Comme vous avez pu le lire dans notre précédent bulletin, notre curé, le père Jean-Marc nous quitte pour le Trégor et, à compter du 1er septembre, il sera remplacé par le père Yves Poilvet.
Avant son départ, nous tenons à le remercier pour ses années de ministère parmi nous et lui donnons la parole.
En septembre tu vas quitter nos paroisses pour Plouaret, Plestin-les-Grèves, Ploumiliau. N’as-tu pas l’impression que 6 ans dans notre Centre-Bretagne c’est un peu court ?
Six années, oui, cela passe vite et peut paraître court. C’est aussi relié à l’ordination qui inscrit le prêtre dans un diocèse, où les appels sont nombreux. Il y a 24 nominations cette année. Les pasteurs passent, mais le Christ reste présent ! Il ne nous abandonne pas. Bien sûr le passage est toujours engageant, exigeant !
Je n’oublierai pas la chaleur des relations humaines : j’ai aimé ce territoire du Centre-Bretagne, ses particularités, son sens authentique de l’accueil, la vitalité de la culture bretonne, sa foi chaleureuse imprégnée de l’esprit convivial des pardons.
Si tu avais à faire le bilan de ces 6 années comme curé de Maël-Carhaix et de Rostrenen, que retiendrais-tu ?
C’est difficile de faire un bilan objectif… Grâce à ma connaissance du territoire, acquise comme séminariste, j’ai essayé d’être pasteur au milieu de vous, conscient de mes limites. Je voudrais m’appuyer sur les échanges que nous avons pu avoir lors du synode, lors des assemblées paroissiales, des rencontres diverses de relecture reliées à la « température » du terrain. Pour dire autrement, nous avons avancé ensemble, avec le talent de chacun, avec nos moyens, nos fragilités, nos richesses. Je garde en mémoire la beauté des pardons qui créent du lien sur un territoire aussi grand. La joie de faire Eglise ensemble lors des rassemblements liés au synode (marche à Gouarec, « paroisses en fête » à Plouguernével) : les gens étaient heureux de se retrouver !
Je suis marqué par le choix réfléchi et pris ensemble avec l’EAP et les prêtres de célébrer les baptêmes au cœur de l’eucharistie dominicale : cela porte des fruits pour éviter les isolements.
J’ai été très marqué également, ces deux dernières années, par l’arrivée et l’accueil des familles migrantes. J’ai vu de nombreux bénévoles s’investir pour les aider. On est si loin du climat de peur ambiant. Comment pouvons-nous avoir peur de ces familles menacées, avec ces enfants au visage souriant, qui attendent de nous l’hospitalité ? Comment ne pas se réjouir de la venue de ces familles dans notre région en proie à la baisse démographique ?
Quel message aimerais-tu laisser aux paroissiens ?
Ne nous laissons pas envahir par l’individualisme ambiant, la peur de l’autre qui est différent : osons la rencontre ! L’Evangile de la Paix ouvre nos cœurs à l’espérance, comme le dit la lettre de saint Pierre : « Vous devez rendre compte de l’espérance qui est en vous. Mais faites-le avec douceur et respect, en gardant une conscience droite » (I P 3,15).
Je reste marqué par la disponibilité et la générosité des bénévoles, à l’écoute de tous, qui se donnent sans compter pour le service de nos communautés. Il faut que la belle énergie continue, car le Christ, Lui, Il reste quel que soit le pasteur ! Faire confiance à l’Esprit Saint qui suscite des énergies nouvelles et être réceptifs à tous. Etre appelant aussi.
Les orientations du synode, choisies ensemble, tracent le chemin : avec le souci de l’intégration des enfants et des jeunes, le besoin de ressourcement pour les forces vives, le besoin de se soutenir les uns les autres.
En septembre, tu vas donc changer de cadre, avec des paroisses côtières. Comment vois-tu ton ministère ?
C’est une nouvelle aventure : je prendrai le temps de bien connaitre le territoire. Je n’ai pas forcément le pied marin, mais je ne serai pas dépaysé grâce aux nombreux pardons (près de 60 !). Je laisse l’avenir se dessiner comme il sera ! Je serai toujours heureux d’accueillir les Centre-Bretons dans le Trégor. Et Je vous confie tous à la prière de Saint Yves, modèle des pasteurs.
Ce n’est qu’un au-revoir, Kenavo !
Propos recueillis par Joël Le Biavant