POUR REMPORTER LES PALMES DE LA VICTOIRE!
Le combat spirituel est un exercice éprouvant mais béatifiant.
C’est ce que développe cet opus avec grande lucidité.
Pour entrer dans la paix du cœur… il faut se préparer à la guerre », prévient d’emblée l’auteur. Le ton est donné, sans détour mais non sans but: la paix, celle que nul ne peut ravir. Alors que faire ? S’armer, lutter, mais d’abord se poser et débusquer les ennemis : « Trois influences mauvaises agissent à la racine de la tentation (…): le diable, le monde et la chair. »
Rusé et sournois, le diable séduit, suggère, jette le soupçon, brouille les esprits avec la tyrannie de la consommation et la permissivité des mœurs qui n’épargnent personne. Pas même les chrétiens, lesquels ont parfois troqué le combat spirituel pour le développement personnel. Aujourd’hui, le Tentateur « inocule une apostasie tranquille » en toute impunité.
Mais la tentation n’est pas le péché. Avant d’y tomber se déroule un processus en trois phases : « suggestion, délectation, consentement ». Pour lutter à bon escient mieux vaut en être conscient et bien se connaître, à la lumière de Dieu, dans ses fragilités comme dans ses qualités – deux cibles très prisées par le démon.
Un travail sur soi

Un autre ennemi à vaincre, plus intime mais non moins nocif, c’est nous-mêmes, avec nos petits et gros défauts : « Avec le diable et le monde, la menace provient de l’extérieur, alors qu’avec la convoitise, l’ennemi réside à l’intérieur de la citadelle, en nous-mêmes. » Et pour remporter la victoire, il faudra faire preuve de vertu, multiplier les actes de foi, d’espérance et de charité. Car « la vie chrétienne n’est pas d’abord morale mais théologale », et « la fécondité de notre combat spirituel est dépendante de notre vie théologale ».
Mais au préalable, il faut être réaliste, s’accueillir tel qu’on est et non tel qu’on se rêve, s’accepter et se déterminer. « Dire oui à sa vie n’a rien d’un slogan facile. Cela suppose de gros combats intérieurs avant de s’y ancrer » et « ne nous le cachons pas, ces phases de purification sont douloureuses ». Cela implique une prière fidèle et fervente mais aussi une veille de tous les instants par « la garde du cœur » pour traquer les pensées toxiques et le « discernement des esprits » pour remonter aux causes.
« Notre combat personnel doit être enchâssé dans le combat victorieux du Christ », se nourrir de la Parole de Dieu et des sacrements. « Cultiver une mentalité eucharistique est une décision avant d’être une envie » mais « lorsque le pli de l’action de grâce sera pris, nous serons davantage perméables au trop plein d’amour de Dieu à notre endroit », décentrés de nous-mêmes, aimantés par le Christ. Alors « Dieu peut déployer puissamment son plan d’amour ».
Ce qu’Il a souverainement réalisé dans la Vierge Marie dont le cœur était si humble qu’elle n’opposa aucune résistance aux motions de l’Esprit Saint, et sa foi si profonde que jamais elle ne chancela, pas même dans l’obscurité la plus noire, au pied de la Croix où elle nous est donnée comme mère très compatissante. « Marie a reçu de Dieu cette mission particulière de nous conduire à travers les ténèbres et de nous rafraîchir par sa présence. » Alors, courons nous abriter sous son manteau de miséricorde, dans son silence d’adoration, à l’école de sa sagesse.
Maryvonne Gasse