En ce dernier trimestre, nos regards se tournent vers le pape François. Malgré sa voix frêle et ses problèmes physiques, il déploie une grande énergie, scandant des mots fermes.
Ce mois d’octobre le synode des évêques se réunit à Rome autour de vingt et un nouveaux cardinaux dont deux français.
Ce synode est un moment charnière de la réforme voulue par François il y a dix ans dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium (la joie de l’Évangile). À sa tête, une religieuse française, Nathalie Becquart, qui incarne la réelle volonté d’accorder du pouvoir aux femmes. En effet, pour la première fois des laïcs et trente-cinq femmes prendront part au vote des décisions. « Partout où c’est possible, des équipes de gouvernances mixtes doivent être mises en place. Il faut plus de femmes à tous les niveaux », fait remarquer la religieuse.
Par ailleurs, il importe de revenir sur la visite du pape à Marseille qui est « une incontestable réussite. De celles dont tant les catholiques que le pays nous avons bien besoin », écrit l’éditorialiste de la Vie. François, venu conclure les rencontres méditerranéennes les 22 et 23 septembre, a frappé les esprits par ses paroles fortes.
Cette visite est à l’initiative de Mgr Aveline, cardinal créé en 2022, très proche du pape « pour un christianisme d’ouverture, partisan d’une vision d’Église moins européenne, tournée vers le reste du monde. »
Dès son arrivée, le pape a prié avec le clergé sur les hauts de Notre-Dame-de-la-Garde, puis participé à une cérémonie interreligieuse en hommage aux marins et migrants disparus en mer : « La mer est source de vie, mais aussi un lieu évoquant la tragédie des naufrages, causant la mort. » François a consacré une partie de son pontificat à être l’avocat des migrants. En 2014, il déclare au Parlement Européen : « On ne peut tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière. » Depuis cette date que de migrants morts en tentant de traverser la mer !
« Ne nous habituons pas à considérer les naufrages comme des faits divers et les morts comme des numéros. Non, ce sont des visages et des histoires, des vies brisées et des rêves anéantis. »
Paris-Match fait remarquer : « La messe célébrée devant 57 000 fidèles a conquis le cœur de toutes les générations et fait chavirer le stade Vélodrome, cathédrale du football. » Cet office est le point d’orgue de cette visite. Le pape prêche sur l’épisode biblique de la rencontre entre Marie et sa cousine, Elisabeth, faisant le parallèle entre le tressaillement divin et le tressaillement de la foi.
Puis, en quelques mots, après des paroles de bienvenue, en français au début de la messe, le pape clôt dix ans de polémiques en concluant son homélie par ces beaux vers de Paul Claudel : « Je vois l’église ouverte. (…) / Je n’ai rien à offrir et rien à demander. / Je viens seulement, Mère, pour vous regarder… »
Le pape a également rappelé la doctrine de l’Église, la sollicitude pontificale envers les migrants nourrissant depuis une décennie l’incompréhension, voire le rejet chez certains catholiques habités par l’angoisse d’être submergés par une immigration massive.
« N’oublions pas le refrain de la Bible : "L’orphelin, la veuve et l’étranger : ce sont ceux que Dieu a ordonné de protéger." »
Accablés par les scandales au sein de l’Église, les querelles internes et la déchristianisation, les catholiques avaient besoin de l’affection et de la tendresse du pape à l’occasion de cette fête populaire. Une femme agnostique confie : « C’est un homme qui fait du bien en apportant la paix et l’espoir à une ville qui en a bien besoin. »
Pour conclure, redonnons la parole au pape François, sachant qu’à l’aube de l’automne, si le mistral a soufflé sur Marseille, l’Esprit-Saint également.
Ce message du « pape superstar » va droit au cœur :
« Nous avons besoin de la grâce d’un tressaillement, d’un nouveau tressaillement de foi, de charité, d’espérance. Nous avons besoin de retrouver passion et enthousiasme, de redécouvrir le goût de l’engagement pour la fraternité, d’oser encore le risque de l’amour dans les familles et envers les plus faibles et de retrouver dans l’Évangile une grâce qui transforme et rend belle la vie. »