Un peu d’histoire ! À l’automne 2016, trois nouvelles sœurs arrivent à la communauté de Rostrenen où les attend sœur Herveline. Les responsables de la congrégation des Filles du Saint-Esprit avaient choisi de renforcer l’unique communauté des Filles du Saint-Esprit restante en Centre Bretagne où elles étaient connues de longue date ! Rostrenen depuis 1824, mais aussi Glomel, Maël-Carhaix, Plouguernével, Plélauff, Perret, Corlay, Plussulien, …

Toutes les trois, Jeannine, Christiane et moi-même, arrivions en un temps favorable où se poursuivait le Synode diocésain qui redynamisait les communautés paroissiales heureuses de chanter :

Nous choisissons l’espérance, désir de joie, de confiance,
Ouvre à ta lumière les yeux de nos cœurs
Pour que nous marchions en Toi, Seigneur.

L’accueil à la collégiale de Rostrenen, le 18 septembre 2016, par le père Jean-Marc L’Hermitte et des équipes de bénévoles des paroisses, dépassait largement notre attente. Tout était soigneusement préparé tant à l’église pour la célébration liturgique que pour la réception à la salle de La Fontaine.

Mais déjà, nous étions sollicitées pour rejoindre ces équipes : en catéchèse, en liturgie, célébration des obsèques, en aumôneries des maisons de retraite… ou encore dans des associations à caractère humanitaire. Progressivement, encouragée par les paroissiens eux-mêmes, chacune a répondu personnellement et en concertation avec la communauté, à l’une ou l’autre de ces sollicitations, selon son histoire, son expérience en pastorale, ses possibilités, ses attraits et ses dons.

Personnellement, interpellée pour l’aumônerie du Centre Hospitalier de Plouguernével, j’ai répondu à l’appel du père Jean Marc à rejoindre Hélène Pinel qui, depuis des années, y assurait une présence assidue avec sœur Bernadette. Cet univers hospitalier m’était inconnu : merci à Hélène qui m’a initiée à cette mission de présence d’Église en hôpital.  J’y ai vécu des rencontres inoubliables, d’une profonde humanité, avec des patients en grande souffrance morale et spirituelle, en attente d’écoute, de réconfort et, parfois, de conseils.

Dans la même ligne, avec quelques bénévoles de la paroisse, j’ai commencé à faire connaissance avec la maison de retraite Mgr Bouché et, plus tard, avec le Long Séjour de Keramour. Chaque mois, une messe célébrée dans l’un et l’autre lieu rassemble des résidents dont les visages et les noms nous sont devenus familiers.  Des liens d’amitié se sont créés, au fil des mois, avec des résidents et des membres du personnel soignant, plus particulièrement avec les animatrices avec qui nous restons en contact et qui nous attendent à l’accueil.

L’association « Action, Justice et Paix » m’ouvrait d’autres horizons ! Je ne saurais dire toutes les activités mises en œuvre pour récolter des fonds pour financer des projets de développement : en Afrique, en Amérique Latine et autres pays en détresse : Troc-et-puces, Vieilles Charrues de Carhaix, Foires aux livres, Soirées crêpes, Marché de Noël…  À tous, merci pour cet élan de solidarité qui n’a pas faibli depuis bientôt 50 ans, même en temps de pandémie. Un souhait : encore longue vie à l’association.

Tout était nouveau en 2016. Quand vient l’heure du départ, regardant le chemin parcouru, je me souviens de la réflexion d’un paroissien : « Commencez par connaître les gens et le pays. » Il ne pensait pas exprimer ainsi le désir le plus profond des quatre sœurs réunies en communauté pour vivre simplement parmi le peuple et participer à la Mission de l’Église comme il est écrit dans leur Règle de Vie. En effet, au-delà des engagements effectifs, la mission des sœurs, comme celle de tous les baptisés, se vit dans la vie quotidienne, dans toutes les relations, de famille, de voisinage, au travail, sur la place du marché, … car l’Esprit souffle où il veut et nous ne savons pas d’où il vient ni où il va.

Les gens, le pays, gardent le secret de leur force et de leur vitalité où églises et chapelles, avec leurs pardons, nous révèlent une terre travaillée par les missionnaires qui ont évangélisé la Bretagne, il y a si longtemps. Aujourd’hui, l’évangélisation cherche des voies nouvelles pour transmettre aux jeunes générations le message de la foi.  Nous pouvons chanter : Peuple du Dieu vivant, qui épouse ton histoire, ne crains pas pour demain ; poussé par l’Esprit, tourne tes pas vers l’avenir, Église du Seigneur […] Puisons nos forces dans le terreau où s’est transmise notre foi […].

Non pas au revoir, mais ensemble en mission, choisissons l’espérance.