Bernard Thibault, (ex-)secrétaire général de la CGT, et sœur Marie-Pierre, religieuse visitandine de Nantes, ont une qualité commune : un vrai sens de l’humour, comme en témoigne l’échange épistolaire qu’ils ont eu un jour.
C’est sœur Marie-Pierre qui, la première, a écrit au patron de la CGT, pour évoquer la plaisanterie dont elle avait été la « victime » quelques jours auparavant. La religieuse cloîtrée avait exceptionnellement quitté son monastère de la Visitation pour un examen médical, ce qui lui valut de passer au beau milieu d’une manifestation à l’esprit bon enfant. Sœur Marie-Pierre demande son chemin à un petit malin qui colle, à son insu, un autocollant de la CGT sur son voile :
« C’est donc en faisant de la publicité pour votre manifestation que j’ai effectué mon trajet. La plaisanterie ne me fut révélée qu’à mon retour au monastère. En communauté, le soir, nous avons ri de bon cœur pour cette anecdote inédite dans les annales de la Visitation de Nantes. Je me suis permis de retraduire les initiales de votre syndicat. CGT : Christ, gloire à toi ! Que voulez-vous, on ne se refait pas ! »
Et de le remercier pour « la joie partagée ». La réponse du secrétaire de la CGT est tout aussi succulente :
: « Je suis persuadé que notre jeune camarade, celui qui vous a indiqué le chemin, avait lu dans vos yeux l’humanité pure et joyeuse que nous avons retrouvée dans chacune des lignes de votre lettre… Je vous pardonne volontiers votre interprétation originale du sigle de notre confédération, car nous ne pouvons avoir que de la considération pour un charpentier qui a révolutionné le monde. Avec tous mes sentiments fraternels et chaleureusement. »
C’est sympathique – et l’échange de lettres, et la façon dont Bernard Thibaut parle de Jésus…
Extrait de « Paraboles d’un curé de campagne – Tome 1:
150 petites histoires à raconter et à méditer » (p. 172).
Éditions de l’Emmanuel.