Le premier dimanche du mois d’août, c’est le Pardon de St Gonery à Locarn. La chapelle est bien petite pour contenir les fidèles et une tente est dressée à l’extérieur pour abriter ceux qui ne peuvent pas y entrer. La messe est célébrée par le Père Yves Poilvet, notre curé.
« Vanité des vanités, tout est vanité ! » disait Qohèleth dans la première lecture,Et dans l’Evangile Jésus nous rappelle « Gardez vous de toute avidité » et nous donne la parabole du riche insensé (Lc 12, 13-21). Dans son homélie, le Père Yves, a commenté cette parabole : Il s’agit, notons-le, d’une richesse honnêtement acquise : la richesse d’un homme dont la terre a bien rapporté. Quels vont être les réflexes de cet homme devant la chance, devant une surabondance inespérée ?
« Que reste-t-il à l’homme de toute sa peine ? »
D’abord il veut se mettre à l’abri des aléas. Sécurité d’abord : il va constituer des réserves, et investir dans la construction de nouveaux greniers, pour garder constamment la main sur ses richesses. Ensuite il va enfin profiter : « Je me dirai à moi-même : Te voilà avec quantité de biens pour de longues années. Repose-toi, mange, bois, fais bombance ».
Et l’homme s’installe pour des vacances perpétuelles. « Insensé », lui dit Dieu, « Cette nuit même je vais te redemander ta vie, et ce que tu as préparé, qui donc l’aura ? » Qui l’aura quand tu ne seras plus là pour t’en servir et en profiter ? Qui l’aura quand la vie terrestre aura cessé pour toi ?
Ce que Jésus vise dans sa parabole, c’est le réflexe d’accumuler les biens et la tentation de s’appuyer sur des réserves matérielles pour vivre sans horizon, sans projet fraternel, au niveau de la jouissance immédiate. Si l’on « s’enrichit pour soi-même », comme dit Jésus, rien de ce trésor ne passera dans la vie définitive ; mais si un croyant s’enrichit « en vue de Dieu », s’il met toutes les ressources de son intelligence et de son cœur au service du dessein de Dieu sur lui et sur le monde, sa gérance généreuse libérera son cœur, et son trésor d’amour l’attendra près de Dieu.
Qui est St Gonery ?
Frère Albert le Grand raconte, Dom Lobineau confirme:Au VIe siècle, natif d’Irlande et de naissance distinguée, il débarque non loin de Vannes, probablement avec sa mère, Sainte Eliboubane. Il installe son oratoire à Rohan, dans la forêt de Brocéliande où il célèbre la messe tous les jours. Un jour, perdu dans ses oraisons, il n’aperçoit pas le propriétaire des lieux qui le salue. Vexé Alvandus, Seigneur de Noyal, interroge son sénéchal « Qui est celuy qui, sans non congé, demeure sur mes terres? » Le sénéchal répond « c’estoit un bon prêtre éstranger qui avoit tout quitté pour l’Amour de Dieu ». Non satisfait de la réponse, Alvandus ordonne à ses valets et palefreniers de lui amener le saint. La canaille battit le prêtre tandis que le seigneur regagnait son château. Le sénéchal intervint pour arrêter la bastonnade, l’homme de Dieu resta inerte sur le sol. Le sénéchal releva le saint tandis que celui-ci réclamait à Dieu leur pardon. Dieu ne l’entendit pas de cette oreille et rendit les serviteurs immédiatement sourds et aveugles.
Informé et dans la crainte Alvandus accourut et se jeta aux pieds du saint. Tout fut pardonné et le prêtre redonna vue et oreilles à ses agresseurs. Alvandus voulut enrichir St Goneri mais celui-ci fit comprendre qu’il préférait la richesse de Dieu. Le seigneur des lieux se fit catéchiser et vint écouter la messe chaque jour.
Ces miracles attirèrent bon nombre de paysans et pêcheurs, même des gens des villes qui se firent évangéliser.
On lui demanda de célébrer un mariage. Pour cela il aménagea des rochers en chapelle (peut-être un dolmen). Durant la cérémonie, l’esprit du mal fendit un rocher en deux afin d’écraser tous les participants. D’un geste du saint, le rocher resta suspendu en l’air.
Sa trop grande popularité l’ennuya. Fatigué il partit pour le Tréguan, sur la paroisse de Plougrescant, construisit une chapelle où il sera enterré. Il reprit sa vie de solitude et de travail manuel en élevant des moutons à Porz Bugale.
Jadis le jour du grand pardon, des pèlerins emportaient les reliques de Saint Gonéri jusqu’à l’Ile de Loaven où Sainte Eliboubane, sa mère, était inhumée dans sa chapelle.
Sources: Albert le Grand (1637) – Dom Lobineau (1725) Bibliothèque Nationale