Les catholiques et les orthodoxes sont chrétiens donc ils croient tous au même Dieu et en la Bible. Les différences sont nées du schisme de 1054 : une histoire de pouvoir politique et de questions dogmatiques et théologiques. Si le pape est le chef de l’Eglise catholique, c’est le patriarche Cyrille qui, depuis 2009, est le chef de l’Eglise orthodoxe russe qui revendique 100 millions de fidèles et 70 % de croyants.
Si l’on observe les églises on admire les clochers à bulbes (ou oignons) inspirés de l’architecture byzantine notamment par leurs coupoles hémisphériques. Ces dômes évoquent la flamme d’un cierge.
Les couleurs sont souvent vives comme celles de l’église Saint Basile de la place Rouge à Moscou. L’or symbolise la gloire de Dieu, les coupoles étoilées sur fond bleu couronnent les églises dédiées à Marie.
Le nombre de coupoles est impair : une coupole symbolise le Dieu unique, trois, la Sainte Trinité, cinq le Christ et les quatre évangélistes, sept rappellent les sept sacrements et treize, le Christ et les douze apôtres.
Quand on rentre dans une église on est frappé par la décoration chargée, la plupart des édifices sont baroques. On y trouve l’iconostase, cloison qui sépare les lieux où se tient le clergé célébrant du reste de l’église où se tiennent les fidèles. La richesse est telle que, dans bon nombre les murs sont entièrement recouverts d’icônes, de mosaïques et de fresques.
La messe orthodoxe, appelée divine liturgie, diffère de la nôtre : on est frappé par l’atmosphère mystique, associant prières répétitives, jeux de lumière des cierges, odeurs d’encens, recueillement des fidèles, …
Pendant l’office notons l’importance des chants et de la chorale, à capella, les instruments de musique sont interdits.
Les fidèles se signent fréquemment, avec trois doigts, de la main droite, touchant l’épaule droite avant l’épaule gauche et restent debout pendant tout l’office. Une liturgie peut durer jusqu’à trois heures.
Les prêtres orthodoxes peuvent se marier avant d’être ordonnés ou font partie d’un monastère. La plupart d’entre eux exerce une profession afin de faire vivre leur famille. Les candidats au sacerdoce ne peuvent plus se marier après l’ordination. Seuls les prêtres célibataires ont la possibilité de devenir évêques. Ils sont choisis parmi les moines et sont souvent supérieurs d’un monastère.
Le fait religieux est indissociable de l’identité nationale. Moscou s’est revendiquée comme une troisième Rome, après Rome et Byzance.
Aujourd’hui, sans être une religion d’état, elle bénéficie d’une série de privilèges par rapport aux autres religions du fait de ses relations avec le pouvoir politique : c’est ainsi que le patriarche Cyrille est très proche de Vladimir Poutine. Cyrille a largement appuyé la politique russe en Syrie notamment en déclarant la nécessité de défendre les chrétiens d’Orient. A l’intérieur du pays l’église orthodoxe a mobilisé l’électorat en faveur du régime de Poutine.
A l’époque des tsars la religion avait également une grande importance. Leur souvenir est toujours présent : par exemple la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Saint-Pétersbourg renferme les luxueux tombeaux des tsars, de Pierre Le Grand à Nicolas II. De même la cathédrale de Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, richement décorée, a été construite en 1883 sur les lieux mêmes de l’attentat qui coûta la vie à Alexandre II. Elle a été financée, en grande partie, par la famille impériale.
La situation change à la révolution russe de 1917. Avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviks et la création de l’Union Soviétique, la persécution religieuse bat son plein : des prêtres sont fusillés ou déportés, le nombre d’églises chute de 30 000 à moins de 500.
Staline, par exemple, en 1931, fait dynamiter l’impressionnante cathédrale du Christ-Saint-Sauveur de Moscou, pouvant contenir 10 000 personnes, pour édifier à son emplacement une piscine extérieure chauffée, la plus grande du monde. Elle sera réalisée sous Khrouchtchev, en 1958.
Mais sous Boris Eltsine, en 1995, la cathédrale est reconstruite à l’identique, en partie grâce à des subventions de l’état mais aussi des dons de mécènes.
Ceci nous montre à quel point la foi orthodoxe a repris souffle : après la chute du régime soviétique, la totale liberté de culte est rétablie. La crise des valeurs a ravivé la foi et à côté d’une recherche spirituelle, beaucoup voient dans la religion un retour à leurs racines historiques.
Plusieurs édifices portent le nom de la Dormition, l’équivalent de l’Assomption dans l’Eglise catholique.
Marie est citée pour la dernière fois dans un livre du Nouveau Testament. Les récits bibliques ne racontent pas la fin de sa vie terrestre, c’est pourquoi des chrétiens ont rédigé des textes pour l’évoquer. On les appelle les récits apocryphes : un ange annonce à Marie sa mort paisible et sereine telle un endormissement, d’où le terme « dormition. » L’Eglise orthodoxe insiste sur la douceur de la mort de Marie. Elle sait que Jésus l’accueillera dans le Royaume de Dieu.
L’Eglise catholique ne parle pas de sa mort mais de l’Assomption, dogme défini par le pape Pie XII en 1950 qui explique qu’à la fin de sa vie elle fut « assumée », c’est-à-dire enlevée au ciel corps et âme.
Joël Le Biavant