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La Vierge Marie dans la grotte de Lourdes : « Je suis l’Immaculée Conception »

1854 : Proclamation du dogme
de l’Immaculée Conception

À Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 25 mars 1858, la Dame qui apparaît à Bernadette Soubirous depuis des semaines révèle enfin son nom : « Que soy era immaculada councepciou » (« Je suis l’Immaculée Conception »). Cela faisait alors quatre ans que le dogme de l’Immaculée Conception faisait partie de la foi catholique. Mais cela faisait déjà plusieurs siècles que la Vierge était célébrée sous ce nom, le 8 décembre.

Repartons du commencement. De tout temps, les chrétiens ont vénéré Marie. Elle est représentée dans les catacombes. Elle est reconnue comme la Mère de Dieu au concile d’Ephèse (Turquie actuelle) en 431, une Mère toute sainte, que le péché n’a pu toucher.
On ne se croyait pas obligé d’en dire davantage. Comme on ne se croyait pas obligé de mettre des mots pour définir comment le Christ est réellement présent dans l’Eucharistie. Cela allait de soi, pour le croyant.

Un désaccord initial. Mais, avec le temps, des questions se sont posées qui n’avaient pas été aperçues d’abord. Que Marie n’ait pas péché personnellement, nul, ou  presque, ne le contestait. Dans le comportement de son Fils, elle n’avait pas toujours tout compris mais elle ne l’a jamais renié. Elle est présente au pied de la Croix. Pourtant saint Paul a dit que « tous ont péché » (Romains III, 23). La faute d’Adam a des suites… L’Humanité est blessée, c’est le péché originel. A-t-il atteint celle qui serait appelée à devenir la Mère de Dieu ? Au Moyen Âge, Franciscains et Dominicains ne sont pas du même avis sur ce point. Les Franciscains et la faculté de théologie de la Sorbonne sont favorables à l’Immaculée Conception. Le franciscain Jean Duns (1265-1308) est l’auteur de la maxime « Potuit, decuit, fecit » (« Dieu pouvait préserver sa Mère du péché de la race, il convenait qu’il le fît et il l’a fait »). Saint Thomas d’Aquin et, avant lui, un grand dévot de la Vierge, saint Bernard de Clairvaux, pensent quant à eux que la parole de saint Paul ne souffre pas d’exception et que la Vierge Marie, si sainte soit-elle, n’a pas été exempte du lot commun de l’Humanité.

La décision du Concile de Trente.

Par la Constitution Grave nimis (1483), le pape Sixte IV interdit au XVe siècle aux tenants de l’une ou l’autre position de s’invectiver : ni les uns, ni les autres ne sauraient « se rendre coupables d’hérésie ou de péché mortel, puisque la chose n’a pas encore été décidée par l’Église romaine et le Siège apostolique ». Le Concile de Trente (1545-1563), en publiant son décret dogmatique sur le péché originel, dans lequel il est établi et défini que tous les hommes naissent atteints du péché originel, déclare pourtant d’une manière solennelle qu’il n’a pas l’intention de comprendre dans ce décret la
bienheureuse et Immaculée Vierge Marie et approuve la sage mesure de Sixte IV. Par cette déclaration, les Pères du Concile de Trente font entendre que l’Immaculée est
exempte de la tache originelle.

Priée avant d'être définie.

L’absence de définition dogmatique n’a pas empêché les chrétiens de célébrer la conception de Marie sans péché, inspirés par le récit de l’Annonciation : Marie est « comblée de grâce » (Luc I, 28). Dès les premiers siècles du christianisme, tant en Orient qu’en Occident, on célèbre la pureté de Marie qui est « Panaghia », toute sainte, sanctifiée par l’Esprit-Saint. Selon les lieux, la fête de l’Immaculée Conception apparaît à diverses époques, avant de devenir universelle en 1602. En l’absence de dogme, l’appellation « Marie conçue sans péché » se répand, particulièrement après les apparitions de la rue du Bac à Paris en 1830. La Vierge demande à Catherine Labouré de faire frapper une médaille portant ces mots : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. » Sans se prononcer sur les apparitions elles-mêmes, l’archevêque de Paris autorise la frappe de la médaille que l’on dira vite miraculeuse et qui est reproduite à des millions d’exemplaires. Bernadette Soubirous elle-même la portait.

L’enquête du Pape.

De divers côtés, le Pape est sollicité pour que l’Église se prononce solennellement. Le pape Pie IX consulte tous les évêques du monde, les supérieurs des grands ordres religieux, les facultés de théologie. La question de la naissance de Marie porte moins sur le fonds que sur l’opportunité : la foi du peuple chrétien a-t-elle suffisamment mûri pour recevoir joyeusement l’affirmation : « Oui, dès le premier instant de sa conception, Marie a été indemne de toute blessure due au péché ? » Elle en a été sauvée « par une grâce venant déjà de la mort de son Fils » : de ce fait, elle fait bien partie de l’Humanité sauvée, la même que la nôtre. Elle n’est pas une déesse. À l’enquête menée par le Pape, la réponse est presque unanimement favorable. Le Pape n’a pas pris cette lourde décision seul, mais on pourrait dire qu’il a tenu une sorte de concile postal.

La proclamation du dogme.

Le 8 décembre 1854, en présence notamment de 200 évêques, la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception à travers la bulle Ineffabilis Deus (« ad exaltationem fidei catholicae, et christianae religionis augmentum ») donne lieu à une célébration grandiose à Saint-Pierre de Rome.
Voici son essence : « Nous déclarons, nous prononçons et définissons que la doctrine qui affirme que la Bienheureuse Vierge Marie dès le premier instant de sa conception, par grâce et par privilège spécial de Dieu tout-puissant, en considération des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, fut préservée de toute tache du péché originel, est une doctrine révélée par Dieu, et que, pour cette raison, elle doit être fermement et constamment crue par tous les fidèles. »

25 mars 1858 : une confirmation.

Trois ans et quelques jours plus tard, « une petite demoiselle » apparaît à Bernadette Soubirous, tout juste âgée de 14 ans, le 11 février 1858, à la grotte de Massabielle. Les apparitions se succèdent, en particulier durant la quinzaine du 18 février au 4 mars. Très vite, Bernadette demande à  l’Apparition quel est son nom. Celle-ci refuse de répondre : « Ce n’est pas nécessaire ».
Dans ces conditions, Bernadette reste prudente. Elle parle d’« Aquero », ce qui peut se traduire par « cela » ou « celle-là ». Arrivés à la quinzième apparition, la Dame n’a toujours pas dit son nom, malgré les demandes répétées de Bernadette encouragée par son curé. Nous sommes au temps du Carême. La jeune fille fera le jeûne d’apparitions pendant trois semaines. Elle ne va plus à la grotte.
Le matin du 25 mars, alors qu’il fait encore nuit, elle se sent appelée, ou poussée, à y revenir. Elle réitère sa demande : une fois, deux fois, trois fois. Normalement, au bout de trois fois, ce n’est plus la peine d’insister. Elle insiste. La Dame lui avait demandé de bien vouloir venir à la grotte. Bernadette a tenu parole. Maintenant, c’est elle qui demande à la Dame de bien vouloir lui dire son nom. À la quatrième demande, elle entend, en patois, ces mots : « Je suis l’Immaculée Conception. »

L’unique « immaculée conception ».

 Bien que la Dame s’exprime dans la langue locale, les mots sont inconnus de Bernadette : « Conçue sans péché », comme sur la médaille, ou « immaculée conception », ce n’est pas pareil. Elle remonte en courant vers le presbytère, en répétant sans cesse les mots entendus : comme elle n’a pas compris, c’est le seul moyen de ne pas oublier ce qu’elle entendu. Le curé, l’abbé Dominique Peyramale, a une réponse logique : « Une dame ne peut pas porter ce nom-là. » Mais il est vite convaincu : la petite n’a pas pu inventer ces mots abstraits qu’elle tâche, l’après-midi, de se faire expliquer dans une famille amie. Bernadette ne variera jamais dans le récit mais elle
n’emploiera pas souvent ces mots étranges dans sa prière ou dans ses écrits. Ce n’est pas par hasard que la Dame a dit son nom le 25 mars, jour de l’Annonciation. C’est ce jour-là que l’Ange appela Marie. Et,  justement, il ne l’appela pas « Marie », mais « pleine de grâce », comme nous disons en français. Le grec de l’évangile est intraduisible. C’est un participe parfait, au passif : au parfait, parce que c’est définitif ; au passif, parce qu’il y a un auteur, Dieu lui-même. Risquons une paraphrase : « Chef d’œuvre de la grâce ».
Cette manière de s’exprimer est unique dans l’Écriture. Marie est la seule à qui Dieu s’adresse de cette façon. Elle est  l’Immaculée Conception, avec l’article défini, parce qu’elle est la seule. Comme le Christ est le seul à être la Voie, la Vérité et la Vie.

Être parfaitement libre.

Reste une question : pourquoi la Vierge Marie a-t-elle été conçue sans péché ? L’union conjugale de ses parents qui lui ont transmis la vie n’avait rien de peccamineux : il faut, sans cesse, démentir ce contre-sens. L’Immaculée Conception de Marie ne regarde pas le passé, mais l’avenir. Marie est indemne de tout péché, de toute trace de péché, pour qu’elle puisse répondre à la mission que Dieu veut lui confier : être la Mère du Fils, du Sauveur de son peuple et de l’Humanité. Accepter d’être la mère virginale du Fils de Dieu demande une foi dont personne, dans l’Ancien Testament, n’a jamais été capable. Il faut qu’elle soit totalement libre, non pas d’une liberté d’indifférence, mais d’une liberté de don, qui permet de dire « oui » à ce qui nous dépasse.
Quand il est venu en pèlerinage à Lourdes, le 15 août 2004, le pape Jean-Paul II déclarait à la fin de son homélie, avec ce qui lui restait de force dans la voix : « Soyez des femmes et des hommes libres ! Mais rappelez-vous : la liberté humaine est une liberté marquée par le péché. Elle a besoin, elle aussi, d’être libérée. Marie est la seule créature parfaitement libre. » Le « privilège » de l’Immaculée Conception n’a été accordé qu’à Marie parce qu’elle seule eut à faire cet acte de foi qui va de l’Annonciation à la Croix et qui s’épanouit dans la gloire de l’Assomption, à la suite du Christ dans la gloire de son Ascension. Nous-mêmes sommes appelés à paraître, un jour, devant Dieu, « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ephésiens I, 4) : car, dans le monde chrétien, un privilège est toujours accordé pour profiter à tous.

Mgr Jacques Perrier

Évêque émérite de Tarbes et Lourdes

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C’est guidé par l’Esprit que Syméon reconnait Jésus !
Seigneur, nous te rendons grâce pour les hommes et les femmes qui te consacrent leur vie.
Seigneur, que l’Esprit ouvre les cœurs et aide à discerner la vocation à laquelle tu appelles chacun de tes enfants.

Nous te confions plus particulièrement aujourd’hui ceux que tu appelles à une vie consacrée.

AMEN

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