Lettre de Mgr Denis Moutel
Le projet de loi relatif à la bioéthique sera débattu en seconde lecture au sénat au début de cette année 2021, à partir du 19 janvier en commission puis en séance plénière, début février. Le groupe de bioéthique de la Conférence des Évêques de France, sous la responsabilité de Mgr Pierre d’Ornellas, alerte depuis plusieurs années sur les évolutions qu’apporte régulièrement le législateur aux lois de bioéthique. Aussi, les évêques souhaitent que quatre vendredis de jeûne et de prière soient proposés aux catholiques de notre pays, à l’occasion de ce débat au sénat.
« Que nos yeux s’ouvrent ! ». C’est le titre de cet appel. En effet si notre conscience s’éveille -trop lentement certes- au respect de la création, nous pouvons reconnaître un certain aveuglement quant au respect dû à tout être humain en raison de sa dignité et de ses droits fondamentaux.
Le projet de loi relatif à la bioéthique s’éloigne encore davantage, dans son état actuel, du respect de la personne humaine : allongement du délai légal de l’avortement, organisation de la privation de père avec un « droit à l’enfant » qui vient faire oublier les droits de l’enfant, élargissement des autorisations de la recherche sur les embryons humains.
Tout en redisant clairement que la science peut susciter des techniques qui nous rendent de précieux services, nous ne pouvons pas abandonner nos devoirs de discernement dans ce domaine, en faisant comme si l’écologie environnementale n’appelait pas une écologie humaine. Nous voulons faire cet effort de vérité sans jugement des personnes, dans un esprit de dialogue et d’unité au sein de nos communautés.
J’invite les catholiques du diocèse à s’engager dans cette initiative de jeûne et de prière qui commencera dès vendredi prochain 15 janvier 2021. Vous trouverez ci-joint une proposition précédée d’une brève explication. Nous pouvons la vivre de bien des manières : à la maison, en communauté religieuse, en paroisse…
Les vendredis 15, 22 et 30 janvier et 5 février 2021, nous pourrons demander à Dieu, avec tous les catholiques de France : « Que nos yeux s’ouvrent ! » (Matthieu 20,33)
Saint-Brieuc, le 08 janvier 2021
Mgr Denis Moutel
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier
Invitation au jeûne et à la prière
Jeûnons et prions pour sortir d’une bioéthique aveuglée. « Amen, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite. » (Jean 16, 23-24)
Le projet de loi relatif à la bioéthique sera débattu en seconde lecture au Sénat au début de l’année 2021. En l’examinant de près, on s’aperçoit qu’il reflète un « affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l’homme. II s’agit d’un domaine particulièrement délicat et décisif, où émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu ».
II est vrai que les techniques biomédicales s’immiscent la où s’origine la vie humaine dés l’émergence de la toute première cellule après la fécondation. « Cependant, tous les croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, ont toujours entendu la voix et la manifestation de Dieu dans le langage des créatures. Au contraire, l’oubli de Dieu rend opaque la créature elle-même. » L’oubli de la transcendance en chaque être humain rend périlleuse la bioéthique.
C’est pourquoi, encouragés par les évêques de France, les membres du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France proposent quatre journées de prière et de jeûne en janvier-février 2021, afin que les yeux de tous – les nôtres et ceux d’autrui – s’ouvrent et sachent discerner la dignité inouïe de toute créature humaine.