Alors que la détresse et la colère submergent le monde agricole, actuellement en pleine mobilisation pour faire valoir ses droits, les évêques de la province de Montpellier ont fait part de leur soutien aux agriculteurs dans un message publié le 25 janvier.
Leur métier est noble, leur mission est vitale et pourtant, les agriculteurs de France se sentent plus que jamais oubliés, pour ne pas dire méprisés. Face à cette colère sourde que plus rien ne semble pouvoir étancher, les évêques de la province de Montpellier ont tenu à exprimer ce 25 janvier leur compassion à la filière agricole. « Amis agricultrices et agriculteurs, nous voulons vous apporter notre soutien vous qui manifestez dans le pays, en réclamant justice et considération pour votre profession », assurent les évêques des diocèses de Carcassonne et Narbonne, Mende, Montpellier, Nîmes et Perpignan.
« Vous n’êtes pas des inconnus pour nous (…) Nous vous admirons, chacune et chacun, dans l’exercice d’une profession difficile que vous vivez avec passion. (…) Nous voudrions vous dire à quel point nous sommes solidaires avec vous dans votre légitime attente de pouvoir vivre dignement de votre travail. » Tout en faisant part de leur préoccupation et de leur tristesse face à ce sentiment d’abandon vécu par les agriculteurs, les évêques réclament que « soit reconnu le caractère vital de [leur] profession pour nos familles, notre pays », et la mise en œuvre de « mesures urgentes au niveau national et européen. »
Un désarroi profond
Depuis mi-janvier 2024, les agriculteurs et éleveurs de France multiplient les actions sur le territoire pour faire entendre leur voix. Mardi 23 janvier, la mort brutale d’Alexandra Sonac, jeune mère de famille agricultrice d’une trentaine d’années, et de sa petite fille de 12 ans, près de Pamiers, a endeuillé ce mouvement. Épuisés par une sous-rémunération, une hausse des charges, un carcan législatif et des normes administratives toujours plus strictes, les agriculteurs et éleveurs expriment depuis de nombreuses années un sentiment d’abandon et un manque de reconnaissance pour leur profession. D’année en année, des exploitations agricoles ferment, sans parler du risque de suicide, particulièrement élevé : un rapport d’information déposé le 17 mars 2021 par la Commission des affaires économiques du Sénat fait ainsi ressortir que « la surmortalité par suicide en agriculture reste particulièrement prégnante ».
Ce n’est pas la première fois que l’Église catholique en Occitanie manifeste sa solidarité à l’égard des travailleurs de la terre. En novembre 2023, Mgr Bruno Valentin s’était rendu à la manifestation des vignerons à Narbonne, qui dénonçaient les grandes difficultés de la filière viticole. « L’Église reste à vos côtés dans cette crise comme depuis plus d’un siècle à chaque moment difficile. La mobilisation de tous, et notamment des services de l’État, est nécessaire pour soulager les souffrances présentes et ouvrir de nouveaux horizons d’Espérance« , avait-il ainsi déclaré. Plus largement, l’Église catholique en France se positionne régulièrement en faveur des professions agricoles et viticoles : en 2017, le Conseil permanent de l’Église de France avait partagé son inquiétude de voir dépérir le monde agricole, mentionnant tout particulièrement les éleveurs. « Qui peut rester sourd au désespoir de nombreux agriculteurs qui ne nourrissent plus l’espoir de vivre de leur travail ? On ne peut rester indifférent devant les dérives d’une économie qui ne met pas l’homme au centre de ses choix », déplorait-il. En février 2018, 25 évêques se rendaient au Salon international de l’agriculture pour manifester leur soutien.
Cécile Séveirac
Publié par Aleteia le 25/01/24