Bienheureux Julien Maunoir (1606 – 1683) fêté le 28 janvier
Meulomp, meulomp, Bretoned, meulomp an Tad Maner
Meulomp, mignon mamm Doué ha mignon hon Salver
Er vro-mañ gant karantez, en deus kalz labouret
Pedomp, pedomp, Bretoned, an Tad Mad benniget
Louons, louons, Bretons, louons le Père Maunoir
Louons l’ami de la mère de Dieu et l’ami de notre Sauveur
En ce pays, il a beaucoup travaillé avec amour
Prions, prions Bretons, le « Bon Père » béni
Jeunesse
Julien Maunoir est né le 1er octobre 1606 à Saint Georges de Reintembault (Ille et Vilaine). Ses parents faisaient le commerce de toiles et tissus. Il est le 5ème enfant d’une fratrie qui en comptera 7. Il est baptisé dès le lendemain de sa naissance. Ses parents le dévouèrent aux autels, d’est-à-dire qu’ils l’offrent à Dieu afin qu’il devienne prêtre.
Il va recevoir la confirmation à Fougères, à l’âge de 8 ans, en 1615. Ses parents, ayant à cœur de lui donner une bonne éducation, vont le confier à un prêtre de Saint Georges, qui tient une petite école presbytérale. Il va y apprendre à lire, écrire, compter, parler latin.
Julien aidera, de concert avec ses frères aînés, son père dans l’entreprise familiale d’achat et de vente de tissus. Il va ainsi parcourir la campagne pour des livraisons.

C’est un entraîneur né qui possède un ascendant sur ses compagnons d’âge, et les entraîne à l’église pour prier. Trente ans plus tard, il sera un organisateur remarquable dans les missions paroissiales bretonnes.
En 1620, il entrera au collège, tenu par les Jésuites, à Rennes. Bon élève, il entrera directement en 4ème et non en 5ème, comme le veut la tradition. Le latin est alors la langue de l’enseignement, enseignement magistral devant 200 à 300 élèves, prenant des notes sur leurs genoux, car il n’y avait pas de tables.
Premières formations jésuites : Paris, puis La Flèche :
En 1625, Julien Maunoir se rend à Paris pour le noviciat. Il y restera deux années. Il ira ensuite à La Flèche , au scolasticat jésuite, pendant 3 ans pour se préparer au sacerdoce.
Enseignant à Quimper :

De 1630 à 1633, Julien Maunoir va enseigner le latin et le grec au collège de Quimper. Il rencontre Michel Le Nobletz.
Dom Michel parcourt la campagne bretonne, afin de l’évangéliser ; il est persuadé que Julien Maunoir prendra sa suite. Or, ce dernier pense plutôt partir au Canada.
Il va apprendre le breton, afin de catéchiser dans les campagnes. En 1631, il fera son premier catéchisme en breton
Sept années hors de Bretagne 1633 – 1640 :
Julien Maunoir se fatigue et sa santé s’altère. Aussi, ses supérieurs décident-ils de l’envoyer se rétablir à Tours, dans la communauté jésuite. Il reçoit de son supérieur l’autorisation de faire le catéchisme aux adultes, ce qu’il fait de manière efficace.
En 1634, il est envoyé à Bourges pour commencer des études de théologie, en vue du sacerdoce. Il sera ordonné prêtre en juin 1637 et catéchise les paroisses rurales du Berry.
Il va tomber gravement malade et fait le vœu, s’il guérit, de se consacrer à la Bretagne. Ce vœu sera exaucé.
Il part ensuite à Nevers, puis à Rouen. Il fera, en Normandie, 4 missions dans le diocèse de Lisieux. Ces 4 missions seront le prélude des quelques 420 missions en Bretagne.
Il va également bénéficier d’une fondation perpétuelle, qu’il accepte, afin de l’aider dans ses missions.
Retour en Bretagne :

Dès les premiers jours de l’Avent 1640, le père Maunoir était de retour en Bretagne, où il se sent appelé. Il va retrouver le père Le Nobletz, missionnaire itinérant, retiré à cause de sa santé, et va s’inspirer de ses méthodes : utilisation de tableaux sur la vie du Christ, les 7 péchés capitaux, et les points importants de la doctrine chrétienne.
Ses premières missions concerneront Douarnenez et sa contrée, puis les îles : Sein, Ouessant, Molène.
De 1640 à 1683, il va sillonner inlassablement la Bretagne. La population se presse aux missions qui se font, soit en français, soit en breton selon le public concerné. Des évêques sont parfois présents, ainsi que des nobles. Il sera secondé par le père Bernard, puis par plusieurs prêtres séculiers. Les confessions sont nombreuses, et les missions sont suivies de processions. De nombreux missionnaires seront formés et l’on comptera au total 413 missions.
En 1641, le père Maunoir va publier un recueil de cantiques bretons. En 1678, il en est à la quinzième édition, enrichie au fil des ans. Ces cantiques, vendus au cours des missions, seront très populaires.
Thaumaturge :

Le père Maunoir avait reçu de Dom Michel Le Nobletz, une clochette lui servant à annoncer son arrivée. Le père Maunoir s’en servit pour guérir son compagnon d’un mal d’oreille très aigu, en sonnant la clochette près de cette oreille.
Une pauvre fille de Plounévézel, devenue folle, recouvre la santé en baisant la clochette et peut suivre la mission.
Une autre femme, blessée au bras en travaillant pour les missionnaires, retrouve la guérison, après la bénédiction du père Maunoir.
Des ex-voto se trouvent dans l’église de Plévin, en reconnaissance de grâces accordées.
Derniers jours :
Se dépensant sans compter, le père Maunoir tombe malade. Il se met au lit, à peine arrivé au presbytère de Plévin. Le médecin diagnostique un mal incurable.

Il consacra les dernières heures de sa vie à exprimer tout l’amour qu’il portait à Dieu. Il demandait fréquemment le crucifix, afin de l’embrasser.
Il rend son dernier soupir le 28 janvier 1683, à l’âge de 76 ans, dont 58 passés comme profès de la Compagnie de Jésus et 42 comme missionnaire dans les campagnes, et un peu dans les villes, de la Haute, mais essentiellement de la Basse Bretagne.
Il se produisit alors un phénomène surprenant. A Motreff, le recteur M. Quillerou avec un de ses paroissiens, parle auprès de son église.

Ils aperçoivent une immense lumière qui éclairait le ciel. Le paroissien monte sur un mur, pense qu’il y a un incendie, mais ne voit pas de feu. Cependant, la lumière se maintient dans le ciel. Bientôt, le glas se met à sonner à Plévin et les deux hommes comprirent que le père Maunoir était mort et entré dans la gloire de Dieu. Le recteur et son paroissien se mirent alors à prier. Puis la lumière disparut et ils se retrouvèrent dans la plus épaisse obscurité.
On viendra de loin pour prier et vénérer son corps. Malgré les demandes de l’évêque de Quimper, le père Maunoir restera à Plévin, grâce à la détermination des paroissiens et y sera enterré.
Son cœur sera envoyé à la cathédrale de Quimper, où on peut également admirer un tableau le représentant.
Quelle est cette lumière aux marches de Plévin,
Et dans le soir qui tombe, quel est ce glas soudain ?
Bretons, c’est votre Père, moissonneur de beau blé ;
La lourde tâche faite, il meurt, il est comblé !
Le père Maunoir a été béatifié le 20 mai 1951 par le pape Pie XII.
Deux pardons ont lieu à Plévin, en l’honneur du père Maunoir l’un au mois de janvier pour le pardon d’hiver et l’autre au mois de juillet, pour le pardon d’été.
Le chant du cantique en breton a été composé par le père Martin (1633 – 1686) condisciple jésuite du père Maunoir, dont il fut le bras droit et dont il continua l’œuvre.

Brigitte Géléoc
Sources : F. Morvannou (Julien Maunoir missionnaire en Bretagne) / P. d'Hérouville (Julien Maunoir) / J. Philippe / Site internet des Jésuites



