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Philibert Vrau : un modèle de dirigeant chrétien

Né à Lille en 1829, mort dans cette même ville en 1905, ce patron d’une entreprise textile a passé la première partie de sa vie à transformer la manufacture héritée de son père non seulement en une société de réputation nationale (le fil à coudre de la marque « Au Chinois »), mais en « usine chrétienne » (avec chapelle, religieuses dans les ateliers, aumônier, etc.), où le personnel était, en pleine révolution industrielle, considéré davantage comme membres d’une même famille (« frères et sœurs dans le Christ ») que comme de simples salariés. 

Le « commis-voyageur de Dieu »

La seconde partie de sa vie, il l’utilisa, vrai « commis-voyageur de Dieu », à sillonner tout le pays, ses tournées commerciales se changeant de plus en plus en pérégrinations de militant catholique, et à prendre conseil au Vatican. Le but de sa vie, « la gloire de Dieu et le service du prochain », consista à développer l’organisation pratique d’innombrables actions caritatives et éducatives, à les financer de ses deniers, à recruter des propagandistes pour des œuvres d’apostolat conformes aux vues de la papauté. Tout cela à une époque où l’Église de France était à la fois majoritairement gallicane et de plus en plus attaquée par la République anticléricale.  

Un jeune Lillois hors du commun

Issu de la petite bourgeoisie du Nord, Philibert Vrau connaît, enfant, une triste expérience au collège municipal de Lille. Adolescent, il délaisse la foi chrétienne au profit du spiritualisme rationaliste que le philosophe Victor Cousin avait mis en vogue sous le Second Empire. Après un essai malheureux dans le monde bancaire, Philibert Vrau, personnalité ardente, insatisfaite de « l’esprit du temps » (voyant tant de riches « abrutis par l’opulence » et de pauvres « abrutis par l’indigence »), se convertit en 1854, notamment après la découverte du spiritisme alors très à la mode (cf. les « tables tournantes » de Victor Hugo). L’année suivante, il demande à son père la permission de quitter la filterie familiale (entreprise qui achète et conditionne des fils de lin) pour entrer en religion. Mais sa famille lui rappelle que l’affaire, très fragile, a besoin de lui, fils unique, pour prendre la relève. Ayant alors pris la résolution de rester « célibataire pour Dieu », secondant son père jusqu’au décès de celui-ci en 1870, il décuple le chiffre d’affaires et donc les bénéfices de l’entreprise (plus de 1000 employés vers 1875, 70 millions de pelotes vendues chaque année). Il prend l’habitude de vivre de peu, dans sa famille, de redistribuer la quasi totalité de ses revenus et de se dépouiller au maximum. Il rêve secrètement de faire de Lille une « ville sainte ». Lille, cité en plein essor industriel et démographique où sévit la misère ouvrière, mais aussi antique cité mariale où un groupe de catholiques dont il fait partie construit, à partir du Second Empire, l’immense église Notre-Dame de la Treille devenue depuis lors la cathédrale du diocèse de Lille. Il lance sur sa région les « œuvres eucharistiques », en développant par exemple l’« Adoration nocturne du Saint Sacrement » en 1857, et surtout en mettant sur pied le premier « Congrès eucharistique international » en 1881 dans les locaux de l’Université catholique de Lille, dont il est l’un des fondateurs.  

Un fervent apôtre de la charité

 En effet, après la mort de sa mère en 1888, menant la vie d’un « religieux dans le monde », il confie pratiquement les rênes de l’entreprise à Camille Féron et accepte la charge de président de la Confrérie de la « Sainte Famille » (une « pieuse union » de prière et de charité d’origine espagnole), et surtout celle de président du Conseil régional des « Conférences de Saint Vincent de Paul ». Il se mue en une sorte de pieux nomade, voyageant six mois de l’année en chemins de fer (au milieu des tempêtes de la « guerre religieuse ») pour aller resserrer les rangs des « Comités catholiques », distribuer à pleines mains des aides, développer les subventions à la presse, ou encore construire des lieux de culte et des dispensaires catholiques. Ses dépenses personnelles étaient très réduites ; on a calculé qu’il donnait (avec grande discrétion) jusqu’à 92 % de ses revenus ; à sa mort, le montant de sa succession sera si faible que le fisc s’en émouvra ! En 1934, son prénom a ainsi été donné à un établissement médical, actuellement « Hôpital Saint Philibert », à Lomme (station de métro de Lille).

Un précurseur de l’enseignement secondaire

Son action dans l’enseignement catholique sera sans doute la plus connue, d’abord du côté des écoles primaires. En 1890 (avant la grande offensive des ministres radicaux-socialistes anticléricaux de 1900), sous son impulsion, c’est 32 écoles de garçons et 34 écoles de filles qui sont ouvertes dans les 12 paroisses de Lille (50% des effectifs totaux). Dès avant la loi de juillet 1875 (qui, brisant le monopole d’État napoléonien, autorisait la création d’universités libres en France), Philibert Vrau s’est employé à créer les conditions favorables à la fondation d’une université catholique pontificale (sous la protection du Vatican) à Lille plutôt qu’à Douai. Il achète avec ses amis 40 000 m2 de terrain sur le boulevard Vauban et, dès 1877, la ville de Lille, sans passé universitaire, aura une Université libre avant une Université d’État. Dans le même périmètre de ce « Quartier latin catholique lillois », une école d’ingénieurs sera créée grâce à lui en 1898, et confiée aux pères jésuites : l’Institut catholique des arts et métiers.  

Vers la canonisation ?

Dès 1911, est inaugurée l’église Saint-Philibert dans un quartier populaire du sud de Lille, qu’il avait financée avec son beau-frère, parmi bien d’autres lieux de culte. L’aspect architectural et moral de la capitale de la Flandre française serait bien différent si Philibert Vrau et Camille Féron n’avaient pas eu une telle vocation de bâtisseurs et d’évangélisateurs. Bien des personnes appelaient à l’époque Philibert Vrau « le saint de Lille ». Un procès de béatification de ces deux entrepreneurs chrétiens hors normes fut ouvert, en 1912, sous la houlette du coadjuteur de l’archevêque de Cambrai (il n’y a pas d’évêque à Lille avant 1913), après la parution du récit hagiographique de la vie de Philibert Vrau et de Camille Féron, par Mgr Baunard, recteur de l’UCL (Université Catholique de Lille). De nombreux témoignages, notamment d’ouvriers, furent recueillis, tous favorables. Le procès se poursuivit à Rome dans les années 1930. Il fut interrompu dans les années 1950 par le cardinal Liénart, sensible au contexte sociopolitique de l’époque où les syndicats, même chrétiens, semblaient hostiles par principe au patronat, souvent dénoncé comme « paternaliste ». De nos jours, une association (“Les Amis de Philibert Vrau”) a repris le flambeau pour rouvrir le dossier de ce « serviteur de Dieu » dont les bienfaits gagnent à être (re)connus et continuent de porter de beaux fruits.

Jean-Louis Pelon

Guide-conférencier, chroniqueur (La Croix du Nord, RCF-Nord de France), membre de l’Association des “Amis de Philibert Vrau”

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C’est guidé par l’Esprit que Syméon reconnait Jésus !
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Seigneur, que l’Esprit ouvre les cœurs et aide à discerner la vocation à laquelle tu appelles chacun de tes enfants.

Nous te confions plus particulièrement aujourd’hui ceux que tu appelles à une vie consacrée.

AMEN

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