Une exposition originale de Simone Le Moigne à la Maison Saint-Yves
À la Maison Saint-Yves (Saint-Brieuc) se trouve actuellement et jusqu’au 12 mai une exposition de l’artiste peintre Simone Le Moigne, originaire de Trégornan (1911-2001). Classée parmi les peintres naïfs, elle n’est pas inconnue en ce pays de Haute-Cornouaille (Kerne-Uhel) où elle a vécu une partie de sa vie et où l’on a déjà pu admirer quelques-uns de ses tableaux. L’originalité de l’exposition actuelle réside dans son caractère résolument religieux : en effet les enfants de Simone Le Moigne ont fait don de 29 tableaux au diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, tableaux inspirés d’épisodes bibliques tirés de l’Ancien Testament (l’arche de Noé) ou des évangiles, ou encore reproduisant selon la fantaisie de l’artiste des statues de nos églises. Le vernissage a eu lieu le vendredi 16 février en présence de Monseigneur Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, et de plusieurs responsables diocésains. Madame Anne Vinesse, fille de Simone Le Moigne, a expliqué le sens de la donation faite au diocèse. L’évêque a souligné la profonde humanité émanant de tableaux « qui respirent la joie, l’allégresse humaine. »
Art et catéchèse
Le Service diocésain de la Catéchèse, dont la responsable est Véronique Perret, a réalisé à partir de cet ensemble, un livret destiné aux adultes, un autre à l’intention des enfants, avec l’explication des tableaux et les passages bibliques représentés. De ce fait, la visite de l’exposition comporte un double intérêt : une approche artistique et une approche catéchétique. On devine l’intérêt qu’il peut y avoir à s’y rendre en famille, voire en groupes scolaires ou paroissiaux. Pour les enfants en particulier c’est l’occasion de mieux connaître la vie du Christ.
Quelle impression d’ensemble nous a laissé cette exposition ?
On voit bien que l’artiste, devenue peintre à 58 ans presque accidentellement, n’est pas passée par les Beaux-Arts, qu’elle n’a pas travaillé le dessin anatomique, qu’elle ne s’inscrit pas dans un quelconque mouvement artistique en « -isme ». Heureusement, d’ailleurs, car un enseignement de type académique eût tué dans l’œuf un talent qui aspirait à s’épanouir comme les fleurs des champs, loin de la rigueur des plates-bandes.
Au contraire, son coup de pinceau exprime un côté enfantin : pour peindre son enfance, il faut un esprit d’enfance, et Simone Le Moigne a certainement emmagasiné en sa mémoire une quantité de scènes riches en couleurs, pleines de vie, qu’elle a su disposer sur la toile avec un sens inné de la composition. En ce sens, elle est moderne ! La vie jaillit à chaque instant des visages à peine esquissés, une allégresse vient auréoler les paysages, les aurores, et même tel coffre de bois sombre, « poli par les ans » (dirait Baudelaire), qui n’en reflète pas moins la lumière. Les ors, les rouges, les bistres, et jusqu’à la chair émaciée du Christ au « cœur meurtry » expriment une incoercible espérance jaillissant de Celui qui est « lumière née de la Lumière ». On pourrait dire qu’une clarté paradoxalement issue de nos « Montagnes Noires » vient illuminer allègrement les cimaises de la maison Saint-Yves.
La visite de l’exposition peut être suivie d’une visite de la Maison Saint-Yves (se renseigner sur le site internet diocésain : Maison St-Yves
On consultera également avec intérêt l’article de Justine Guilbaud (avec possibilité de télécharger le Pdf des livrets pour enfants et adultes) :
Exposition « Simone Le Moigne » du 14 février au 12 mai 2018 à la Maison St-Yves
Pour mieux connaître la vie et l’œuvre de l’artiste, le mieux est d’aller sur le site web qui leu est dédié : Simone Le Moigne
Voir aussi l’article de Fañch Broudic : Le blog « langue-bretonne.org »
… et bien sûr, sur ce même site paroissial, l’article de Joël Le Biavant : Simone Le Moigne, une artiste naïve et authentique
Jef Philippe