Travailler toute la semaine pour pouvoir se reposer le dimanche : drôle de manière de concevoir le temps qui passe. Car c’est bien chaque jour qui est unique et précieux à vivre.
Après avoir valorisé le dimanche (Vivement dimanche !), nous vous proposons de passer en revue les autres jours de la semaine.
Après le dimanche, c’est bien entendu le lundi ! Nous y reviendrons ultérieurement, non parce qu’il est perçu chez certains comme une routine ou un retour aux activités contraintes, mais parce que, en ce mois de février, nous voulons évoquer le mardi gras et le mercredi des Cendres.
Mardi
Ce terme vient de Marti dies, jour du dieu romain Mars, un jour pour faire la guerre en quelque sorte, tant cette divinité le personnifie.
Faut-il rappeler que la Bastille a été prise le mardi 14 juillet 1789 ?
Dans notre canton de Rostrenen, lorsqu’on prononce le mot « mardi », cela évoque inévitablement le marché hebdomadaire. S’il a évolué depuis la fin du 20ème siècle, avec la disparition du marché aux bestiaux, époque à laquelle la ville était noire de monde, ce rassemblement a conservé une bonne attractivité pour tout le territoire.
Dans la culture chrétienne, c’est surtout un jour de fête pour manger gras (le fameux mardi gras) avant d’entrer dans la longue période de jeûne du Carême, quarante jours avant Pâques.
L’origine du mardi gras date du temps des Romains. Cette fête s’intitulait les calendes de mars. En effet, les Romains célébraient le réveil de la nature. À cette occasion les interdits étaient transgressés et les déguisements autorisés.
En réalité, la fête du mardi gras est une fête d’origine catholique qui précède le mercredi des Cendres. En 1094, la fête est déjà mentionnée à Venise et, au 13ème siècle, le Sénat prescrivait que l’on considère la veille du Carême comme un jour de fête.
De multiples carnavals ont lieu un peu partout en France. C’est un temps de divertissement et de réjouissance qui répond au besoin d’oublier les soucis de la vie de tous les jours. C’est actuellement le sens du carnaval.
Carnaval vient du latin carne vale, ce qui signifie « adieu à la chair ». C’est l’occasion de se rappeler, avant quarante jours de pénitence, que « Tout ce qui pénètre dans la bouche passe dans le ventre, puis est rejeté. Mais ce qui sort de la bouche provient du cœur et c’est cela qui rend l’homme impur » (mauvaises pensées, immoralité, médisance, …). (Mt 15, 11)
Si la langue française incite à faire bombance une dernière fois, celle de Shakespeare invite à se confesser avec le Shrove Tuesday (to shrive, c’est se confesser et absoudre).
Mercredi
C’est le jour du dieu Mercure (en latin Mercurii dies). Dans la tradition chrétienne c’est par le mercredi des Cendres que s’ouvre la période du Carême.
En 1882, le jour de congé scolaire est fixé au jeudi, mais en 1972, ce jour passe au mercredi. Et c’est ainsi que nous entendons régulièrement les enfants de l’école primaire s’écrier : « Chic, c’est mercredi. » Pour eux c’est un jour enchanté : pas d’école !
Le mercredi des Cendres (en latin dies cinerum) est un jour de pénitence et de jeûne. Cette fête mobile a lieu 47 jours avant Pâques : elle se fête au plus tôt le 4 février, au plus tard le 10 mars. Cette année elle est fixée au 22 février.
Ce rite des cendres est lié à la pénitence dans l’Ancien Testament : « Je me mis à jeûner et, vêtu de vêtements en étoffe grossière, la tête couverte de cendres, je me tournai vers le Seigneur Dieu pour le prier et lui adresser des supplications. » (Daniel 9 – 3)
« Le roi de Ninive se leva de son trône, ôta son habit royal, se couvrit d’une étoffe de deuil et s’assit sur la cendre. » (Jonas 3 – 6)
Le pape, Grégoire 1er, institue, au 6ème siècle, la coutume de consacrer au service divin les cendres des rameaux de l’année précédente et de tracer, avec ces cendres, une croix sur le front des fidèles.
En recevant cette croix des cendres, les fidèles doivent prendre conscience de leur caractère éphémère et être appelés à la conversion.
Adepte des citations, je ne peux résister au plaisir de vous livrer celle-ci : « Si haut que l’on monte, on finit toujours par des cendres. » Au-delà du jeu de mots, nous pouvons, en tant que chrétiens, prendre conscience de la fragilité de nos vies et apprendre le chemin de l’humilité, en méditant les paroles de Jésus, lançant cet appel : « Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. » (Mt. 11 – 29)