Le français, disait le père TOURY, est une langue vivante qui évolue au cours du temps, de même que nous, nous évoluons en tant que fidèles : nous ne parlons pas le français du XVIIème siècle.
La nouvelle traduction a vocation à être fidèle à trois choses. La première chose, c’est une fidélité au texte d’origine, le latin, donc on cherche à traduire au plus près du latin.
Aujourd’hui, la version de référence est une version latine de 2002.
C’est ensuite une fidélité au génie propre de la langue : gardons en tête que les destinataires ne sont pas que les Français, mais tout le monde francophone. Et enfin, la troisième chose, c’est une fidélité au destinataire, à l’intelligence des fidèles qui doivent pouvoir entendre et comprendre ce qui est prié. Comprendre dans une certaine mesure, parce qu’évidemment le langage liturgique est un langage particulier avec une dimension poétique qui laisse la possibilité d’entendre les mots dans une diversité de sens. Le langage de tous les jours ne convient pas vraiment pour dire le mystère. (1)
Pourquoi un nouveau missel romain ?
En réalité, il ne s’agit pas d’un nouveau missel mais d’une nouvelle traduction du missel actuel. Comme toute langue évolue avec le temps, il apparaissait nécessaire de retoucher la traduction qui datait de 1970. Les rites de la messe restent inchangés mais la formulation des prières et des dialogues liturgiques entre le prêtre et l’assemblée seront parfois assez différents de ce que nous connaissons actuellement. La nouvelle traduction est donc le fruit de tout ce processus subtil !
Comment et par qui a-t-il été élaboré ?
Le travail de traduction a été réalisé par un groupe d’experts francophones, en lien avec les congrégations romaines. Ce travail a duré environ 15 ans. Une méthode de comparaison a été systématiquement adaptée entre le texte latin, une traduction littérale de ce texte original et la traduction française en usage.
Quels changements avec l'ancien dans les célébrations ?
La majorité des prières, oraisons, préfaces dites par le prêtre, ont été revues. Du côté de l’assemblée, on peut noter quelques changements significatifs :
Dans le symbole de Nicée-Constantinople, le terme « consubstantiel » remplacera l’expression « de même nature ». Cette modification veut mieux exprimer l’identité de substance entre le Père et le Fils au cœur de la vie trinitaire.
Tout en gardant la formule actuelle de prière sur les offrandes « Prions ensemble au moment… Pour la gloire de Dieu et le salut du monde », une nouvelle formule a été créée voulant mieux manifester que Dieu est à la source de ce que nous lui offrons sous la forme du pain et du vin.
Le rajout de la mention « il dit la bénédiction » dans le formulaire de la consécration vient rappeler que Dieu est source de toute bénédiction.
Les formules d’anamnèse seront également un peu modifiées. Pour l’invitation à la communion nous entendrons désormais « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau » qui devrait mieux exprimer le mystère de l’Alliance avec Dieu.
Une plus grande diversité des formules d’envoi, à la fin de la messe, sera également proposée.
A noter enfin, qu’une place plus importante sera donnée au silence pour la réception fructueuse de la Parole de Dieu. Le silence fait partie de l’action liturgique, pour mieux accueillir la Parole.
Quand et comment se fera cette introduction ?
C’est à partir du 1er dimanche de l’Avent 2021 que cette nouvelle traduction devait entrer officiellement en usage dans nos paroisses, aux différentes messes. Mais, il va falloir du temps pour s’habituer aux nouvelles traductions car nous avons mémorisé les formules liturgiques actuelles depuis de nombreuses années ! Dans un premier temps, il faudra accompagner ces changements par divers moyens pédagogiques (feuilles, formations liturgiques, etc…). Il faudra accepter une période d’adaptation assez longue et des petits « couacs » inévitables.
Mais, cette nouvelle traduction doit surtout être accueillie spirituellement comme une manière renouvelée de découvrir les mots qui expriment notre foi et disent le mystère célébré. Une belle occasion pour approfondir l’importance de l’eucharistie comme la source et le sommet de notre vie chrétienne.
Hervé GUEVELLOU
Diacre permanent, Responsable du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle (extraits)
Pour en savoir plus : Le MOOC de la messe