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Illustration du purgatoire dans Les Très Riches Heures du duc de Berry(XVe siècle)

Le purgatoire est un lieu d’espérance

Loin des idées reçues, Mgr André-Joseph Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles (Belgique), rappelle que le purgatoire est certes un lieu de purification, mais aussi d’espérance. Entretien

Le Christ n’évoque pas le purgatoire dans les Évangiles. Cette doctrine n’a été définie comme une vérité de la foi qu’au concile de Florence en 1439…

Mgr André-Joseph Léonard: Il y a beaucoup de réalités dont Jésus ne parle pas dans les Évangiles ! En tout cas, pas explicitement. Il n’a jamais employé le mot « Trinité », ni le terme « évêques ». Mais il est, implicitement, à l’origine de leur découverte. De même, il n’a jamais parlé du « purgatoire ». Cependant, le Christ a clairement laissé entendre que nous avons besoin de conversion et de « purification » pour entrer dans la pleine communion avec lui. Ses toutes premières paroles dans l’évangile de Marc sont une invitation à la conversion: « Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 15). Ainsi, ses exigences sont radicales : il faut l’aimer, lui, plus que tout! « Qui ne prend pas sa croix et ne vient pas à ma suite n’est pas digne de moi. Qui aura trouvé sa vie la perdra, et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera » (Mt 10, 38-39). Implicitement, cela suggère que nous n’entrerons dans la béatitude de la vie éternelle que lorsque nous serons totalement dépouillés de nous-mêmes, de notre égoïsme natif. Fût-ce après notre mort, si les épreuves et les choix de notre vie présente n’ont pas suffi à nous faire « perdre » notre vie pour la « trouver » en lui.

Quand cette notion de purgatoire est-elle fixée?

Bien avant que l’existence du purgatoire soit définie au concile de Florence en 1439, sa réalité était vécue existentiellement, même si le mot n’était pas encore utilisé. Les dissensions entre l’Orient et l’Occident, comme aussi entre catholiques et protestants, sur cette question, portent donc moins sur le fond de la doctrine que sur sa formulation, et les images que l’on s’en fait. En fait, c’est surtout la pratique de la prière pour les défunts qui a, dès le début, poussé l’Église à faire place, d’une manière ou d’une autre, à l’idée d’une purification des défunts au-delà même de leur mort. Quel sens cela aurait-il de prier pour eux, de célébrer l’Eucharistie à leur intention, si aucun « progrès » n’était possible dans l’au-delà ? Comme souvent, lex orandi, lex credendi: « La loi de la prière est aussi celle de la foi. »

Le deuxième concile de Lyon en 1274 et, surtout, celui de Florence en 1439, en raison des différences d’expression entre Grecs et Latins, proposèrent, concernant les défunts, la formule de conciliation suivante : « Si, vraiment pénitents, ils meurent dans l’amour de Dieu, avant d’avoir satisfait, par des dignes fruits de pénitence, pour ce qu’ils ont commis ou omis, leurs âmes sont purifiées après la mort par des peines purgatoires. »

 Pensons aussi au beau témoignage de Monique, la mère de saint Augustin. Elle refusa, au moment de mourir, à Ostie, la proposition de ramener son corps dans son Afrique natale : « Laissez mon corps où vous voulez, mais souvenez-vous de moi auprès de l’autel du Seigneur, où que ce soit. » Elle exprimait ainsi sa foi dans l’efficacité de la prière pour les défunts et se référait ainsi implicitement à l’existence du purgatoire.

Peut-on définir précisément le purgatoire?

Le purgatoire, c’est l’amour de Dieu, tel qu’il est vécu par celui ou celle qui a déjà dit « oui » au Seigneur au cours de sa vie terrestre, mais avec des réserves, des compromissions.

Pour cette raison, cette personne doit être « purifiée » au-delà de la mort [à la suite de son jugement particulier et dans l’attente du Jugement dernier, le retour en gloire du Christ, NDLR], de ses derniers attachements excessifs à son petit « moi ». C’est donc un « lieu » de dépouillement, mais aussi d’espérance, car les âmes du purgatoire sont assurées de leur salut, même si elles doivent encore être « purifiées ». Car seul celui qui est pleinement libéré des attaches du péché peut entrer dans l’innocence infinie de l’Amour de Dieu.

Dans quel état sont ces âmes?

Avec sainte Catherine de Gênes (1447- 1510), dans son Traité du Purgatoire inspiré de son expérience mystique, il faut souligner, j’y insiste, sur le fait que le purgatoire est un état d’espérance. Même Dante, dans sa Divine Comédie, quand il visite le purgatoire et en décrit les redoutables « purgations », même lui, si friand de châtiments redoutables, orne déjà le purgatoire d’un peu de lumière et de fleurs laissant entrevoir la béatitude du paradis. J’en tire une conclusion pour nous: il est bon de nous préparer ici-bas au purgatoire qui nous attend probablement après notre mort. Certes, nous vivons déjà une sorte de purgatoire terrestre à travers les souffrances, les humiliations, les dépouillements, les maladies et, finalement, l’agonie et la mort que nous impose la vie ici-bas. C’est déjà une fameuse purification, qui nous débarrasse de nous-mêmes. Mais si cela ne suffit pas – et pourvu que, dans l’ensemble, nous disions « oui » à l’amour de Dieu – il y aura encore, heureusement, l’ultime purification du purgatoire au-delà même de la mort.

Vous pensez donc que le purgatoire peut donner un sens à nos souffrances ici-bas?

Assurément. Et le témoignage de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est éloquent, à ce sujet. Elle n’aimait pas trop le purgatoire et espérait vivement avoir vécu les purifications nécessaires, dès cette vie !

Dans son admirable Acte d’offrande à l’amour miséricordieux, évoquant le « martyre » de sa vie finissante – elle est alors déjà rongée par la tuberculose –, elle écrit: « Que ce martyre, après m’avoir préparée à paraître devant vous, me fasse enfin mourir et que mon âme s’élance, sans retard, dans l’éternel embrassement de votre miséricordieux amour. »

« Sans retard », signifie pour elle : « sans passer par le purgatoire »! Déjà lors de sa profession religieuse, elle avait écrit un billet dans lequel, tutoyant Jésus, ce qui était rare à l’époque, elle lui demande pardon de lui demander des folies – mais elle les demande quand même – et, notamment, que toutes les âmes du purgatoire soient libérées ! Elle croit au purgatoire, en bonne catholique, mais, manifestement, elle le préfère vide et nous encourage à le vivre dès ici-bas, en supportant avec beaucoup d’amour les épreuves inévitables de notre existence terrestre.

Comment aider les âmes du purgatoire?

En priant pour elles et donc en ne les oubliant pas. Elles font partie de l’Église. Nous prions d’ailleurs, à chaque messe, pour les défunts. En revanche, on ne les aide pas du tout quand on cherche, par des pratiques occultes, à « invoquer » les âmes des défunts, en se livrant par exemple au spiritisme, fût-ce par jeu. En outre, ce n’est jamais un jeu. C’est toujours Satan qui tire les ficelles de ces pratiques. Dans le même ordre d’idées, je voudrais souligner le danger des croyances en une « réincarnation » des âmes des défunts. À cet égard, la doctrine du purgatoire, même si elle n’a plus guère la cote aujourd’hui, est d’une grande actualité. Elle est, en effet, la vraie réponse à un problème auquel la doctrine de la réincarnation, si prisée aujourd’hui par le snobisme ésotérique, n’apporte qu’une fausse solution.

L’un des arguments avancés en faveur de la réincarnation est que la vie ici-bas est trop courte pour s’ajuster à l’infinité de Dieu ou à l’immensité de l’Être. Comment, après une « vie de taupe » menée dans le tunnel obscur de cette vie, pourrait-on être suffisamment préparé à la rencontre éblouissante avec la Lumière ? Or il est bien vrai qu’au terme de cette vie les humains se retrouveront dérisoirement démunis face à la majesté de l’Amour divin. Mais ce n’est pas de répéter l’existence terrestre qui arrangera les choses ! Car, même après 357 réincarnations en ce monde, les créatures seront toujours aussi peu ajustées à l’Océan de l’Être et de Dieu. Il en va tout autrement de la purification exercée en direct par l’Amour de Dieu, au-delà des vicissitudes de la vie terrestre. Grâce au Ciel, si j’ose dire, le purgatoire nous libère de l’enfer des réincarnations successives ! Sans compter que, n’ayant aucunement conscience d’avoir vécu des vies antérieures, celles-ci ne pourraient influer positivement sur notre existence présente.

Peut-on échapper au purgatoire par la grâce d’une bonne mort?

Certes, mais aussi, et peut-être plus encore, par la grâce d’une bonne vie !

Propos recueillis par Véronique Jacquier (FC N°3743 – 29 octobre 2021)

Mgr André-Joseph Léonard

Archevêque émérite de l'Église catholique en Belgique. Théologien et professeur de philosophie à l'université de Louvain. Nommé évêque de Namur en 1991 et en 2010 archevêque de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles. À la nomination de son successeur le 6 novembre 2015, il devient administrateur apostolique de l'archidiocèse jusqu'au 12 décembre 2015 , où il prend officiellement sa retraite.

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