Explications avec le Père Philippe Caratgé, de la Fraternité SaintJean-Marie-Vianney, et vicaire à la cathédrale de Lisieux.
L’onction des malades
«Rappelons tout d’abord que tout sacrement est une rencontre du Christ. Le sacrement des malades est cette rencontre du Seigneur en tant qu’il donne à la personne qui le reçoit la force de traverser l’épreuve avec Lui.
C’est un cadeau merveilleux lorsque nous avons une épreuve importante. Dieu se donne vraiment en chaque sacrement. Pour ce qui est de l’extrême-onction, c’est le même sacrement donné en fin de vie ; mais il faut préciser que le mieux est de recevoir suffisamment tôt le sacrement des malades pour profiter de la force et de la grâce que Dieu veut donner. En ce sens, le sacrement de fin de vie est plutôt le viatique, c’està-dire l’Eucharistie, qui permet au mourant de traverser l’ultime étape qu’est la mort, muni de la présence du Seigneur.
Imposition des mains et huile
Ce sacrement comporte deux éléments essentiels : l’imposition des mains et l’onction faite avec l’huile des malades bénie par l’évêque à la messe chrismale. La célébration se développe en plusieurs parties : la demande de pardon (qui invite au sacrement de pénitence), l’écoute de la Parole de Dieu, le sacrement en lui-même avec les paroles ainsi prononcées pendant l’onction : « N., par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit-Saint (Amen). Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève (Amen). » La célébration se termine, quand cela est possible, par la réception de l’Eucharistie.
Qu’apporte-t-il aux malades ?
Le don lié à ce sacrement est double. Tout d’abord le pardon des péchés, comme il est souligné dans les paroles prononcées, et la grâce de relèvement et de réconfort qui peut être très large : cette grâce de force et de puissance apporte essentiellement la paix du cœur, mais aussi peut entraîner une véritable guérison physique et spirituelle. Un des textes de référence est celui de l’apôtre Jacques qui écrit : « Si l’un de vous est malade, qu’il appelle les prêtres (Anciens) de l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon » (Jc 5, 14-15).
Nous sommes donc appelés à retrouver ce sacrement comme sacrement de salut qui, comme le Christ dans l’Évangile, non seulement sauve (donne la vie de Dieu) mais peut guérir physiquement et spirituellement la personne. L’accompagnement des mourants, c’est au fond la présence de l’Église qui se fait proche de ses enfants lorsqu’ils arrivent jusqu’au port d’attache. Combien il importe d’accompagner ceux et celles qui font ce passage vers la lumière, vers le face-à-face avec le Père. On se prépare à mourir, dans une réconciliation pleine avec soi-même,avec ses frères, avec l’Église et avec Dieu. Quelle grâce d’avoir alors à côté de vous des personnes, des frères et sœurs, qui ont la foi, qui prient pour vous et avec vous. C’est un ministère merveilleux de rendre présent, sous une autre forme, le Christ compatissant et attentionné à chacun.
« Œuvre de miséricorde »
À travers cet accompagnement, c’est l’Église notre Mère qui vit pleinement ce qu’elle reçoit : la charité envers les frères ! Rendre présent l’Époux qui va à la rencontre de chaque être humain. Nous sommes des êtres incarnés qui, dans les moments essentiels de la vie, ont besoin du soutien de l’Église en un moment qui peut être un véritable combat entre les ténèbres et la lumière. C’est auprès des plus fragiles, des plus souffrants, des plus isolés, des plus démunis, que l’Église se doit d’être présente. On ne se rend pas compte de l’importance d’une phrase de compassion, d’amour fraternel, d’une simple présence à un moment qui demande un acte de foi en Celui qui n’est que Résurrection et Vie. Il y a parfois des combats importants à ce moment-là, des besoins d’être rassurés et confortés dans la foi.
La prière pour les défunts, une œuvre de charité
La prière pour les défunts est ainsi une des plus belles affirmations de foi, la communion des saints ! Un texte majeur de référence se trouve dans le livre des Maccabées : « Ils se mirent en prière pour demander que le péché commis fût entièrement pardonné… Voilà pourquoi il fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché » (2 M 12, 42.45).
Nous sommes une seule famille, une seule Église, et nous nous portons dans la prière : nous prions pour nos défunts, pour qu’ils soient pleinement purifiés par l’Amour de Dieu, et les saints, eux qui sont pleinement dans la lumière divine, nous portent dans leur intercession. Quelle grâce de former ainsi une seule famille unie dans le cœur de Dieu et travaillant à l’achèvement de notre purification. Nous formons, le Ciel et la terre, une seule communion !
En cette rencontre avec le Seigneur, Dieu de miséricorde, nos vies apparaissent comme elles sont, avec nos pauvretés d’amour et notre misère. Nous ne pouvons plus décider qu’il en soit autrement. Et Dieu dans sa Miséricorde nous purifie par l’unique offrande du Fils qui s’unit son épouse pour ne faire qu’une seule offrande. C’est le Christ, uni à son épouse, qui brûle tout ce qui a besoin d’être purifié ! Combien nous pouvons rendre grâce pour cette communion de prière et d’offrande.
Prier pour les âmes du purgatoire ?
Le Salut est offert à chacun gratuitement ! L’unique sacrifice suffit. Mais Dieu veut aussi que nous participions à son offrande. C’est Lui qui nous unit à Lui pour participer à ce Salut ; ainsi, par notre prière, nous nous unissons à l’unique sacrifice de la Croix. N’est-ce pas ainsi que notre vie devient eucharistique ? L’unique offrande pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde, pour nos défunts comme pour les vivants, pour que chacun se laisse purifier par l’Amour infini. C’est le sens que donne sainte Thérèse de Lisieux à sa Profession religieuse, elle qui écrit quelques années plus tard : « Je me sentais vraiment la Reine, aussi je profitais de mon titre pour délivrer les captifs, obtenir les faveurs du Roi envers ses sujets ingrats, enfin je voulais délivrer toutes les âmes du purgatoire et convertir les pécheurs… » (Man A, 76v).
Recueillis par Émilie Pourbaix
pour France Catholique