Au travers des époques, et peut-être encore plus actuellement, les événements importants, les sujets de société, les faits divers, sont abondamment commentés.
Jamais il n'a été plus facile qu'aujourd'hui de recevoir une multitude d'informations.
Il appartient ensuite à chacun, plus ou moins facilement, de se forger une opinion, de peser le pour et le contre. Souvent, nous sommes avides de vérité et cela nous rassure, avant tout sur nous-mêmes et sur ce que nous désirons vivre ensemble. Parfois aussi, et peut-être plus souvent que nous ne l’imaginons, la discrétion s’impose ou devrait offrir l’apaisement.
Nos médias et nos conversations bruissent d’informations, plus ou moins véritables, et de propos entendus ou répétés. Au-delà des faits, le commérage et l’approximation fonctionnent à plein régime. C’est un constat, en soi ni bon ni mauvais, qu’il nous faut simplement accepter.
Ce déferlement de paroles, d’images et d’écrits, participe à l’émergence d’une liberté fondamentale que nos sociétés sont parvenues à établir. Nos démocraties ne sauraient la réprimer sinon à prendre le risque d’étouffer l’élan naturel qui anime tous ceux qui aspirent à comprendre le monde tel qu’il est, avec ses réussites, ses manques, ses échecs et les ajustements nécessaires.
Nous sommes, en effet, héritiers d’un long processus qui permet et doit encourager l’expression du plus grand nombre. En bien des domaines, nous le savons aussi, il reste important de poursuivre les efforts de transparence.
Chaque personne doit avoir la possibilité de prendre la parole, d'argumenter, de rechercher des compromis, de dire oui ou non.
Nous mesurons cependant toute l’énergie que cela demande. Rarement, face aux événements importants, il devient aisé de prendre immédiatement une position tranchée.
Ce n’est, le plus souvent, que patiemment, que nous réussissons à faire émerger une certaine vérité, au mieux majoritaire, ou, tout au moins acceptable.
La recherche de la vérité est exigeante et nous invite à ne pas endosser l’habit du juge. Vérité et jugement ne sont pas synonymes, encore plus, sans nul doute, quand il s’agit d’histoires de relations qui interrogent la loi établie, les habitudes.
À ce titre, le passage de l’Évangile à propos du récit de la femme adultère peut être, à certains égards, éclairant et nous proposer la discrétion. Le temps que l’on se réserve à ne rien dire permet aussi parfois à l’autre de s’interroger sur son propre positionnement.
Face aux accusateurs pour qui la lapidation s’impose, le Christ fait silence. Il dessine sur le sol.
"Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre" (Jn 8,7).
Silence à nouveau, mais de tous cette fois. Non sans humour, me semble-t-il, le texte se poursuit : « Entendant, ils se retirèrent un à un en commençant par les plus vieux et jusqu’aux derniers ». La femme adultère, elle-même n’a rien demandé, n’a rien promis. C’est pour autant le pardon qu’elle reçoit : « Va et désormais ne pèche plus. »
Alors que nous poursuivons, les uns et les autres, le chemin vers Pâques, puissions-nous trouver les bons mots, ceux qui associent la recherche de la vérité et la pertinence de la discrétion, mais aussi, pour tous, le réconfort et le geste qui relève !