Après la série « Jésus, premier féministe ? », je vous en propose une plus ambitieuse. L’idée m’est venue en consultant le livre de l’abbé Louis Saltet « Histoire de l’Église », paru en 1913 (livre de collection !). Cet ouvrage m’a fait prendre conscience du rôle quasi insignifiant réservé à l’époque à la gent féminine.
Nous vous invitons à une approche chronologique de l’Antiquité à nos jours en montrant, à travers de nombreux articles, qu’un peuple féminin s’est levé, constitué de personnalités remarquables : patriciennes et esclaves, martyres, abbesses puissantes, femmes de lettres et de sciences, missionnaires et militantes, résistantes, éducatrices laïques et religieuses.
L’Antiquité (30 – 476)
Les femmes de Paul
Dans les premières communautés chrétiennes les femmes ne sont pas des actrices de seconde zone. Certes, les propos de saint Paul sur les femmes peuvent heurter la sensibilité des lecteurs du 21ème siècle, au point de faire dire à certains que l’apôtre des nations était misogyne. Selon le bibliste, Michel Quesnel, auteur de Paul et les femmes (Médiaspaul 2021), sa réputation est fondée sur ses écrits, mais tous n’ont pas été écrits par Paul. Pour l’auteur, Paul était beaucoup plus ouvert que ses contemporains. L’apôtre fait l’éloge appuyé de ces femmes dont il loue le zèle pour l’Évangile. Dans l’épître aux Romains, par exemple, il donne le nom d’apôtre à une femme.
Paul ne fait pas de différence entre les hommes et les femmes si l’on en juge par cette célèbre phrase de l’épître aux Galates (3 – 28) : « Il n’y a plus ni Juif, ni Grec, il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu’un dans le Christ, Jésus. »
De même, Chantal Reynier, auteur de « Les femmes de saint Paul, collaboratrices de l’apôtre des nations », fait remarquer : « Il n’y a pas de profil type des collaboratrices de Paul, mais une grande variété. Certaines sont mariées. Prisca est l’épouse d’Aquila, Junia de Philologue. Il est intéressant de noter que Paul cite en premier le nom de la femme. Le premier cercle des collaboratrices est constitué de Phœbé, Prisca et Lydie. À l’instar de Jésus, Paul est accompagné par un groupe de femmes. » Pas insensible au charme féminin, il faisait remarquer qu’« une belle chevelure est la gloire d’une femme. »
« N’aurions-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme chrétienne ? »
L’apôtre lui-même indique que l’annonce missionnaire peut se faire en couple puisque certains apôtres sont accompagnés de leur femme (1 Cor 9,5) « N’aurions-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme chrétienne ? » s’interroge-t-il.
Dans toute la correspondance paulinienne, Phœbé est la seule à avoir reçu une lettre de recommandation et ses titres (dont celui de diaconesse) pourraient recouvrir une fonction de direction de communauté.
Ces femmes sont actives, généreuses et engagées dans la mission, n’hésitant pas à traverser les mers, à parcourir les routes de l’Empire. Elles apportent à Paul l’hospitalité. Lydie, une fois convertie, héberge l’apôtre et ses compagnons dans sa maison de Philippes. À Corinthe, Prisca accueille Paul et lui donne du travail dans sa boutique-atelier. Elles jouent un rôle important au sein des communautés, ouvrant les portes de leur maison aux assemblées chrétiennes, assumant ainsi un rôle d’union et de rassemblement. Elles guident la réflexion et la prière.
À travers les lettres de saint Paul, nous découvrons le visage concret des femmes qui ont participé à la diffusion du christianisme. Nous les voyons enseigner, conduire la prière, proclamer la parole et la commenter.
En conclusion, Paul est, à la suite du Christ, le libérateur de la femme en soulignant sa pleine dignité d’enfant de Dieu. Il reconnaît son autonomie, lui donne la parole et la place à égalité avec l’homme.
L’empire païen (70 – 313)
Dans l’empire païen, le christianisme a changé la condition féminine. La famille païenne était organisée au profit « des plus forts, les hommes » !
On parlait ainsi de « la majesté des hommes et de la médiocrité des femmes » ; ce qui se passait en dehors de la maison ne les regardait pas. Le christianisme a augmenté l’autorité de la mère de famille, particulièrement sur ses enfants.
D’après Chantal Reynier, après saint Paul, le poids de la société patriarcale reprend le dessus. Dans la première lettre à Timothée, probablement rédigée par des disciples de l’apôtre, le silence est imposé aux femmes. Dans les manuscrits, les copistes réduisent la place des femmes en masculinisant leur prénom.
La rupture semble dater de la fin du deuxième siècle, quand les assemblées d’Église commencent à se tenir en dehors des maisons.
Dans l’empire païen, le christianisme a changé la condition féminine. La famille païenne était organisée au profit « des plus forts, les hommes » !
On parlait ainsi de « la majesté des hommes et de la médiocrité des femmes » ; ce qui se passait en dehors de la maison ne les regardait pas. Le christianisme a augmenté l’autorité de la mère de famille, particulièrement sur ses enfants.
D’après Chantal Reynier, après saint Paul, le poids de la société patriarcale reprend le dessus. Dans la première lettre à Timothée, probablement rédigée par des disciples de l’apôtre, le silence est imposé aux femmes. Dans les manuscrits, les copistes réduisent la place des femmes en masculinisant leur prénom.
La rupture semble dater de la fin du deuxième siècle, quand les assemblées d’Église commencent à se tenir en dehors des maisons.
A suivre