Jésus « connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre ! », a déclaré le pape François à une foule de plus d’un million de fidèles congolais lors de la messe célébrée à l’aéroport Ndolo de Kinshasa, au deuxième jour de son périple africain. Il les a invités à orienter leur vie vers le pardon, la communauté et la mission, afin de contribuer à la réconciliation dans leur pays fracturé par les guerres et les conflits ethniques.
C’est dans une atmosphère de grande joie que le pape François a fait son entrée sur le tarmac de l’aéroport de Ndolo de Kinshasa. Accompagné par le cardinal Fridolin Ambogo, archevêque de Kinshasa, il a sillonné en papamobile les quelque 850.000 m2 de ce terrain sur lequel des milliers de Congolais ont dormi pour assister à la célébration.
Près de 38 ans après la venue du pape Jean Paul II, le pontife argentin est venu encourager une population blessée par des années de conflits et en soif d’espérance. « J’ai tant désiré ce moment », a commencé par dire le pape François, lui qui avait dû renoncer à se rendre en RDC et au Soudan du Sud en juillet dernier, pour des raisons de santé et de sécurité.
Jésus « nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond », a assuré le pape dans son homélie, comparant le désespoir du peuple congolais à celui des disciples du Christ après sa crucifixion. Il a évoqué les « blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence » et a reconnu que « le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver ».
Mais le chef de l’Église catholique a tout de même invité les chrétiens de RDC à avoir « le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur ». « Toi qui t’affirmes chrétien dans ce pays mais qui commets des violences […] : dépose tes armes, embrasse la miséricorde », a-t-il exhorté, invitant à une purification des cœurs « de tout ressentiment et de toute rancœur ».
"Les différences ethniques, régionales, sociales et religieuses viennent après"
« Bien-aimés, que ce jour soit un temps de grâce pour accueillir et vivre le pardon de Jésus ! », a exhorté le pape François. « Alors que dans le cœur des disciples, ce sont des ruines, Jésus proclame la paix ; alors qu’ils ressentent en eux la mort, Il annonce la vie », a-t-il proclamé.
Le pontife a invité les Congolais à entretenir l’esprit de communauté en partageant avec les pauvres. « L’humilité est la grandeur du chrétien et la fraternité sa vraie richesse », a-t-il insisté.
« Les différences ethniques, régionales, sociales et religieuses viennent après et ne sont pas des obstacles », a aussi proclamé le Pape dans ce pays marqué par l’engagement de nombreux laïcs catholiques en faveur de la démocratie et de la justice sociale.
Le Pape les a enfin appelés à être des « missionnaires de paix » pour « briser le cercle de la violence » et « démanteler les complots de la haine ». « Jésus dit aujourd’hui à chaque famille, communauté, groupe ethnique, quartier et ville de ce grand pays : la Paix soit avec vous », a-t-il assuré.
Lors de cette messe festive, célébrée avec certains éléments du « rite zaïrois », le pontife s’est exprimé à plusieurs reprises en français. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, était présent à la messe, avec son épouse. Baptisé catholique, le chef d’État est devenu chrétien évangélique.
Hugues Lefèvre
Journaliste pour l'agence de presse vaticane I.Media.