Le thème retenu pour le pardon 2024 « Avec Marie, que nos vies soient prière », était bien choisi tant les deux cérémonies, la Vigile du 14 août et la solennité de l’Assomption, furent recueillies et priantes.
Après l’intronisation du buste de la Vierge, le mardi 13, la messe du 14 août s’est prolongée par la procession et le tantad au square de La Fontaine.
Saluons l’implication des bénévoles dans la réussite du pardon et, tout d’abord, l’initiative du père Gaëtan qui avait sollicité des jeunes de la paroisse, dont plusieurs avaient participé au pèlerinage de Lourdes, et des résidents du Village Saint-Joseph pour le grand ménage à la collégiale qui se fit dans la joie et la bonne humeur.
Notre évêque, Monseigneur Moutel, entouré des prêtres de la paroisse et de plusieurs servants d’autel, présidait le pardon. Après la messe, rythmée par de beaux chants connus repris par la chorale et une assistance nombreuse, les fidèles se sont dirigés en procession à travers les rues de la ville.
À 21 h 15, la Vierge couronnée sortait de la collégiale, accompagnée par des membres du cercle celtique et précédant les bannières et les fidèles.
Le nouveau parcours, en place depuis l’an dernier, alternant chants et prière du « Je vous salue Marie », bien sécurisé, a bénéficié de trois stations avec des prières de méditation.
La célébration s’est achevée au square de La Fontaine où un tantad artificiel avait été dressé et l’évêque a insisté sur le rôle de la lumière, avant d’entendre l’Ave Maris Stella au son des clarinettes et le chant du Magnificat.
Le 15 août, la messe solennelle commence traditionnellement par un chant à la Vierge, près de la fontaine, puis l’aspersion, avant de se rendre à la collégiale pour la célébration.
Mgr Moutel a débuté son homélie par la définition du dogme de l’Assomption « Marie élevée dans la gloire du ciel », formule hermétique au premier abord mais que le célébrant a associé à la beauté.
Partant de l’expérience des jeux olympiques « où nous avons pu partager de belles expériences de communion », il nous a invités, au-delà des incertitudes importantes au plan de la vie sociale et politique, à chercher la vérité et à servir la fraternité et, concluant : « Nous tous qui sommes appelés à ressusciter, Vierge Marie garde-nous toujours dans cette espérance. »
À 12 heures, toujours grâce aux bénévoles, nous avons pu nous retrouver autour d’un repas convivial servi dans la salle paroissiale, avant de rejoindre la collégiale pour les vêpres.
Joël Le Biavant
Homélie du 15 août 2024 en la fête de l’Assomption.
» La Vierge Marie a été élevée dans la gloire du ciel, en son corps et en son esprit « . Telle est la définition du dogme de l’Assomption de la Vierge Marie, formule sans doute hermétique à une première écoute … et peut-être surtout à cause du mot essentiel : la GLOIRE.
Comment associer la Vierge Marie à la gloire ? C’est impossible s’il s’agit simplement des honneurs et de la renommée, de la puissance et de la promotion, c’est-à- dire nos catégories habituelles pour dire « la gloire ». Quelque chose, au plus profond de nous-mêmes, nous dit qu’il ne faut pas placer Marie de ce côté-là et l’Évangile est bien là pour nous le confirmer.
Alors je me suis dit que l’on pouvait sans doute traduire « la gloire » par un autre mot … « la beauté ». Et peut-être notre connaissance de Marie y gagnera-t-elle en vérité. La beauté … Les artistes de tous les temps ne s’y sont pas trompés tellement ils ont été inspirés par celle qui respire, justement, la beauté :
- l’attitude de la jeune fille toute disponible à la parole de l’Ange.
- la Madone, les yeux de la maman tournés vers l’enfant nouveau-né.
- et les bras de la Piéta qui retiennent le corps brisé du crucifié.
Ce qui fait la beauté de l’œuvre d’art, ce n’est pas la surcharge ou la complication mais peut-être la rencontre exceptionnelle de la simplicité et d’une lumière unique. L’œuvre d’art, c’est la plupart du temps … un objet simple, un visage ou une scène de la vie quotidienne, mais éclairés de quelle lumière !
Voilà la beauté de Marie … la simplicité du quotidien. N’oublions pas la vie toute simple de Nazareth, sa joie d’être maman, l’épreuve de l’exil quand il a fallu se réfugier en Égypte, et puis sa présence pleine et forte quand elle se tient debout au pied de la croix. La simplicité des paroles aussi. Si peu de mots ! Marie n’est sortie de son silence que pour les mots essentiels :
- Oui … qu’il me soit fait selon ta parole.
- Mon âme chante le Seigneur.
- Tout ce qu’il vous dira, faites-le.
Dans une époque où, pour ce qui concerne la beauté, nous sommes si sensibles au paraître, Marie nous apprend que la beauté ne se conquiert pas à coups d’artifices, qu’elle ne se construit pas. La beauté se reçoit dans le consentement aux activités les plus simples, dans l’accomplissement joyeux des choses ordinaires, avec cette conscience merveilleuse d’être aimé de Dieu : « Mon âme exalte le Seigneur : il s’est penché sur son humble servante ! »
Marie est cette figure de notre humanité en qui la lumière de Dieu ne s’est pas perdue, dissipée, évanouie. Elle s’est concentrée au point d’être entièrement réfléchie, tel un miroir, pour rayonner alentour. Marie étend à toute l’humanité ce rayon de lumière qui l’a touchée : nous en sommes les bénéficiaires. Elle élargit sa joie à l’ensemble du Peuple de Dieu : l’amour de Dieu, elle le sait, s’étend et s’étendra d’âge en âge.
Voulons-nous accueillir cette lumière qui rayonne sur le visage du Christ, qui se diffuse dans la maternelle présence de Notre Dame de Rostrenen ? Voulons-nous choisir la lumière ? C’est le moment après ce beau moment des jeux olympiques où nous avons pu partager de très belles expériences de communion. Beaucoup étaient heureux, même à distance, même sans un intérêt habituel pour le sport. Il est bon de voir que cela a été possible en notre pays, par nous qui passons souvent pour des grognons ou des rabat-joie. Certaines nations n’en revenaient pas.
Cet élan va-t-il retomber ? Sans doute et on nous le prédit pour des jours très prochains, sans doute en grande partie parce que nous vivons des incertitudes importantes au plan de la vie sociale et politique.
Comment s’y prendre ? Est-il possible que nous puissions un peu mieux nous rencontrer, un peu mieux nous comprendre, un peu mieux nous respecter ? Il y a sans doute des attitudes importantes pour cela, que nous pouvons accueillir comme un don de Dieu en ce jour de fête :
- Chercher la vérité … Quand on s’échauffe dans les conversations, quand on relaye de fausses nouvelles ou des amplifications non vérifiées sur un sujet sensible, alors on ajoute du mal au mal. Alors je vais examiner de plus près ce qui m’a été dit : est-ce que c’est vrai ? D’où vient cette information ? Est-ce que j’ai cherché à la vérifier ou bien est-ce que je la propage simplement pour conforter mes à-priori ou les idéologies qui m’habitent ?
- Servir la fraternité. Comment puis-je regarder avec confiance et bienveillance celui qui est différent de moi, et même celui qui semble, à mes yeux perdu ou dans l’erreur ? Cela commence à la maison avec le conjoint, mais cela concerne aussi les relations sociales et publiques en notre pays. Pour ne pas ajouter du mal au mal, nous n’avons pas d’autres ressources que l’exigence de fraternité qui est le trésor de l’Évangile. Cela passe par le don de soi, et les efforts patients pour aimer et construire la paix. Il nous arrive de dire que c’est trop difficile, mais nous oublions alors l’acteur essentiel, c’est l’Esprit Saint. Quand nous vivons des différences qui nous semblent insurmontables, Lui peut faire la communion. Il unit sans uniformiser, il diversifie sans diviser.
La beauté de Marie, c’est-à-dire, son entrée dans la gloire, nous entraîne dans un plus grand désir de communion. Pourquoi ne pas commencer tout de suite ce pour quoi nous sommes faits, ce que nous sommes appelés à vivre toujours ? C’est une histoire qui ne fait que commencer. Si le Christ est le premier-né d’entre les morts, la Vierge-Marie vient après lui dans son assomption puis nous tous qui sommes appelés à ressusciter. Vierge-Marie, garde-nous toujours dans cette espérance !
Mgr Denis Mouitel
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier