L’école Notre-Dame, sous la direction des Filles du Saint-Esprit jusqu’en 1978, s’adapte sans cesse aux circonstances et croise l’histoire de notre pays. En 1907, c’est une école libre avec pensionnat. La guerre de 1914-18 survenant, une partie de l’école est réquisitionnée par l’ambulance militaire dès 1915. Les sœurs habitent dans une maison appartenant à Monsieur le comte Harscouët. La guerre terminée, l’école s’agrandit et améliore ses structures par de nouvelles constructions : salle de pensionnat, dortoir, réfectoire, chapelle. L’année 1937 voit l’ouverture d’un Cours ménager approprié à la formation des jeunes filles, futures mères de famille : salles de couture, de repassage, cuisine, salle à manger. Mais la Seconde Guerre Mondiale vient freiner l’activité de l’établissement tout entier.
Juin 1942 – décembre 1942 : première occupation de notre maison par les Allemands. Les pensionnaires doivent rentrer chez elles. Les classes continuent dans les vestiaires et en ville.
Lundi 2 août 1943 : réquisition immédiate. Le Cours ménager, toutes les classes doivent être libérées sur le champ. (…) Un sursis est obtenu jusqu’au samedi 7 août. Les déménagements s’opèrent peu à peu, les pièces se vident. (…)
Les voisins, les amis ouvrent cordialement leurs maisons où s’entassent le mobilier et des objets de toutes sortes.
Ce samedi matin le curé de la paroisse vient prendre les hosties consacrées pour les porter à la collégiale et célébrer une messe à l’autel Notre-Dame. Le dernier délai fixé à 15 heures, Campostal nous ouvre toutes grandes ses portes et Monsieur le Supérieur nous évite ainsi par sa libéralité la pénible dispersion dans les maisons particulières de la ville.
Samedi 4 mars 1944 : ordre est donné de vider l’établissement pour le lendemain soir, dimanche. Après la messe matinale, la cour est envahie par les charrettes, les hommes venant nous apporter leur aide. Pour 16 heures, tout est terminé. Les sœurs trouvent refuge dans une maison de la Croix-Haute. Le Supérieur de Campostal, toujours si accueillant, met gracieusement les classes du collège à notre disposition. Tout marchait à merveille lorsque le 21 mai le collège subit notre sort : dans 10 jours, il doit être complètement libéré. (…) Nous nous mettons en quête de nouveaux locaux pour nos classes chez les habitants. Le Cours ménager se trouve à son aise dans une des grandes salles de l’Hôtel de France. Et ainsi la vie continue jusqu’au 6 juin, date du débarquement. Nous demeurons chez nous, dans notre petite maison, regardant d’un œil inquiet les véhicules de l’armée en déroute qui se suivent sur la route Brest – Loudéac – Rennes. (…) Le soir du 4 août, de nos fenêtres, nous saluons les premières autos américaines (…)
La communauté des Filles du Saint-Esprit
(Italiques : Citations des Annales de la communauté de Rostrenen.)