Nous étions en retraite depuis peu et ce projet nous tenait à cœur pour vivre en couple ce pèlerinage, au début de ce tournant dans notre vie
Les préparatifs
Depuis quelques mois nous participions à des réunions avec l’association bretonne des amis de Saint-Jacques ; elles ont lieu à Quintin chaque 1er samedi du mois. Des personnes qui ont vécu une expérience sur les chemins de Saint-Jacques viennent répondre aux questions des futurs pèlerins. Leurs précieux conseils vont des équipements : sac à dos, chaussures, vêtements, itinéraires, applications internet, aux hébergements, à la restauration… Nous avons apprécié ces rencontres qui nous ont bien aidés à préparer cette aventure pour laquelle nous avions pas mal de doutes.
Le départ
Nous avons quitté notre domicile le 8 mars à 9h en direction de La Harmoye, Le Bodéo pour rejoindre le barrage de Bosméléac qui se situe sur la voie de Compostelle démarrée à l’Abbaye de Beauport. Nous avons emprunté sur quelques kms la rigole d’Hilvern pour rejoindre Merléac, puis le Quillio où nous avions réservé notre 1er hébergement, après ces 23 kms de marche.
Les hébergements
Les associations des amis de Saint-Jacques possèdent, sur leur site internet, les coordonnées d’hébergeurs. Il s’agit de personnes qui proposent le gîte et le couvert, moyennant une participation financière raisonnable. Le plus souvent ces accueillants ont effectué une expérience du chemin de Saint-Jacques, ils sont fréquemment militants dans des associations ou sur leur paroisse ; ce sont de belles rencontres. Cette formule vaut surtout pour la partie française jusqu’à Bordeaux car ensuite il est possible de trouver des gîtes collectifs qui accueillent les marcheurs avec le repas du soir, le petit déjeuner et une belle ambiance entre les pèlerins.
Notre itinéraire
Après notre 1ère halte au Quillio, nous sommes descendus à Saint-Gonnery où nous avons marché le long du canal de Nantes à Brest, jusqu’à Nantes où nous avons dormi chez notre fils, Etienne et son épouse ; nous avions alors parcouru 285 kms en 10 jours. Nous sommes repartis en direction de Clisson, Saintes, Bordeaux, Dax, pour arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port après 5 semaines et 1 000 kms effectués. Nous sommes alors passés en Espagne par le col de Roncevaux et ses 1 200 m d’altitude ; il nous restait 750 kms à marcher sur la voie appelée « le chemin français ».
Les pèlerins
Comme nous nous y attendions, durant les 700 premiers kms nous n’avons rencontré aucun marcheur. Nous avons bien apprécié cette 1ère partie du chemin où nous avons marché en couple. Dans les Landes et le Pays Basque nous avons côtoyé une douzaine de pèlerins ; ce fut d’ailleurs de très bons moments d’échange. Sur l’Espagne c’est très différent puisqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port arrivent les nombreux pèlerins de plusieurs voies dont celle du Puy-en-Velay ; s’y ajoutent les nombreuses personnes qui démarrent leur périple à cet endroit des Pyrénées. Nous avions alors fréquemment une dizaine de marcheurs devant nous et autant derrière !
Une ambiance
Le tutoiement est la règle chez les hébergeurs ainsi qu’entre tous les marcheurs qui, d’ailleurs, se saluent tous, le plus souvent par un « Buen camino (bon chemin) ». En Espagne moins d’un pèlerin sur dix parle le français. Les langues pratiquées sont principalement l’anglais et l’espagnol. Les marcheurs viennent de tous les pays : Espagne bien sûr, mais aussi Corée, USA, Canada, Afrique du Sud, Australie, Hollande…
De magnifiques rencontres
Jusqu’à Bordeaux nous avons été marqués par les belles rencontres que nous avons eues avec nos hébergeurs. Nous arrivions vers 17 h et souvent nous nous voyions offrir un rafraichissement qui permettait un premier contact. Une fois la douche prise et un peu de lessive faite, venait le temps du repas qui était l’occasion de belles rencontres. Après une bonne nuit, le petit-déjeuner et le règlement effectué, nous repartions sur le chemin, encore sous le charme de ces beaux moments vécus. Dans les gîtes-pèlerins c’était différent puisque nous dormions dans des dortoirs. Les rencontres avec les autres pèlerins étaient autant de bons moments autour d’un verre de l’amitié ou pendant les repas. Nous avons bien apprécié ces deux modes d’hébergement. Sur le chemin, durant la journée, une bienveillance naturelle règne entre tous. Il est facile d’entrer en relation, parfois ça dure quelques minutes et parfois quelques jours !
Un état d’esprit
Durant notre périple, nous avons appris l’humilité car même quand tout va bien, nous ne sommes jamais sûrs que nos corps nous permettront de continuer le lendemain. Nous avons appris à accepter ce qui nous arrivait : la météo, les dénivelés, la beauté ou non des paysages, la présence ou pas de pèlerins, les petites douleurs du corps, les ronfleurs la nuit… Nous avons appris à oser les rencontres, quel que soit l’âge, la nationalité en évitant les préjugés…
Un pèlerinage
Pendant ces 62 jours de marche, nous avons apprécié tout ce temps qui nous a permis de nous retrouver pour des moments avec nous-mêmes, pour des échanges au sein de notre couple et pour de belles rencontres. Nous avons eu du temps pour prier, pour demander et rendre grâce. Le jour le plus fort restera notre arrivée à Saint-Jacques, au terme des 1 750 kms parcourus à raison d’une moyenne de 28 kms chaque jour. Nous sommes allés dans la cathédrale pour la messe des pèlerins que nous avons vécue avec tellement d’émotion.
En terminant ce chemin de Saint-Jacques nous avons la conviction que marcher était le moyen et que l’essentiel était dans toute cette belle aventure et dans toutes ces belles rencontres.