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La primauté de Pierre et de ses successeurs est-elle voulue par le Christ ?

La réponse de saint Jean-Paul II synthétisée par Aleteia à partir des catéchèses du mercredi

La primauté a été instituée par Jésus et elle est nécessaire à l’unité de l’Église.

1- La primauté de Pierre a été instituée par le Christ, selon le témoignage des Évangiles où Pierre reçoit seul et personnellement, tout ce que Jésus confie aussi aux douze apôtres collectivement, notamment : le fondement de l’Église, le don des clés, du pouvoir de lier et délier, la charge de conduire les brebis du Christ et de les confirmer dans la foi.

« Le premier, Simon, appelé Pierre » (Matthieu 10, 2)

C’est par cet accent significatif mis sur la primauté de Simon-Pierre que saint Matthieu commence dans son Évangile la liste des douze apôtres qui, également dans les deux autres évangiles synoptiques et dans les actes, débute par le nom de Simon (Marc 3, 16 ; Luc 6, 14 ; Actes 1, 13).
D’autres passages évangéliques (Matthieu 14, 28-31 ; 16, 16-23 ; 19, 27-29 ; 26, 33-35 ; Luc 22, 32 ; Jean 1, 42 ; 6, 67-70 ; 13, 36-38 ; 21, 15-19) montrent avec clarté et simplicité le rôle particulier de Pierre parmi les Douze.

Pierre, malgré sa faiblesse humaine, fut placé expressément par le Christ à la première place parmi les Douze et appelé à exercer dans l’Église une fonction propre et spécifique

Le témoignage du ministère pétrinien

C’est à Pierre – et à Pierre seul – que le sauveur dit « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle» (Matthieu 16, 19 ; Isaïe 2, 21-22 ; Jean 21, 15-17 et Lumen Gentium 19).

L’apôtre « est » cette pierre, ce rocher « Képhâ » (Jean 1,42 ; Galates 1,12) sur lequel l’Église sera édifiée dans la communion de la foi

Jésus ne donne pas seulement un nouveau nom à l’apôtre ; il l’investit d’une mission. Dans la Judée du Ier siècle, le substantif « rocher » n’était jamais utilisé comme prénom. Le nom attribué traduit la communion à Dieu et la nature des prérogatives du serviteur de l’Éternel (Genèse 17, 5).
Pierre s’entend dire aussi « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux. » (Matthieu 16, 18-19).
Les « clefs » symbolisent ici l’autorité capable d’interpréter la loi. Le drapeau de l’État du Vatican, dont le pape est le chef, représente deux clefs croisées.
Pierre est encore celui dont la foi, quand il sera revenu, ne faillira pas, et qui devra « affermir ses frères » (Luc 22, 32).
Il est enfin le pasteur qui guidera toute la communauté des disciples du Seigneur, comme le montre saint Jean (Jean 21, 15-17). À trois reprises, en écho au triple reniement de Pierre et malgré lui, Jésus confirme totalement sa mission « Sois le Pasteur de mes brebis » (Jean 21, 16).

  1. Dans les actes des apôtres, comme dans tous les autres écrits de l’Évangile, Pierre n’est jamais décrit autrement que comme le chef, le porte-parole et le premier des Douze.

Pierre est toujours nommé en premier

Premier des douze apôtres choisis par Jésus (Actes 1, 2), il est aussi le premier apôtre à qui le ressuscité apparaît (Luc 24, 34 ; Corinthiens 15, 5). C’est lui qui indique la voie à suivre pour compléter le collège apostolique après la défection de Judas (Actes 1, 15-22).
Le jour de la Pentecôte, après que l’Esprit Saint fut venu sur les disciples dans la maison où ils se tenaient (Actes 2, 1-13), c’est lui qui prend la parole le premier pour annoncer la réalisation des promesses divines et la Résurrection du Seigneur (Actes 2, 14-36).
C’est lui qui est l’agent du premier miracle obtenu après la Résurrection de Jésus (Actes 3, 6-7). C’est lui qui s’adresse aux fidèles au « portique de Salomon », suite à ce miracle (Actes 3, 13-26).
C’est avec Jean qu’il est arrêté, emprisonné par les sadducéens et le commandant du temple puis forcé de comparaître devant le sanhédrin (Actes 4, 3 ; 4, 5-22) devant lequel il confesse sa foi qui est celle de tous les apôtres (Actes 4, 10-12).
C’est Pierre qui défend les premiers chrétiens devant le sanhédrin (Actes 4, 6 ; 19).
C’est également lui qui interroge Ananias sur la moralité de ses actes (Actes 5, 1-11).
C’est à nouveau Pierre (« et les apôtres » précise le texte) qui répond une seconde fois aux accusations infondées du sanhédrin (Actes 5, 31).
C’est lui qui tient un discours sous la forme d’une profession de foi chez Corneille (Actes 10, 34-43), à la suite duquel « l’Esprit saint tomba sur tous ceux qui avaient écouté la Parole » (Actes 10, 44). C’est lui de surcroît qui parle publiquement (le premier une fois encore) à l’assemblée de Jérusalem, en présence de « l’Église », des « apôtres » et des « anciens » (Actes 15, 4).
Cette présence – sous forme d’omniprésence – de l’apôtre Pierre n’est pas anodine. Elle traduit un rang exceptionnel et reconnu par tous : le premier parmi les Douze.

  1. Cette primauté de Pierre est transmise à ses successeurs, selon la tradition biblique constante, de même que les scribes et les pharisiens enseignaient dans la chaire de Moïse (Matthieu 23, 2).

Simon est devenu par la volonté du Christ la pierre sur laquelle il construira son Église (Matthieu 16, 18)

Se basant sur le témoignage du Nouveau Testament, l’Église catholique enseigne, comme doctrine de foi, que l’évêque de Rome est successeur de Pierre dans son service primatial dans l’Église universelle, et cette succession explique la prééminence de l’Église de Rome, enrichie aussi par la prédication et le martyre de saint Paul.

La chaire de Saint Pierre succède à la chaire de Moïse dans la Nouvelle Alliance

L’Évangile témoigne de ce respect des successeurs légitimes quand le Christ s’adresse aux foules et aux disciples pour leur dire « sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les Pharisiens : faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas » (Matthieu 23, 2). Si le respect et l’obéissance sont dus à ceux qui enseignent dans la chaire de Moïse malgré des comportements scandaleux, combien plus est-on tenu de respecter et d’obéir encore davantage à ceux qui enseignent dans la chaire de saint Pierre !
Le Christ qui institue son Église sur Saint-Pierre en lui promettant que jamais « la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle » (Matthieu 16, 19) parlait évidemment pour tous ses successeurs, dans tous les temps.

  1. La primauté ne signifie pas que le pape est plus saint que les autres, mais que le Christ lui a promis une assistance spéciale pour garder le dépôt de la foi et « confirmer ses frères » (Luc 23, 2).

Pierre et ses successeurs ne sont pas immaculés, loin de là

Dans l’histoire de la papauté, les erreurs humaines et les manquements, même très graves, n’ont pas manqué : Pierre lui-même a reconnu qu’il était pécheur (Luc 5,8).

Mais Pierre, homme faible, fut choisi comme « roc », précisément pour qu’il fût évident que la victoire n’appartient qu’au Christ et n’est pas la conséquence des forces humaines

Le Seigneur a voulu porter son propre trésor dans des vases fragiles (2 Corinthiens 4,7), tout au long des temps : ainsi, la fragilité humaine est devenue un signe de la vérité des promesses divines.
La doctrine de la primauté a été précisée aux Conciles Vatican I et Vatican II, et elle enseigne que le successeur de Pierre a sur l’Église un pouvoir suprême et plénier.

La doctrine de la primauté a été précisée aux Conciles Vatican I et Vatican II

Le successeur de Pierre exerce une fonction magistérielle suprême et universelle. C’est une fonction qui implique un charisme : une assistance spéciale de l’Esprit Saint, qui implique aussi, en certains cas, la prérogative de l’infaillibilité (Pastor aeternus, chapitre IV : Lumen Gentium, 25 ; code de droit canonique 749 §1 ; code des canons des Églises orientales 597 §1).

  1. L’Église indivise du premier millénaire a toujours reconnu cette primauté du siège de Rome.

 « Là où est Pierre, il y a l’Église et là où il y a l’Église, il y a la vie éternelle. » (Saint Ambroise de Milan)

Dans la figure, la mission et le ministère de Pierre, dans sa présence et sa mort à Rome, attestées par la plus ancienne tradition littéraire et archéologique, l’Église contemple une réalité profonde qui est en rapport essentiel avec son mystère même de communion et de salut.
Dès le commencement et avec une clarté toujours plus grande, l’Église a compris que, tout comme la succession des apôtres existe par le ministère des évêques, ainsi le ministère de l’unité confié à Pierre appartient à la structure pérenne de l’Église du Christ et que cette succession est fixée au siège de son martyre.

Parmi les témoignages des premiers siècles, on peut retenir ceux d’Ignace d’Antioche, Irénée de Lyon et Cyprien de Carthage

Vers 110, saint Ignace d’Antioche salue l’Église romaine qui « préside à la charité [universelle] » (Aux Romains, proem., 4, 3).
Vers 180, saint Irénée de Lyon soutient que « toute l’Église » doit être « unie à celle de Rome », « car en elle la tradition apostolique a toujours été conservée » (Contre les hérésies III, 3, 2).
Vers 250, saint Cyprien de Carthage soutient que l’Église romaine est « source et modèle de l’unité » (Épître 33, 1, 1) dans laquelle « l’épiscopat trouve son unité » (Épître 59, 14) ; pour Cyprien, l’Église de Rome est la « matrice et la racine de l’Église catholique » (Épître 48, 3, 1). Il évoque la place de Pierre et de ses successeurs : « Quoiqu’il (Jésus Christ) donne à tous les apôtres un pouvoir pareil, néanmoins il n’établit qu’une seule chaire et en vertu de son autorité il organise l’origine et la raison d’être de l’unité. Les autres apôtres aussi étaient ce qu’était Pierre, mais à Pierre est donnée la primauté : ainsi est montré qu’il n’y a qu’une Église et qu’une chaire. (…) Quiconque déserte la chaire de Pierre, sur lequel est fondée l’Église, se flatte-t-il d’être dans l’Église ? » (De unitate, vers 251, cité par Perrin, op. cit., p. 42)

  1. L’exercice de la primauté peut varier au cours du temps, selon les nécessités du temps, et saint Jean-Paul II a récemment proposé une discussion à ce sujet, pour aider l’unité des chrétiens.

L’exercice du ministère pétrinien peut être réadapté, à chaque époque

Il doit être compris à partir de l’Évangile, c’est-à-dire en fonction de son insertion essentielle dans la mission du Christ et de la construction de l’Église. La manière dont ce ministère s’exerce concrètement dans l’histoire peut varier en fonction des besoins du temps, mais les fondements de ce service restent dans la volonté du Christ et dans la mission qu’il a fixée et donnée à Pierre.

Saint Jean-Paul II s’est exprimé à maintes reprises en ce sens

Il l’a fait tout particulièrement dans son Encyclique Ut unum sint, dans laquelle il a voulu adresser spécialement aux pasteurs et aux théologiens une invitation à « trouver une forme d’exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncer aucunement à l’essentiel de sa mission » (Ut Unum Sint 95).

  1. Mais la primauté, qui est un grand cadeau du Christ à son Église, est ultimement au service de la communion dans la foi et de l’unité de l’Église et elle est indispensable à cette unité.

La primauté est au service de la communion et de l’unité

La pleine communion voulue par le Seigneur entre ceux qui se reconnaissent comme ses disciples requiert la reconnaissance commune d’un ministère ecclésial universel « dans lequel tous les évêques se reconnaissent unis dans le Christ et où tous les fidèles trouvent la confirmation de leur foi » (Ut Unum Sint 97).
L’Église catholique professe que ce ministère est le ministère primatial du pontife romain, successeur de Pierre, et soutient avec humilité et fermeté « que la communion des Églises particulières avec l’Église de Rome, et de leurs évêques avec l’évêque de Rome, est une exigence essentielle – dans le dessein de Dieu – de la communion plénière et visible » (Ut Unum Sint 97).
Seul le Pontife romain peut être, en tant que successeur de Pierre, « le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles » (Lumen Gentium, 23)

La primauté est un grand don du Christ à son Église en tant que service nécessaire de l’unité

L’histoire des Églises ou Communautés chrétiennes séparées de Rome, qui ont donc perdu le lien avec ce principe d’unité qu’est l’évêque de Rome, montre à quel point le ministère de l’unité du pontife romain est nécessaire et utile pour que l’Église reste vraiment une et que la foi soit protégée.
L’histoire malheureuse des séparations, dont les conséquences sont des communautés protestantes aujourd’hui divisées en plus de 1.000 groupes, professant des fois diverses, et des Églises Orthodoxes elles aussi divisées et souvent dépendantes des pouvoirs politiques locaux, sont la démonstration visible de l’utilité du service de l’unité et de la communion dans la foi exercé par le pape.

La primauté a été aussi, souvent, comme le prouve l’histoire, une défense de la liberté des évêques et des Églises particulières face aux ingérences du pouvoir politique

Il n’y a pas et il n’y aura pas d’unité de tous les chrétiens possible sans ce ministère d’unité visible et permanent, qui garantit la communion et la foi, dans le respect de la diversité légitime et des richesses de chacun : « Toutes les Églises sont en communion plénière et visible, parce que tous les pasteurs sont en communion avec Pierre, et ainsi dans l’unité du Christ. » (Ut Unum Sint 94), et de la même manière tous les évêques ne peuvent être les témoins de la vérité divine que quand ils enseignent en communion avec le pontife Romain (cf. Lumen Gentium 25).
Et l’unité de l’Église, au service de laquelle le ministère du successeur de Pierre se met d’une manière singulière, atteint sa plus haute expression dans le sacrifice eucharistique, qui est le centre et la racine de la communion ecclésiale. Ainsi, « Toute célébration de l’Eucharistie est faite en union non seulement avec l’évêque propre mais aussi avec le pape, avec l’Ordre épiscopal, avec tout le clergé et avec le peuple tout entier. Toute célébration valide de l’Eucharistie exprime cette communion universelle avec Pierre et avec l’Église tout entière, ou bien la réclame objectivement » (Catéchisme Église Catholique, 1369).

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