Frères et sœurs,
Après le précieux temps de Pâques, nous voici de nouveau en « temps ordinaire » (depuis le lundi de la Pentecôte). Une période apparemment moins chargée en activités ou célébrations religieuses d’où le qualificatif « ordinaire ». Cependant le danger serait de considérer cette période comme un temps de répit et céder ainsi au relâchement après toutes ces intenses activités spirituelles qui l’ont précédée (carême et Pâques).
Une dame à qui on demandait si elle aimerait participer à la messe (dans un EHPAD) répondit qu’elle avait eu assez de messes dans sa vie, et que l’on cesse donc de la déranger. Elle a simplement dit tout haut ce que certains croyants, ici et ailleurs, pensent tout bas.
Peut-on vraiment faire des réserves en matière de pratiques religieuses ? On ne prend pas de pause dans la vie spirituelle. Chaque seconde, chaque minute qui passe est un temps favorable, une occasion vitale de rapprochement et de connexion avec Dieu à ne rater pour rien au monde car nul ne sait ni le jour, ni l’heure de son retour dans la maison du Père. Saint Paul ne nous a-t-il pas, à la suite de Jésus, recommandé de « prier sans cesse » ? (1 Thess 5, 17) de proclamer la Parole, d’intervenir à temps et à contretemps (2 Tim 4,2) ? Oui, frères et sœurs, continuons de « prier comme si tout dépendait de Dieu… et d’agir comme si tout dépendait de nous. »[1]
Les pardons pour rompre ce « temps ordinaire ».
En Bretagne, et plus particulièrement sur notre zone pastorale, l’heure n’est pas du tout au repos ; nous poursuivons la célébration des pardons, un moment par excellence de célébration des saints locaux (ou non) qui ont marqué, d’une manière indélébile et héroïque, la vie spirituelle du pays breton des siècles durant. Un bel héritage culturel et religieux jalousement sauvegardé et pérennisé de génération en génération grâce à la transmission. Oui, la Transmission, un moyen incontournable par lequel certaines réalités de la vie, dont la foi, sont reçues.
« Je vous félicite de vous souvenir si bien de moi, et de garder les traditions que je vous ai transmises » (1 Cor 11,2) ; « J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis » (1 Cor 11,23) ; « Vous qui étiez esclaves du péché, vous avez maintenant obéi de tout votre cœur au modèle présenté par l’enseignement qui vous a été transmis. » (Rom 6,17) ; « Il aurait mieux valu pour eux ne pas avoir connu le chemin de la justice que de l’avoir connu et de s’être détournés du saint commandement qui leur avait été transmis. » (2 P 2,21)
Puissions-nous à notre tour transmettre, à la génération future, la foi et toutes les richesses spirituelles, matérielles et humaines reçues de l’Église, de la société et de la nature pour anticiper, dès ici-bas, le bonheur qui nous est promis.
[1] Formule tantôt attribuée à Luther tantôt à saint Ignace de Loyola.