Ils étaient cinq à la messe de 9 h, le 26 juillet 2016.
Ils étaient plus de 700, un an plus tard, pour la messe célébrée en mémoire du père Jacques Hamel, assassiné dans la petite église de Saint-Etienne-du-Rouvray par deux terroristes islamistes.
Des chrétiens certes, des fidèles d’autres confessions aussi, notamment musulmans qui ont vivement condamné cet acte barbare et même des non-croyants venus se recueillir et partager leur émotion.
A l’intérieur de l’église du 16ème siècle, des politiques dont le président de la République et le premier ministre.
Dans son homélie, dont vous trouverez ci-dessous quelques extraits, Mgr Lebrun, archevêque de Rouen a rendu hommage au prêtre assassiné.
« Dans cette église, le père Jacques Hamel parlait le langage de l’amour. Dans cette église, le père Jacques Hamel a été réduit au silence. Il ne parle plus.
Or, le père Hamel parle encore. Sa vie, sa mort parlent bien au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer. Sa vie, sa mort, parlent, inspirent mais aussi crient. Sa vie, sa mort s’adressent à chacun d’entre nous selon sa propre vie, selon ses propres questions ou ses convictions. …
Sa mort, sa vie crient, mais elles inspirent. Des hommes et des femmes, j’en suis témoin, cherchent de nouveaux chemins. Ils les cherchent en découvrant et recevant le père Jacques Hamel dans leur vie : un homme parmi les hommes, un prêtre parmi les prêtres, fidèle, simple, ordinaire. Alors, des artistes se mettent à composer des poèmes, écrivent des livres, réalisent des objets d’art… d’autres choisissent le silence pour mieux entendre le père Jacques Hamel.
Sa vie, sa mort crient, inspirent et parlent. Elles parlent même doucement. La Parole, dit Jésus, est comme une semence, des grains qui tombent sur le sol. Cela ne fait guère de bruit. Le père Jacques Hamel parle doucement quand apparaît dans notre cœur non plus des images atroces mais sa discrétion, sa persévérance, sa fidélité, sa générosité, sa vie donnée. Sa vie, sa mort parlent quand, dans notre cœur, nous apercevons les premiers fruits du drame : l’amitié, la concorde, le dialogue, en somme l’amour vainqueur, bien au-delà de ce que nous aurions pu imaginer. ….
Jésus met en garde contre les ronces qui étouffent. Quelles sont-elles sinon l’agitation du monde qui envahit nos meilleures intentions ?
Les ronces, quelles sont-elles sinon ces addictions, ces drogues, ces idéologies qui peuvent emporter les enfants, les jeunes, les plus fragiles dans des cercles de violences incontrôlables ? Quelles sont-elles sinon ces mensonges, ces jalousies, ces désirs de paraître, ces injustices qui étouffent notre joie de vivre ensemble ?
Frères et sœurs, Jésus dira aussi : « Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruits » (Jn 12, 24). Jésus parlait de sa mort. Il parlait aussi de la mort de tous les hommes qu’il a unis mystérieusement dans sa mort, pour qu’ils vivent avec lui, le premier des ressuscités. Le père Jacques n’est pas mort seul. Il est mort avec Jésus dont il venait de prononcer les paroles sur l’autel : « Ceci est mon corps, livré pour vous ». A chaque eucharistie nous entendons la Parole de Dieu, nous la célébrons dans sa vie donnée en Jésus, pour tous et à tous. … »
Puis, sur le parvis, l’inauguration d’une stèle où figurent des profils de visages, dont celui du père Hamel permet au chef de l’état de rendre hommage aux catholiques de France pour avoir refusé cette soif de vengeance et de représailles. « Le sourire de Jacques Hamel est devenu ce sourire de résistance, celui de l’humanisme », dira-t-il.
Le président Macron reconnaît, avec ses mots, les racines chrétiennes de la France : « L’état est laïc, nous avons notre histoire mais nos valeurs procèdent de quelque chose de plus profond. Il y a des liens avec la religion. Cette part, c’est ce qui nous rend plus humains : l’amour, l’espérance, le don de soi, l’attachement aux sens et à ses racines, le goût de l’autre. …
Jacques Hamel est une figure inspirante qui donnait du temps avec humilité et générosité. Cette humilité qui le caractérisait est d’ailleurs une des valeurs de l’Église. »
Joël Le Biavant