Visite du père Alain Bourdery au Vatican : une visite à Rome inoubliable
En septembre dernier, à l’approche du voyage du pape dans leur pays, le père Alain Bourdery a eu l’opportunité d’effectuer un pèlerinage en Italie, en compagnie de neuf catéchistes karen de son diocèse. Un moment inoubliable pour eux qui n’avaient jamais quitté le nord de la Thaïlande.
À Rome, le 25 septembre, jour d’audience générale, le missionnaire français reçoit un message les invitant à la Maison Sainte-Marthe pour une rencontre avec le Saint-Père. « On a attendu. La porte s’est ouverte et il était là avec nous. Ni garde, ni secrétaire. En tête à tête pendant 30 minutes. On riait ensemble. Puis il a dit “Attendez -moi”. 5 minutes après, il est revenu avec deux grands cabas : une magnifique icône pour chacun » a raconté l’un de ces jeunes Karen de retour de Rome.
Un souvenir inoubliable et inattendu pour ces jeunes catholiques de Thaïlande que le pape a écouté avec grande attention.
Suite à cette entrevue la presse vaticane, l’Osservatore Romano, en parle.
« N’oubliez jamais que le Royaume des cieux c’est celui des petits » : profondément ému par la rencontre avec les jeunes catéchistes de la tribu karen du nord-est de la Thaïlande, presque à la frontière avec la Birmanie, qui, jusqu’à présent, n’étaient jamais sortis de leurs villages à la périphérie des périphéries, le pape François a indiqué précisément dans leur expérience un chemin pour tous : la collaboration en équipe, à 360 degrés, entre le prêtre et les laïcs. Mercredi matin, 25 septembre, juste avant de rencontrer les pèlerins sur la place Saint-Pierre pour l’audience générale, le pape a accueilli ce petit groupe venu de Thaïlande à la Maison Sainte Marthe.
Avec un détail que révèle à « L’Osservatore Romano » le père Alain Bourdery, des Missions étrangères de Paris, qui vit depuis vingt ans dans les villages thaïlandais : « Aucun des jeunes ne savait qu’il devait rencontrer le pape, je le leur ai annoncé sur le seuil de Sainte-Marthe car, je le dis avec sincérité, cela me semblait un rêve impossible. »
Avec un sourire, le père Alain ne cache pas qu’il craignait d’être arrêté par les gardes suisses à l’entrée. « En revanche, raconte-t-il les portes étaient ouvertes pour nous, nous étions attendus, j’ai vu les jeunes commencer à échanger des regards et à se dire entre eux : “Mais qu’est-ce qui se passe ici ?”. Nous n’avons même pas eu le temps de penser à ce qu’ils auraient dit à François quand la porte s’est ouverte. Et c’est précisément le pape qui l’a ouverte ! », s’exclame le missionnaire. « Les jeunes, poursuit-il, ont immédiatement compris qu’ils devaient mettre de côté leurs craintes et surtout le protocole. De manière très simple et très émouvante pour nous, le pape nous a salués et il a demandé à chacun des nouvelles de sa famille, de son travail, de son village d’origine. Il a fait preuve d’un grand intérêt pour notre situation et s’est ému quand il a compris qu’il recevait des personnes très pauvres, exclues de la société »
Le père Alain évoque « Une rencontre très chaleureuse, joyeuse : nous avons ri tout le temps. » Et même plus : « Aucun d’eux n’oubliera le pape qui, s’étant levé, est rentré dans son bureau pour apporter généreusement à tous des cadeaux très personnels : en particulier une icône, mais aussi des copies en thaï de Laudato sì. » « Les jeunes ont parlé à François de ce que signifie être une minorité, et ils l’ont fait comme des fils », nous dit le missionnaire. Pour lui, confie-t-il, cela a été une double émotion : « J’ai raconté au pape que j’ai vu naître ces jeunes, que je les ai baptisés, que je les ai tous envoyés à l’école et ensuite que j’ai célébré leur mariage, que j’ai baptisé leurs enfants, et les ai aussi envoyés à l’école. » Le père Alain n’oubliera jamais le sourire de François et sa plaisanterie, adressée aux jeunes : « Vous avez un curé qui est un grand-père ! ».
Le prêtre a décrit au pape, à la manière concrète du missionnaire, le rôle extraordinaire des catéchistes en Thaïlande : « Ils ne sont pas seulement une aide fondamentale, mais ils sont eux-mêmes les protagonistes de la vie de l’Eglise. Chez nous les distances sont très grandes. Le mieux que nous puissions faire est de nous rendre en visite dans un village une fois par mois, pour la célébration de la messe. Les missionnaires n’ont jamais cherché à faire déplacer les communautés. Si un dimanche on célèbre la messe dans un village, on ne fait pas en sorte que les autres villages se déplacent pour y assister. »
En réalité, fait-il remarquer « Chaque village doit être autonome et, le dimanche, chacun doit pouvoir prier dans sa propre communauté, précisément pour être certains que la foi y grandit et que, peu à peu, cette communauté se construit. Chaque fois que nous venons, nous célébrons une messe et toute la communauté se réunit. Entre une visite et l’autre, ce sont les catéchistes qui s’occupent de l’instruction, ce sont eux qui apportent la foi : ils font un travail merveilleux. »
Voilà pourquoi le père Alain les a amenés à Rome, en espérant les présenter au pape : « Ce sont des jeunes qui enseignent la foi dans les villages, qui témoignent de l’amour pour l’Eglise sans en avoir expérimenté l’universalité : à présent ils ont rencontré Pierre et, surtout, ils ont compris que la question n’est pas d’être Européens, mais que l’Eglise est leur maison, c’est la même à Rome et en Thaïlande. »
Lors de la planification du pèlerinage à Rome, le groupe ne savait pas que le pape viendrait en novembre en Thaïlande. « Et cela, dit le père Alain, a été une grande joie de savoir qu’on va le recevoir bientôt chez nous. On a pu lui dire ce qu’on attend nous aussi de ce voyage et les Karen ont pu lui présenter leur pays mettant en particulier l’accent sur la reconnaissance du droit des minorités. »
Une expérience extraordinaire qu’ils raconteront dans leurs villages en tenant entre les mains les chapelets donnés par le pape : « Nous avons prié ensemble, nous nous sommes sentis aimés. »