Les chrétiens considèrent souvent que la Résurrection du Christ n’a de réalité que pour le cœur.
Réfléchissons une seconde : pourquoi croyons-nous que Jésus est ressuscité ? Pour une raison très simple : parce que les Apôtres nous l’ont dit. Et, comme l’écrivait Pascal, on peut croire les témoins qui se font égorger ! Nous ne croyons donc pas à la Résurrection « parce que c’est une belle idée », ou « parce que cela nous aide à vivre », ou même « parce que sinon ce serait trop triste », comme disent les enfants. En tout cas, ce ne serait pas une raison suffisante : « Le plus grand dérèglement de l’esprit, disait Bossuet, c’est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient, et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet. »
Des témoins fiables
Nous croyons donc à la Résurrection parce que l’Église nous a transmis le témoignage oculaire des Apôtres, et que nous n’avons – tout bien considéré – aucune raison solide de douter de ce témoignage. Bien sûr le don surnaturel de la foi nous aide à adhérer à la Bonne Nouvelle ; mais la grâce est toujours ancrée sur une certaine base naturelle ; en l’occurrence, la simple confiance dans la parole de témoins fiables. Or, ce témoignage nous conduit à un fait tout simple – même si ses implications sont gigantesques et surnaturelles : Jésus est apparu vivant, en chair et en os, deux jours après sa mort sur la croix.
La Résurrection n’est pas un symbole, une image, un mythe – non, c’est un fait. Le fait qui casse l’histoire humaine en deux, et sans lequel notre foi serait vaine et notre espérance sans fondement.
Des faits établis
Mais pourquoi faudrait-il croire les Apôtres ? Mettons-nous dans la peau d’une sorte de Sherlock Holmes qui enquête sur cette résurrection, en se méfiant un peu des témoins. Nous aurions face à nous cinq faits bien établis – et d’ailleurs reconnus par la majorité des historiens, croyants ou non. 1° Jésus est mort : c’est indubitable, Romains et Juifs en attestent. 2° Jésus a été enterré dans la tombe de Joseph d’Arimathie : les évangélistes n’auraient pas inventé ce détail, car Joseph d’Arimathie était membre du Sanhédrin… tribunal détesté par les Apôtres. 3° Le tombeau a été retrouvé vide le troisième jour : la tradition juive elle-même le rapporte, optant pour l’hypothèse d’un vol de cadavre. 4° Les Apôtres ont raconté avoir vu Jésus bien vivant après sa mort : ces récits ne sont pas en eux-mêmes des preuves, mais ils supposent au moins des expériences psychologiques extraordinaires. 5° Les apôtres sont passés subitement de la dépression à l’enthousiasme évangélisateur
– les historiens sont tous d’accord sur ce point. Aucun de ces cinq faits n’est surnaturel : un tombeau vide, des récits d’apparition, un bouleversement psychologique… Ce sont des faits parfaitement acceptables et acceptés par la science historique.
L’évidente vérité
À partir de là, la bonne question est : comment expliquer l’ensemble de ces données ? Quelle est l’hypothèse explicative la plus simple, la plus probable ? Un vol de cadavre ? Oui mais par qui ? Par les ennemis de Jésus ? Si c’était le cas, ils auraient rapidement montré le corps pour faire cesser la rumeur de résurrection. Par ses amis ? Mais alors il faut supposer que les Apôtres mentaient et se faisait tuer pour ce qu’ils savaient être un mensonge – « martyr » veut dire « témoin » en grec… Ce n’est pas plausible. Des hallucinations ? Mais Pierre, Jean, Jacques et Paul avaient des profils psychologiques très différents ; il est peu probable qu’ils aient tous été psychotiques… Il reste bien une possibilité : la Résurrection ! Voilà une hypothèse qui rend compte de l’ensemble des données, sans qu’il soit nécessaire de recourir à des complots compliqués ni à des épidémies de psychoses hallucinatoires. Elle suppose une seule chose : un miracle. Mais s’il existe un Dieu, ce qui se démontre par la raison, les miracles sont possibles. Même s’ils ne sont pas fréquents. On peut alors appliquer la maxime de Sherlock : « Quand on a éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable soit-il, doit être la vérité. »
Charles Becquérieux
FRANCE-CATHOLIQUE.FR N°3629 19 avril 2019