soulever des montagnes (Mt 17, 20)
C’est accomplir une tâche extrêmement difficile. On dit aussi que la foi transporte les montagnes.
Jésus s’adresse à ses disciples : « Si vous avez la foi comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne « passe d’ici là-bas », et elle passera. Rien ne vous sera impossible. »
Un saint-pierre (Mt 17, 26)
Ce poisson à chair estimée et plutôt onéreux porte des marques noires sur chacun de ses côtés. Ces traces auraient été laissées, selon la légende, par les doigts de saint Pierre.
Les ouvriers de la 11ème heure (Mt 20, 1-16)
Cette expression désigne aujourd’hui ceux qui n’en font pas beaucoup, ceux qui viennent quand le travail est terminé. La parabole fait référence à une méthode antique de calcul des heures qui débutaient avec le lever du soleil et divisait la journée en douze parties.
La parabole fait intervenir un propriétaire terrien qui rémunère de manière égale ses employés peu importe l’heure où ils ont entamé leur labeur. Elle se conclut sur la formule : « Ainsi les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers. »
Selon Jésus, il n’y a aucune volonté d’encourager la paresse mais de donner à chacun des chances égales en vivant la solidarité. Il y signifie indirectement qu’il est toujours temps de venir à Lui et que chacun peut être traité à égalité quelle que soit sa période de ralliement.
Discuter du sexe des anges (Mt 22, 30)
C’est parler de futilités, de choses insignifiantes, alors que des sujets plus sérieux ou plus graves attendent.
« A la résurrection, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel. »
C’est en débattant sur ce passage, qu’on retrouve dans les trois Évangiles, qu’on en a conclu que les anges n’avaient pas de sexe.
Quant à l’expression elle-même, on dit que, lors du siège de Byzance (Constantinople, aujourd’hui Istanbul) en 1453, les théologiens étaient plus occupés de ce débat que de la survie de la ville d’où la formule « querelles byzantines. »
Rendre à César ce qui est à César (Mt 22, 21)
C’est reconnaître la responsabilité d’un acte ou la propriété d’un bien à une personne. Il faut donner à chacun ce qui lui revient.
Jésus prononce cette formule à propos de la légitimité de l’impôt acquitté par les Juifs à l’empereur romain. Mais en demandant de rendre à Dieu ce qui est à Dieu, il affirme qu’aucun César ne peut prétendre être le maître absolu des hommes, car la volonté du Seigneur doit rester la plus forte.
Faire du prosélytisme (Mt 23, 15)
C’est chercher à susciter l’adhésion, à rallier de nouveaux adeptes.
« Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, vous qui parcourez mers et continents pour gagner un seul prosélyte et, quand il l’est devenu vous le rendez digne de la géhenne (enfer) deux fois plus que vous. »
Depuis le début de notre siècle, le terme prosélytisme a pris une connotation négative, se référant à des activités politiques ou religieuses à tendance sectaire.
Joël Le Biavant
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La Bible et notre culture populaire (1)
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