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La fuite en Egypye – Giotto (1267-1337) – Basilique Saint-François d’Assise

La fuite en Égypte

 Les craintes de Joseph s’avérèrent justifiées. À peine avait-il retrouvé son établi à Nazareth que des nouvelles alarmantes parvinrent jusqu’à lui. Élisabeth et Zacharie avaient été inquiétés par la police d’Hérode. Celui-ci avait d’abord patienté, certain que les mages lui feraient un compte rendu d’autant plus détaillé qu’ils semblaient passer du temps à collecter les renseignements demandés. Puis il avait bien dû se rendre à l’évidence : les mages ne reviendraient pas, ils étaient partis discrètement par un autre chemin et lui, le roi, avait été berné ! Or, quand on s’appelle Hérode, on n’aime pas être berné ! Son courroux l’avait comme rendu fou. Il croyait voir des ennemis partout, s’imaginait entouré de complots. Il avait déjà, par le passé, fait assassiner ses épouses et ses enfants.

Les rumeurs de ces derniers mois sur un éventuel roi des Juifs qui serait né avaient décuplé sa cruauté. Il ne pouvait plus voir un bébé sans entrer en fureur. On avait dû cacher le petit Jean dans les déserts. On conseillait d’en faire autant pour Jésus, d’autant que les témoins de sa naissance et des prodiges qui l’avaient accompagnée étaient nombreux. La police politique du roi parviendrait sûrement à retrouver la trace de l’enfant de Bethléem. Il fallait fuir.

Joseph hésitait. On venait juste de rentrer chez soi. Les commandes reprenaient bon train. L’enfant grandissait et se fortifiait. Marie, sa mère, semblait tellement heureuse dans cette vie retirée et cachée du monde. Nazareth n’était-il pas l’abri idéal ? Où aller autrement ? Toute la Judée leur était interdite, trop exposée. La Samarie était hostile… Même la Galilée n’était plus sûre…

« Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » (Matthieu 2,13)

Le pauvre charpentier était pris dans ces débats stratégiques quand, une nuit, l’ange du Seigneur l’avertit en songe : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »

Aussitôt Joseph exécuta consciencieusement l’ordre reçu d’en haut. Il se leva, prit l’enfant et sa mère, sella sa monture, rassembla quelques effets et, subrepticement, la Sainte Famille partit pour l’Égypte.

En quelques jours ils avaient atteint Gaza, le long de la Grande Mer. Ils trouvèrent là une caravane qui descendait vers l’Égypte et à laquelle ils se joignirent. Ils s’enfoncèrent dans le désert de Sin, fait de ravins, de rochers, de grottes et où subsistent quelques arbrisseaux produisant des baies et des fruits sauvages. C’est ainsi qu’ils arrivèrent d’abord à Péluse, place forte à la frontière de l’Égypte, puis à Héliopolis, une grande ville appelée aussi On, où se trouvait une nombreuse colonie juive. Au nord de la ville se situait le pays de Goshen où coulait une large rivière, le Nil, divisée en plusieurs bras. C’est là que la Sainte Famille s’établit, pensant trouver bon accueil chez les frères juifs de la diaspora et s’estimant surtout à l’abri des menées d’Hérode.

« Une voix dans Rama s’est fait entendre, pleurs et longue plainte : c’est Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus. » (Jérémie 31,15 cité dans Matthieu 2,17-18)

Celui-ci avait d’abord dû se rendre à Rome pour des raisons politiques. Mais à son retour, il n’avait point abandonné son ancienne fureur et sa folie paranoïaque. Bien au contraire, il mit le comble à ses horreurs en ordonnant que fussent mis à mort dans toute la région de Bethléem les enfants de moins de deux ans. Il agit par rouerie en faisant croire aux jeunes mères qu’elles seraient gratifiées pour leur fécondité, et quand elles se présentèrent avec leur enfant pour recevoir la récompense promise, les soldats leur arrachèrent leur progéniture et l’égorgèrent séance tenante. Ce fut l’épouvante. Une de celles que décrit le prophète Jérémie : « Une voix dans Rama s’est fait entendre, pleurs et longue plainte : c’est Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne veut pas qu’on la console, car ils ne sont plus. »

Joseph et Marie furent pris d’une frayeur rétrospective lorsqu’ils apprirent dans leur exil cet effroyable massacre des Innocents. Dire que Jésus aurait pu être l’un d’eux ! Dire que probablement beaucoup des enfants qu’on avait croisés dans le Temple au jour de la Présentation n’étaient plus ! Quelle horreur ! À la petite synagogue d’Héliopolis où se massaient les Juifs de la ville, on ne parlait que de cela et on suppliait Dieu de prendre son peuple en pitié.

Durant l’office, le rabbin déroula le parchemin de la Torah et lut en grec le récit de l’Exode :
 « Un nouveau roi vint au pouvoir en Égypte, qui n’avait pas connu Joseph. Il dit à son peuple : “Voici que le peuple des Israélites est devenu plus nombreux et plus puissant que nous. Allons, prenons de sages mesures pour l’empêcher de s’accroître.” […] Le roi d’Égypte dit aux accoucheuses des femmes des Hébreux, dont l’une s’appelait Shiphra et l’autre Pua : “Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, regardez les deux pierres. Si c’est un fils, faites-le mourir, si c’est une fille, laissez-la vivre.” »

 « Un nouveau roi vint au pouvoir en Égypte, qui n’avait pas connu Joseph. Il dit à son peuple : “Voici que le peuple des Israélites est devenu plus nombreux et plus puissant que nous. Allons, prenons de sages mesures pour l’empêcher de s’accroître.” […] Le roi d’Égypte dit aux accoucheuses des femmes des Hébreux, dont l’une s’appelait Shiphra et l’autre Pua : “Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, regardez les deux pierres. Si c’est un fils, faites-le mourir, si c’est une fille, laissez-la vivre.” » (Exode 1,8-16)

 Dans son prêche – qu’on appelle le Midrash en hébreu – le rabbin expliqua que Pharaon avait été averti par des mages du nom de Jannès et Jambrès de la naissance d’un enfant juif qui deviendrait grand au pays d’Égypte. C’est alors qu’il avait décidé que tous les garçons des Hébreux seraient tués à la naissance ou jetés dans le Fleuve. Amram, père d’Aaron et de Myriam, le futur père de Moïse, avait donc décidé de renvoyer en secret son épouse, Yokébed, afin de ne plus donner des victimes à Pharaon. Mais Myriam intervint en disant à son père : « Père, ton décret est plus impitoyable que celui de Pharaon car celui-ci n’a condamné que les mâles, mais toi tu as condamné et les garçons et les filles ; Pharaon a condamné la vie des enfants dans ce monde-ci, mais toi tu l’as condamnée dans ce monde-ci et dans le monde qui vient. Pharaon l’infidèle a laissé planer un doute sur son décret qui pourrait ne pas se réaliser, mais toi qui es fidèle, ton décret se réalisera certainement… Israël disparaîtra… »

Ainsi, c’est grâce à Myriam, dont le nom signifie en égyptien « aimée de Dieu », expliqua le rabbin, qu’Amram connut sa femme et que celle-ci enfanta Moïse.

En entendant prononcer ces mots, depuis la tribune à l’étage où se tenaient les femmes, la Vierge sursauta. Myriam, c’était son prénom ! « Aimée de Dieu » : quelle merveille ! Et toutes ces coïncidences entre les propos du rabbin et les événements de ces derniers jours ! Stupéfiant ! Il faudrait qu’elle en parle à Joseph après l’office. Avait-il été frappé, lui aussi, par les analogies entre ces vieux targums, ces commentaires paraphrasés de l’Exode, et la situation présente ? Hérode était Pharaon, Jésus était le nouveau Moïse. Les mages, la répudiation en secret, l’Égypte, le massacre des Innocents, tout semblait mystérieusement et sublimement concorder…

Extrait du livre « Marie de Nazareth » par Guillaume de Menthière  – (Editions Mame)

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Février 2021

Marie et Joseph emmènent Jésus au temple pour le présenter au Père et qu’il lui soit consacré.

C’est guidé par l’Esprit que Syméon reconnait Jésus !
Seigneur, nous te rendons grâce pour les hommes et les femmes qui te consacrent leur vie.
Seigneur, que l’Esprit ouvre les cœurs et aide à discerner la vocation à laquelle tu appelles chacun de tes enfants.

Nous te confions plus particulièrement aujourd’hui ceux que tu appelles à une vie consacrée.

AMEN

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