Mes sœurs, mes frères,
Il était temps de vous rejoindre par mes écrits. Certes, je suis toujours avec vous dans une communion spirituelle mais, voilà avec ces quelques mots, je me sens plus proche de vous et vous plus proches de moi.
Mes bien-aimés, dans ces moments difficiles où nous nous sommes retrouvés confinés dans nos maisons, je veux vous dire combien je suis heureux de voir et d’entendre que, bien que nous n’ayons plus le droit de nous rencontrer ou de nous rassembler en grand groupe, cela n’empêche pas que nous sommes restés proches les uns et des autres ! Par la prière, par un coup de fil, par un mail et par la pensée.
Un petit virus invisible à l’œil nu fait pleurer l’humanité tout entière. Le pire, on sait que cela a commencé à la fin de l’année dernière, pour certains et, pour d’autres, au début de cette année. Et cela se termine quand ? Qui sait ? Le covid 19 fait pleurer les hommes mais l’environnement se réjouit parce qu’il est plus ou moins tranquille. Dans la veillée pascale, un extrait du livre de la Genèse nous confirme le pouvoir que Dieu donne à l’homme depuis la création sur tout ce qui existe : le pouvoir d’aimer et de protéger. Qu’est-ce-que l’homme a fait de cette domination sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les bestiaux et sur les herbes vertes ? L’homme a utilisé son pouvoir dans le sens contraire. Et, comme résultat : réchauffement climatique, catastrophes naturelles, Ébola, virus, épidémie et autres.
Chers amis, nous venons de vivre une semaine sainte spéciale, très spéciale. Sur notre zone pastorale, nous nous étions réunis, en inter EAP, avec l’intention de bien nous préparer spirituellement pour vivre une belle fête de Pâques. Eh voilà, la nature en a décidé autrement.
En ce dimanche de Pâques, l’Église nous rappelle la victoire de l’amour de Dieu sur la méchanceté des hommes ; la victoire de la vie sur la mort ; la victoire de la grâce sur le péché
Devant votre télévision, bien sûr, vous allez vivre la messe de la résurrection du Christ. Un grand jour que fit le Seigneur. Ce jour est toujours le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Nous le savons bien, ce jour ne peut être pour nous un jour de fête et de joie si, comme l’apôtre Pierre dans la première lecture, nous ne sommes pas attentifs aux uns et aux autres et ne sommes pas témoins de l’amour de Dieu. Pierre a été chargé d’annoncer et de témoigner que Jésus est le juge des vivants et des morts. Il a passé toute sa vie à faire le bien.
Ce jour ne peut être un jour de fête et de joie si nous ne sommes pas capables, comme le Christ, de rechercher les réalités d’en haut. Si vous voulez bien, parmi les réalités d’en haut, on peut citer : artisans de paix, défenseurs de la justice, défenseurs des droits des plus pauvres, bâtisseurs d’amour.
Ce jour ne peut être un jour de fête et de joie si, comme les disciples d’Emmaüs, nous ne laissons pas notre cœur brûler par l’amour de Jésus. Lui que cet amour a poussé à donner sa vie pour nous.
Frères et sœurs, les disciples d’Emmaüs, sur la route, ils étaient découragés. Ils ne voulaient plus rester à Jérusalem. Ils cherchaient un petit village, peut-être à la campagne, pour se réfugier. Ils étaient déçus de voir comment, Jésus, leur Maître, se laissait maltraiter, humilier et même tuer comme un agneau, sans rien dire. Et pourtant, tout leur espoir était sur Jésus comme Celui qui pouvait délivrer tout un peuple.
Dans ces temps difficiles que cette nouvelle génération, qui n’a pas connu les deux guerres mondiales, est en train de vivre, Jésus, surnommé « étranger » par Cléophas dans l’évangile, veut rencontrer les malades, ceux et celles qui souffrent, ceux et celles qui perdent l’espoir d’un lendemain meilleur. Pour le faire, Jésus n’a plus de pieds pour marcher, il a besoin de mes pieds et des vôtres. Jésus n’a plus de mains pour toucher, plus de mains pour caresser les malades, il a besoin de mes mains et des vôtres. Jésus n’a plus d’yeux pour voir la souffrance des plus petits, des moribonds, des SDF, des enfants abandonnés et mal nourris qui, assez souvent, sont des ressources économiques pour certains et mêmes pour certaines organisations. Jésus a besoin de mes yeux et des vôtres pour poser un regard d’amour sur ces derniers.
Chers amis, en ce jour de fête et de joie, ayons une pensée spéciale pour tous, celles et ceux qui se sacrifient jour et nuit pour apporter un sourire à ceux qui sont dans la peine. Nous pensons particulièrement aux personnels de santé qui se donnent corps et âme pour le bien-être des autres. Ils s’oublient volontairement pour les autres.
En cette fête de Pâques cette année, osons demander à Jésus de nous rendre disponibles pour sa mission. Osons Le reconnaître, non pas seulement dans l’hostie consacrée mais également sur le visage de nos frères et sœurs, particulièrement les plus petits, les plus pauvres. Car, l’Église que nous formons rate sa vocation et sa mission si elle ne reconnait pas le visage du Christ dans la souffrance des êtres humains et dans les pleurs de la nature. Sinon, nous sommes condamnés à rester dans le vendredi saint sans jamais connaître le dimanche de Pâques.
Seigneur, mets en nous ton Esprit Saint. Ainsi, nous pourrons proclamer avec force par des paroles et des gestes concrets que tu es vivant pour les siècles des siècles. Amen
Les textes du jour :
Première lecture : Acte des Apôtres 10, 34.37-43
Deuxième lecture/ Colossiens 3, 1-4
Evangile Luc 24,13-35
Jean Bernard, votre frère !