Les circonstances présentes obligent à regarder un peu plus loin que le bout de notre nez, pour comprendre que tout est lié : le sort de la planète nous concerne tous. Nous savons maintenant que si nous rendons l’air irrespirable, si nous polluons l’eau des océans, notre vie sera elle-même menacée, malgré tous les perfectionnements techniques dont nous pouvons nous entourer.
Le cosmos et nous
Mais saint Paul nous entraîne encore plus loin dans la découverte de l’imbrication entre nos vies et le cosmos tout entier : « La création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. »
Ce que l’Apôtre appelle la création, c’est l’univers, l’ensemble des œuvres de Dieu, le monde physique, les plantes, les animaux et bien sûr l’homme lui-même.
Paul nous dit cette chose étrange : la condition de l’univers est liée à l’état spirituel de l’humanité. La création a été livrée au néant, comme l’homme lui-même depuis la Chute. La libération de l’humanité des conséquences du péché entraînera aussi celle du cosmos.
Plusieurs questions se posent évidemment à la lecture de ce message surprenant. Qui est celui qui a livré la création au pouvoir du néant ? Est-ce Satan qui a mis sa marque dans toutes les réalités créées, pour obscurcir le lien de toute chose avec le Créateur ?
Travail d’enfantement
Est-ce l’homme qui, par son péché, spécialement le péché d’idolâtrie, a fait un mauvais usage des créatures, leur vouant un culte qui n’est dû qu’à Dieu ? Si on retient la première hypothèse, faut-il penser à une première chute liée à celle des anges, qui met déjà du désordre dans le monde créé par Dieu ? La présence du serpent dans le jardin d’Éden pourrait appuyer cette vision des choses.
Mais le constat est là : le monde, même le monde matériel, n’est plus dans l’état où Dieu l’avait créé. Il gémit « en travail d’enfantement », il attend quelque chose des hommes, il attend que ceux-ci, en se libérant du péché grâce à l’intervention du Christ, entraînent tout le reste de la création vers son accomplissement définitif.
Pas d’idolâtrie
Il y aurait matière à méditer ce texte dans la perspective de l’écologie. On verrait que la question n’est pas seulement de sauvegarder le monde matériel, de le préserver des atteintes de l’homme, mais de lui donner un sens : la nature n’est pas une fin en soi, elle accompagne le développement de l’homme vers son terme qui est Dieu. Et ce terme une fois acquis elle trouvera sa place sur la terre nouvelle qui nous est promise. En attendant, nous avons toute raison de respecter le cadre que Dieu nous a donné, mais nous n’avons pas non plus à l’idolâtrer comme s’il était le but de notre vie.