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La gourmandise est-elle un péché ?

Les mangeurs de ricotta de Vincenzo Campi, réalisé vers 1580.

Doit-on définitivement renoncer au plaisir des bons mets ?

En 2003, les plus grands cuisiniers français – Bocuse, Ducasse et consorts – ont déposé aux pieds de JeanPaul II une supplique lui demandant de remplacer le mot « gourmandise » par le mot « goinfrerie » dans la liste – en langue française – des sept péchés capitaux. En vain. Le Saint-Père aurait-il dû accéder à la demande des Amphitryons gaulois? Voilà un sujet idéal pour le début du Carême.

Un « péché mignon »?

De tous les péchés qui figurent dans la célèbre liste de saint Grégoire, il est bien vrai que la gourmandise paraît presque déplacée. Elle détonne par son caractère inoffensif, voire sympathique. N’est-ce pas là le « péché mignon » par excellence? Le goût immodéré pour les éclairs au chocolat – ou pour l’andouillette sauce moutarde – pourrait-il vraiment remettre en question notre salut, au même titre que l’orgueil ou la colère ?

De prime abord, on est tenté de donner raison à la protestation des maîtres queux. Il semble en effet qu’il y ait un problème de traduction: en latin, le péché qui se rapporte à la nourriture, se dit gula, qui donne gluttony en anglais et Völlerei en allemand – c’est-à-dire gloutonnerie. Gula a d’ailleurs donné « goule », et « goulu » en français. Il serait donc assez logique de traduire par « goinfrerie » et non par « gourmandise », qui désigne un penchant plus délicat, plus léger, plus véniel que la brutale obsession de s’empiffrer. Car même si le mot gourmandise, au moment de son apparition, avait bien le sens de gloutonnerie, il est indéniable qu’il l’a perdu dans le langage courant.

Ennemie des excès?

On retrouverait ainsi la définition que donnait Brillat-Savarin, le prince des gastronomes, dans sa Physiologie du goût, ou Méditations de gastronomie transcendante (1825): « La gourmandise est une préférence passionnée, raisonnée et habituelle pour les objets qui flattent le goût. La gourmandise est ennemie des excès; tout homme qui s’indigère ou s’enivre risque d’être rayé des contrôles. Sous quelque rapport qu’on envisage la gourmandise, elle ne mérite qu’éloge et encouragement. »
Emportés par notre élan, nous pourrions continuer sur cette voie en faisant remarquer que le christianisme n’est pas à proprement parler une religion ascétique. Le Christ – que nous devons imiter – n’a jamais dédaigné les banquets et autres réjouissances, qui reviennent au contraire régulièrement dans les moments importants des évangiles: noces de Cana, multiplication des pains, visite à MarieMadeleine, etc. À tel point que certains, pour le perdre, essayèrent de lui faire une réputation « de glouton et de buveur » (Lc 7, 33). Enfin, et avec un clin d’œil, on pourrait rappeler l’une des rares paroles de la Sainte Vierge qui nous ait été transmise: « Ils n’ont plus de vin » (Jn 2, 3).
Notre plaidoyer va toutefois un peu vite en besogne. Il est bien vrai qu’il faut distinguer la goinfrerie de la gourmandise. Mais que la première soit une voie de perdition – physique et spirituelle–, n’implique pas forcément que la seconde soit exempte de tout péché. Certes, saint Thomas d’Aquin le reconnaît, la gourmandise comprise comme passion raffinée pour les plaisirs de la table, n’est pas en soi un péché mortel, puisqu’elle ne conduit pas nécessairement à mépriser Dieu ni à enfreindre ses commandements (Somme théologique, II-II, 148, 2 c). Mais elle est bien un péché véniel.

Quand le plaisir devient passion

Notre plaidoyer va toutefois un peu vite en besogne. Pourquoi? Eh bien parce que la perfection évangélique voudrait que le plaisir que l’on prend à manger – qui est bon et naturel – ne devienne jamais une passion à proprement parler et qu’il ne devienne pas un objet de souci ni de préoccupation. Saint Thomas note bien, en effet, que la goinfrerie quantitative n’est pas la seule forme de gourmandise. La maniaquerie à l’égard de la qualité en est une autre, tout comme l’avidité mal contrôlée pour toutes sortes de douceurs. Manger avant d’avoir faim, ou quand on est déjà repu, se soucier sans cesse de la finesse de la nourriture, se montrer exigeant voire cassant à ce propos, préférer manger du foie gras tout seul plutôt qu’un jambon-beurre avec des amis, voilà des choses qui ne relèvent pas de la goinfrerie, mais bien d’une gourmandise en passe de mal tourner.

Véniel, mais capital…

C’est pourquoi, du reste, le souci excessif pour la nourriture est dit péché « capital »: cela signifie que, sous son apparence bénigne de péché véniel, la gourmandise peut être à l’origine – « à la tête » littéralement – de péchés mortels : égoïsme, mépris, manquements à l’amitié, oubli qu’il existe des joies plus élevées que celles de l’estomac. « Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre; ils ne pensent qu’aux choses de la terre » (Ph 3, 19).
Si les repas sont si importants dans l’Évangile, qu’il s’agisse de festins ou de casse-croûte sur la plage, c’est parce qu’ils sont des moments de partage et de communion fraternelle, pas des sommets de gastronomie. Sur ce point, le but du Carême est de nous entraîner à remettre les choses dans le bon ordre: d’abord, prendre conscience de nos petites dépendances qui nous rendent esclaves de notre ventre, nous exercer à nous en libérer par des renoncements bien placés et, surtout, remettre la relation avec autrui, l’amitié et la gratitude pour les dons de la Création, au centre de nos repas – plutôt que la satisfaction vétilleuse de nos papilles. « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 31).

Frédéric Guillaud, France Catholique N° 3712 -12 février 2021

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C’est guidé par l’Esprit que Syméon reconnait Jésus !
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Seigneur, que l’Esprit ouvre les cœurs et aide à discerner la vocation à laquelle tu appelles chacun de tes enfants.

Nous te confions plus particulièrement aujourd’hui ceux que tu appelles à une vie consacrée.

AMEN

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