Je pars de l’exemple de Mervil (un prénom) en face d’un miroir. Dans le miroir, une image n’est identique qu’à soi-même. Derrière ce visage, il y a un prénom, un nom, une personnalité, une histoire….. Pour ses connaissances, c’est quelqu’un d’autre, car il n’est jamais à la première personne que lorsqu’il se présente en disant « Je suis, moi », mais c’est toujours un « tu ou il ou lui ». Ce visage en soi est un mystère pour Mervil et encore plus pour tout un chacun.
Tout ceci me fait comprendre que Mervil, comme individu, est bel et bien différent de moi, de Marie, de Cléo, etc… et vice versa, car chaque être humain est quelqu’un et en même temps, quelqu’un d’autre. Dès son enfance, Mervil, sans le support de sa mère comme nourricière, comme mère qui le prend dans ses bras avec amour et délicatesse ne pouvait être ce qu’il est aujourd’hui. Ce dernier, en un certain sens, pendant toutes les étapes de sa vie, reste un visage qui appelle, qui fait signe, qui a besoin d’être protégé. Oui, ce besoin de communiquer, soit pour recevoir, soit pour donner et, se donner est obligatoire. C’est essentiel pour notre existence. La présence de l’autre avec ses qualités nous aide à découvrir combien celui qui crée l’humanité a voulu des êtres parfaits. La présence de l’autre avec ses défauts nous montre comment l’être humain est faible et est sujet à l’erreur. Or, bien souvent on a envie de penser du mal de l’autre, envie de l’accuser, envie de l’éliminer parce qu’il n’a pas le même goût que nous dans ses choix.
Mais bien souvent, l’autre est source de richesse si bien que, parfois, la peur, les préjugés nous empêchent d’aller à sa rencontre. Quand on prend du temps pour écouter l’autre et que l’autre également est attentif et réceptif, oups, cela fait du bien. Notre existence est un peu semblable à un morceau de jazz. Toutes les notes de musique sont importantes. Le chanteur tout seul, qu’est-ce qu’il peut faire sans le keyboardist ? Et le bassiste sans le tambourinaire, sans le batteur ? Et dans un bagad (groupe musical breton), que vaut la bombarde qui tient le rôle de meneur de jeu, comme le kaner en kan ha diskan, qui ne joue les phrases qu’une seule fois, sans le biniou qui possède une réserve d’air et continue à jouer prenant le relais en répétant la phrase précédente ?
Que vaut ma vie sans la présence des autres ? Dire que ce matin, j’ai été complètement seul à la maison pour faire des lectures, mais tous les documents ont été écrits par quelqu’un. Donc, lire Emmanuel Levinas à partir de « l’humanisme de l’autre », c’est entrer en dialogue avec lui afin de découvrir et redéfinir des notions simples concernant l’autre, telles que : l’amour, la liberté, la responsabilité…
La présence de l’autre dans notre vie doit être considérée comme un don et non comme un dû. De même que je suis le fruit d’un amour gratuit, le fruit d’une relation amoureuse entre mon père et ma mère, l’autre aussi en est de même. Donc, profiter de la présence de l’autre, c’est sentir avoir besoin de l’autre pour construire une vie, un foyer, une société. L’autre bien souvent est un compagnon de route, un ami, une sœur, un frère et enfin un prochain.
Aller à la rencontre de l’autre est bénéfique pour les deux parties. Mervil est un cadeau précieux pour tous ceux qui prennent du temps pour l’écouter. Toi, moi, et tous ensemble, Mervil a besoin de nous pour que sa vie ne soit ni un enfer ni une péripétie mais pour que notre présence dans sa vie soit un cadeau et un don pour nous-mêmes et pour les autres.