Nous sommes habitués à parler, pour le 1er novembre, de la fête de la TOUSSAINT. L’image que ce mot fait naître dans notre esprit est souvent d’abord celle des tombes fleuries par des chrysanthèmes ou autres fleurs «de circonstance ».
Même les gens qui ne sont pas ou ne sont plus croyants accomplissent ce geste inscrit dans les repères de notre vie sociale. Il ne faudrait pourtant pas enfermer la fête chrétienne de la Tous- saint dans cette image qui en masque le vrai sens.
Une sainte, un saint, est un baptisé qui a vécu son baptême le plus fidèlement possible au quotidien de sa vie. Bien sûr, il y a des « grands » saints aux yeux de l’Église, «grands» par les traces qu’ils ont laissées dans l’histoire de l’Église ou même du monde. Ceux-là ont déjà une journée qui leur est spécialement réservée : saint Pierre et saint Paul, saint Augustin, saint Jean Bosco, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, saint Brieuc, saint Yves… Chez nous, ils ont parfois un « pardon » qui leur est dédié.
Mais il y a beaucoup plus de saintes et de saints que ceux qui ont un nom dans notre calendrier. Comme le dit un cantique «Ils sont nombreux les bienheureux qui n’ont jamais fait parler d’eux, ces bienheureux de l’humble classe qui n’ont jamais fait de miracle, ces bienheureux du quotidien qui n’entreront pas dans l’histoire….» Le 1 er novembre, c’est leur fête à ces milliards d’anonymes qui ont laissé le Christ éclairer et guider leur vie.
Quand nous fleurissons leurs tombes, c’est aussi leur sainteté que nous mettons en valeur. Bien sûr, nous faisons parfois des réserves sur le côté exemplaire de leur vie (personne n’est parfait) mais le regard de Dieu n’est pas le nôtre. Comme nous le dit saint Jean, «Notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toute chose», c’est-à-dire qu’il connaît même ce que nous avons essayé de bien faire sans y réussir. Sans doute qu’à ses yeux, l’intention a déjà du prix même si la réussite n’est pas au bout du désir ou de l’effort !
N’oublions pas la parole de Jésus au bon larron : « Ce soir même tu seras avec moi dans le Paradis !»
Toutes saintes, tous saints : non, ce n'est pas une utopie !
C’est un objectif que Jésus lui-même donne à ses disciples « Soyez saints comme moi-même je suis saint !»
C’est un objectif qui ne s’atteint pas sans un minimum de choix et donc de renoncements à l’image de ces couples qui célèbrent leurs 50, 60, 70 ans de mariage : ils ont cru chaque jour que la force de leur amour était plus grande que leurs imperfections. C’est également vrai pour ces prêtres, religieux ou religieuses qui eux et elles aussi célèbrent leurs 50, 60, ou parfois 70 ans de don de leur vie au Seigneur, à l’Église et au monde.
N’est-ce pas cette image qui peut nous aider à croire dans notre capacité à devenir saintes, saints : la force de notre foi en l’amour indéfectible de Dieu à notre égard, nous pousse à répondre à cet amour en vivant dans l’esprit des Béatitudes : « Heureux les doux, les pacifiques, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, le Royaume des cieux est à eux, ils verront Dieu. »
Et si nous hésitons encore, relisons l’exhortation du pape François « Gaudete et Exultate » « Un appel à la sainteté dans le monde actuel », pour nous mettre ou remettre résolument sur ce chemin des Béatitudes.

Père Éric Le Forestier
Aumônier de la communauté des Augustines de Gouarec




