Une autre mission de l’Église
Frères et sœurs,
Transformer la réalité sociale par la force de l’Évangile, témoignée par des femmes et des hommes fidèles à Jésus-Christ, a toujours été un défi et le demeure aujourd’hui encore, au début du troisième millénaire de l’ère chrétienne. L’annonce de Jésus-Christ, « bonne nouvelle » de salut, d’amour, de justice et de paix, ne trouve pas facilement accueil dans le monde d’aujourd’hui, encore dévasté par les guerres, la misère et les injustices. C’est précisément pour cela que l’homme de notre temps a plus besoin que jamais de l’Évangile : de la foi qui sauve, de l’espérance qui éclaire et de la charité qui aime.1
Cette belle affirmation renvoie à toute la dimension sociale de l’Église malheureusement méconnue d’une majorité de gens dont les chrétiens catholiques eux-mêmes. La mission du croyant ne consiste-t-elle pas plutôt à ne chercher que le royaume des cieux et se détacher des réalités de ce monde ? La seule responsabilité de l’Église dans ce monde n’est-elle pas de baptiser et d’enseigner aux croyants le chemin du salut ? Quel rapport l’Évangile a-t-il avec la réalité sociale ?
Pour une fois nous aimerions bien commencer ce bulletin avec des statistiques sur les œuvres caritatives de l’Église dans le monde de notre temps : les écoles, les universités, les centres de santé, les maisons d’accueil, les aides et soutiens moraux, matériels et financiers, … Mais devrions-nous étaler aux yeux du monde le bien que nous faisons et réclamer ainsi, à la manière du monde, des éloges et acclamations parfois hypocrites ? N’est-ce pas aller à l’encontre de la recommandation de notre Seigneur Jésus-Christ : « Ainsi quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi comme les hypocrites qui se donnent en spectacle… » (Matthieu 6,2). La multiplication du pain, les guérisons, les prises de position contre les chefs religieux et les dirigeants d’Israël sont des signes qui annoncent par eux-mêmes la mission de Jésus :
Sauver tout l’homme et tous les hommes.
« C’est un salut universel et intégral. Il concerne la personne humaine dans chacune de ses dimensions : personnelle et sociale, spirituelle et corporelle, historique et transcendante »2. Jésus n’a cessé d’exhorter ses disciples à continuer ses œuvres ; à sa suite l’Église depuis plus de deux mille ans n’a cessé de faire siens les soucis des hommes et femmes de son temps dans tous les domaines de l’existence humaine : la paix, la justice, le bien commun, la dignité de la personne humaine, le travail, l’environnement… Le royaume des cieux n’est certes pas de ce monde (Jn 18,36) mais il se prépare et s’anticipe ici et maintenant. L’Évangile ne doit pas demeurer une parole, mais doit devenir une vie, un comportement, bref une imitation du Christ…il a donc pour cela besoin de s’incarner dans la réalité quotidienne de celles et ceux qui l’enseignent (l’Église) et de celles et ceux qui le reçoivent. Comme ce sera magnifique que tous deviennent des réalisateurs de la Parole, pas seulement ses auditeurs (cf. Jacques 1,22) !
Père Anselme Atsou
[1] Extrait de la présentation du compendium de la doctrine sociale de l’Église, Card. Renato Raffaele Martino.
[2] Compendium de la doctrine sociale de l’Église, Chap. III, La personne humaine dans le dessein d’amour de Dieu. (N°38)
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L’allégorie du bon gouvernement fait partie d’une une série de fresques d’Ambrogio Lorenzetti placées sur les murs de la Sala dei Nove (la salle des Neuf) ou Sala della Pace (salle de la Paix) du Palazzo Pubblico de Sienne.
Au sommet d’un arbre, la Sagesse tient ouvert le livre biblique ; l’arbre supporte, soutenu par deux de ses branches, les plateaux de la Justice, l’un couronne le juste, l’autre décapite le réprouvé.
Une corde passant par le plateau du juste, passe ensuite entre les mains de la Concorde, équipée d’un rabot pour aplanir les disputes, passe ensuite entre les mains des membres du gouvernement des Vingt-Quatre, pour finir entre les mains d’un grand vieillard barbu vêtu des couleurs de la ville (noir et blanc), le Bien commun.
Situées de part et d’autre de celui-ci pour le guider, ses conseillères et les Vertus théologales (Foi, Charité et Espérance) qui planent au-dessus de lui, et des quatre Vertus cardinales (Force, Prudence, Tempérance et Justice) assises à côté de lui avec la Paix, vêtue de blanc, allongée sur un lit posé sur un amoncellement d’armes, le front ceint d’une couronne d’olivier et avec un rameau d’olivier dans la main, ses symboles.
À son côté est assise la Force, armée d’une massue et d’un bouclier, pour la fermeté des soldats et fantassins que l’on trouve à ses pieds.
Des hommes en armes protègent les citoyens et un groupe de prisonniers ligotés montre l’action des lois et de la justice.
Deux nobles à genoux offrent leurs châteaux à la Commune, en faveur de l’état siennois