Vous avez pu découvrir, dans ECA de novembre 2013, la chapelle de Notre-Dame de Lansalaün en Paule, située dans un cadre bucolique, non loin de Carhaix.
Le pardon y est célébré le 15 août et ce sera l’occasion d’y admirer la bannière qui vient d’être restaurée.
Sylvie Kervella, secrétaire de l’Association « Protection du Patrimoine des chapelles de Lansalaün et Saint Eloi de Paule » nous en parle.
L’association œuvre pour la préservation du patrimoine religieux et a toujours un projet à court, moyen ou long terme à mener dans ce sens.
Il est essentiel pour nous de préserver ce que les générations précédentes nous ont transmis afin que ces lieux, mobiliers et objets chargés d’histoire, restent vivants et qu’ils s’inscrivent encore pour longtemps dans notre patrimoine. Au fil des pardons, nous avons remarqué l’attachement des fidèles aux traditions qu’ils véhiculent avec notamment la procession des bannières et lors des Journées du Patrimoine, nous avons rencontré des visiteurs sensibles à l’art sacré. La restauration de la bannière de « Notre-Dame de Lansalaün » s’est imposée à nous en 2012 avant que sa dégradation, due à l’humidité, ne devienne irrémédiable. Datée de 1916, c’est un don des paroissiens de Paule qui, à travers ce geste, demandaient la protection de la Vierge Marie pour leurs soldats. Sa restauration, 100 ans après sa création, permet à l’association de s’inscrire dans cette période de commémoration de la Première Guerre Mondiale. Malheureusement, nous n’avons pas d’archives la concernant, de nombreux documents ayant été brûlés lors de la vente du presbytère.
Admirons la bannière. La face en velours bleu est particulièrement riche en passementerie fleurie : cette technique regroupe l’ensemble des productions en fil de toute nature utilisé en décoration vestimentaire ou architecturale intérieure.
On y observe l’Annonciation faite à Marie par l’ange Gabriel, avec, en bas le monogramme Ave Maria (A et M entrelacés).
Deux symboliques constantes lors des représentations mariales y apparaissent : la fleur de lys qui, du fait de sa couleur blanche, reste la fleur privilégiée pour représenter la pureté, évoquant aussi l’Immaculée Conception. Quant à la Vierge couronnée, c’est un des thèmes de l’iconographie chrétienne : c’est une couronne de vie et d’immortalité.
Avant de nous donner à voir le Christ, l’Apocalypse (12 , 1-2) nous donne à voir celle qui l’enfante « Une femme vêtue de soleil et sur la tête une couronne de douze étoiles. »
Sur la face en velours rouge « Sainte Paule P. P. N » rappelle qu’elle la sainte patronne de la paroisse.
L’origine du nom est plutôt relié à saint Paul Aurélien, mais les paroissiens se sont attachés à vénérer sainte Paule, Romaine du IVème siècle, disciple de saint Jérôme qu’elle va aider matériellement.
La restauration de la bannière
La restauration de bannières fait appel à un domaine de compétence spécifique qu’est la broderie d’art. L’association s’est donc tournée vers une brodeuse professionnelle de Châteauneuf-du-Faou, Madame Irvoas, qui a de nombreuses restaurations religieuses et profanes à son actif. Son travail a d’abord consisté à changer les velours des fonds « très fatigués » et à disposer, entre le velours et la toile de satin, une toile bisonne, qualifiée d’imputrescible et permettant un bon maintien de la bannière. Elle a pu ainsi procéder ensuite au démontage, à la découpe des contours des broderies et au remontage de la bannière en réappliquant à la main les passementeries anciennes. Certaines pièces comme les franges ont vu leur éclat se raviver grâce à un nettoyage à l’eau tiède additionnée de vinaigre blanc.
Les trois personnages : la Vierge Marie, l’ange Gabriel et sainte Paule n’ont pu être restaurés du fait de leur mauvais état de conservation. Tous les trois ont été redessinés à l’identique, peints avec une peinture spéciale pour tissu fixée au fer à repasser pour lui donner un aspect plastifié, puis rebrodés avec des brins de fils Anchor.
Le financement
Si la chapelle et l’enclos sont classés Monuments historiques, depuis 1920, ce qui a permis la restauration de la magnifique verrière représentant l’arbre de Jessé, la restauration de la bannière, non classée, dont le coût s’est élevé à 8 560 €, n’a pu se faire que grâce à l’implication de tous les bénévoles de l’association lors des repas, concerts, tombolas, ventes de gâteaux, au soutien de la municipalité de Paule pour la subvention exceptionnelle qui nous a été allouée pour la réalisation de ce projet et aux dons de particuliers. Qu’ils en soient remerciés !
La bannière de « Notre Dame de Lansalaün » a retrouvé « sa chapelle » en février 2016 et nous pourrons la découvrir ou la redécouvrir le 15 août lors du pardon qui aura pour temps fort, sa bénédiction.
Propos recueillis par Joël Le Biavant